A. La B.A. du chat
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A. La B.A. du chat
« Alors, tu es prêt pour faire le grand saut ?
—Arrête de dire des sottises. Je souffre…
—Justement ! Tu n’as qu’à sauter et adieu les soucis !
—Même si je voulais, je ne réussirais pas. Pas plus que toi, tu ne peux t’empêcher de retomber sur tes pattes par un réflexe incontrôlable, moi, je ne peux m’empêcher de voler dès que j’ai le vide sous moi… Et pourtant… je souffre tant… Regarde, toutes ces illuminations, toute cette joie dans les cœurs : c’est Noël et moi je suis tout seul, bouh, hou, hou…
—Allez raconte-moi. Parler à un ami soulage bien des misères.
—Toi, un ami ? Je pense que c’est à cause de toi qu’elle est partie… Elle dit que tu la regardes avec des yeux pleins de convoitise.
—Ah, tu parles de ta pigeonne ? Tu crois que je suis assez fou pour crapahuter sur les hauteurs de la cathédrale pour me mettre sous la dent une maigre volaille, toujours en mouvement, alors que je suis nourri sans avoir à lever le petit doigt chez le bedeau ?
Ton histoire me rappelle une fable d’un certain La Fontaine, « les deux pigeons » ça s’appelle…
—Tu t’y connais en fables, toi ?
—C’est le bedeau, il est féru du fabuliste.
—Qu’est-ce qu’elle raconte ?
—Et bien : « Deux pigeons s’aimaient d’amour tendre… » Un des deux s’ennuie et s’en va courir le monde…
—Comme ma Paulette ! Je souffre trop, bouh, hou, hou… !
—Dans l’histoire, c’est un pigeon qui part, pas une pigeonne, d’ailleurs il s’agit de deux frères…
—Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? Tu m’embrouilles ! Moi c’est Paulette qui est partie. Elle veut connaître le pigeonnier que la Ville a mis à disposition des pigeons pour éviter qu’ils ne salissent les monuments. Tu te rends compte ? Préférer un pigeonnier en préfabriqué aux tours chargés d’histoire de notre vieille cathédrale !
—Chargés d’histoires, oui, mais diablement inconfortables. Tu sais les femmes, elles aiment leur confort. Ta Paulette, comme les autres, ça l’attire. Mais… si j’étais elle, je me méfierais. L’histoire du pigeonnier n’est pas catholique— moins que la cathédrale en tous cas— !
—Je dois rire sans doute ?
—Quel rabat-joie ! Ce que je veux dire, c’est que tu dois la persuader de revenir faire son nid ici, si tu veux encore avoir la joie de nourrir une autre couvée d’oisillons braillards et perpétuellement affamés… Et surtout ne te laisse pas convaincre de rejoindre, toi aussi, le pigeonnier.
—Explique-toi.
—Et bien, c’est le bedeau qui le dit, et le bedeau est toujours bien renseigné, il paraît que la Ville va profiter de la présence des vôtres dans le pigeonnier municipal pour les nourrir avec du grain…
—On va les nourrir en plus ? Plus besoin de chercher des miettes autour des bancs publics ? Paulette ne reviendra pas, bouh, hou, hou…
—Laisse-moi finir : on va le nourrir avec du grain…
—Empoisonné ? Mon Dieu, Paulette !!!!
—Mais non, avec du grain contenant une substance… comment dire, contraceptive…
—Contraceptive ?
—Oui, bon, vous ne pourrez plus avoir de petits ! Paulette sera stérile !
—Stérile ? Paulette ?
—Tu le fais exprès ? Je répète : vous ne pourrez plus avoir de petits !
—Mais alors, c’est la fin des pigeons ?
—Non la fin de la prolifération !
—Vite, il faut que j’aille la prévenir, pourvu qu’elle n’ait rien mangé !
—Oui, va vite et remercie-moi. Je viens de sauver ta descendance…
—Voilà, il est parti ! Je crois que j’ai fait ma BA de Noël. J’ai bien mérité, il me semble, la petite lichette de foie gras que le bedeau ma réserve chaque année. Joyeux Noël ! »
—Arrête de dire des sottises. Je souffre…
—Justement ! Tu n’as qu’à sauter et adieu les soucis !
—Même si je voulais, je ne réussirais pas. Pas plus que toi, tu ne peux t’empêcher de retomber sur tes pattes par un réflexe incontrôlable, moi, je ne peux m’empêcher de voler dès que j’ai le vide sous moi… Et pourtant… je souffre tant… Regarde, toutes ces illuminations, toute cette joie dans les cœurs : c’est Noël et moi je suis tout seul, bouh, hou, hou…
—Allez raconte-moi. Parler à un ami soulage bien des misères.
—Toi, un ami ? Je pense que c’est à cause de toi qu’elle est partie… Elle dit que tu la regardes avec des yeux pleins de convoitise.
—Ah, tu parles de ta pigeonne ? Tu crois que je suis assez fou pour crapahuter sur les hauteurs de la cathédrale pour me mettre sous la dent une maigre volaille, toujours en mouvement, alors que je suis nourri sans avoir à lever le petit doigt chez le bedeau ?
Ton histoire me rappelle une fable d’un certain La Fontaine, « les deux pigeons » ça s’appelle…
—Tu t’y connais en fables, toi ?
—C’est le bedeau, il est féru du fabuliste.
—Qu’est-ce qu’elle raconte ?
—Et bien : « Deux pigeons s’aimaient d’amour tendre… » Un des deux s’ennuie et s’en va courir le monde…
—Comme ma Paulette ! Je souffre trop, bouh, hou, hou… !
—Dans l’histoire, c’est un pigeon qui part, pas une pigeonne, d’ailleurs il s’agit de deux frères…
—Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? Tu m’embrouilles ! Moi c’est Paulette qui est partie. Elle veut connaître le pigeonnier que la Ville a mis à disposition des pigeons pour éviter qu’ils ne salissent les monuments. Tu te rends compte ? Préférer un pigeonnier en préfabriqué aux tours chargés d’histoire de notre vieille cathédrale !
—Chargés d’histoires, oui, mais diablement inconfortables. Tu sais les femmes, elles aiment leur confort. Ta Paulette, comme les autres, ça l’attire. Mais… si j’étais elle, je me méfierais. L’histoire du pigeonnier n’est pas catholique— moins que la cathédrale en tous cas— !
—Je dois rire sans doute ?
—Quel rabat-joie ! Ce que je veux dire, c’est que tu dois la persuader de revenir faire son nid ici, si tu veux encore avoir la joie de nourrir une autre couvée d’oisillons braillards et perpétuellement affamés… Et surtout ne te laisse pas convaincre de rejoindre, toi aussi, le pigeonnier.
—Explique-toi.
—Et bien, c’est le bedeau qui le dit, et le bedeau est toujours bien renseigné, il paraît que la Ville va profiter de la présence des vôtres dans le pigeonnier municipal pour les nourrir avec du grain…
—On va les nourrir en plus ? Plus besoin de chercher des miettes autour des bancs publics ? Paulette ne reviendra pas, bouh, hou, hou…
—Laisse-moi finir : on va le nourrir avec du grain…
—Empoisonné ? Mon Dieu, Paulette !!!!
—Mais non, avec du grain contenant une substance… comment dire, contraceptive…
—Contraceptive ?
—Oui, bon, vous ne pourrez plus avoir de petits ! Paulette sera stérile !
—Stérile ? Paulette ?
—Tu le fais exprès ? Je répète : vous ne pourrez plus avoir de petits !
—Mais alors, c’est la fin des pigeons ?
—Non la fin de la prolifération !
—Vite, il faut que j’aille la prévenir, pourvu qu’elle n’ait rien mangé !
—Oui, va vite et remercie-moi. Je viens de sauver ta descendance…
—Voilà, il est parti ! Je crois que j’ai fait ma BA de Noël. J’ai bien mérité, il me semble, la petite lichette de foie gras que le bedeau ma réserve chaque année. Joyeux Noël ! »
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. La B.A. du chat
Extraordinaire B.A. Nerwen.
Une histoire vraiment très originale, pleine de doubles sens. J'ai beaucoup aimé.
Ah ces pigeons! J'espère que Paulette rencontrera Baudouin...
Une histoire vraiment très originale, pleine de doubles sens. J'ai beaucoup aimé.
Ah ces pigeons! J'espère que Paulette rencontrera Baudouin...
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
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