Nola, séduisante voyageuse
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Nerwen
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Nola, séduisante voyageuse
Tous ceux qui se souviennent de Nola diront qu'elle était une jeune fille merveilleuse.
En ce temps-là, le quai se garnissait de dizaines d'hommes et femmes, jeunes pour la plupart, dès 6h30 dans l'attente du train de 6h45. Ils rejoignaient la cité gaillarde pour travailler en atelier, à l'usine, sur les chantiers ou servir les clients de magasins, voire d'un troquet quelconque. Le mardi, il fallait compter avec les fermières et leurs paniers en osier contenant, œufs, beurre et fromages destinés au marché ou à approvisionner pour la semaine les clients sur le trajet séparant la grande gare briviste et la Guierle où s'écoulait la marchandise restante.
Un de ces mardis me permit de connaître Nola. J'accompagnais ma mère ce jour-là pour l'aider dans le transport des produits de la ferme accrus ce jour de quatre poulets enserrés dans un panière supplémentaire et dont le bénéfice escompté allait compléter le pécule de maman pour m'équiper d'un cartable et du nécessaire pour la prochaine rentrée au collège.
Au lointain, le halètement de la locomotive s'intensifiait, puis le long sifflement confirmait l'approche du convoi. De la barrière de Croze à Turenne-gare, le court laps de temps suffisait aux voyageurs pour s'aligner le long du quai. Tchou, Tchou, la locomotive fut enfin visible et pour le petit campagnard que j'étais encore, se manifestait sous mes yeux ébahis, le fameux train entendu tout au long de l'année, plus ou moins clairement selon la direction du vent.
Les voyageurs grimpaient rapidement dans le wagon se trouvant à leur portée et maman jouait des coudes avec l'aisance d'une personne sûre de son bon droit de voyageuse régulière, fut-t-elle exceptionnellement accompagnée de son rejeton.
C'est alors que je la vis.
Elle fit place à ma mère comme s'il s'agissait d'une personnalité et me gratifia d'un lumineux sourire qui dut me faire rougir jusqu'aux oreilles et me rendit muet tout au long des 17 km nous séparant de la ville. Jusqu'au tunnel de Montplaisir, la rampe était sévère ; la loco soufflait tel un cheval poussif ahanant sous le harnais et les coups prodigués par le cocher. En guise d'avoine, le chauffeur jetait à pleines pelles le charbon extrait du tender. La fumée se teintait de noir et à l'approche des deux tunnels, le mécanicien vous informait par deux longs coups de sifflet lugubres.
Dans l'obscurité, Nola disparaissait, mais je la devinais au son de sa voix car son charme allait de pair avec une loquacité tranquille, doublée d'éclats de rire égayant tout le wagon. Déjà, une pointe de jalousie naissait dans mon esprit possessif parce que j'imaginais déjà l'intimité partagée des futurs voyages entre Turenne-gare et Brive prolongée d'un itinéraire commun nous conduisant à nos établissements respectifs. La bienveillance manifestée à mon égard laissait présager des liens durables entre la lycéenne et le collégien. Dans cette perspective, je voyais comme de dangereux concurrents les freluquets qui lui faisaient une cour éhontée. Nola par ci, Nola par là, on ne cessait de l'interpeller...
Ah ! Si seulement, ce voyage eut pu se poursuivre jusqu'à Paris-Austerlitz, mon rêve eut été moins éphémère !
Car à la prochaine rentrée scolaire, devenu collégien, je ne revis plus la délicieuse Nola. Interrogé, un des galants occasionnels de mon précédent voyage, fut dans l'incapacité de me dire qu'était devenue la jolie jeune fille.
Mon imagination débridée d'adolescent me fit supputer une précipitation criminelle dans la retenue de la Cère alimentant l'usine électrique par quelque satyre repoussant. Plus prosaïquement, peut-être voyageait elle maintenant sur la même ligne, mais avec Aurillac comme destination ? Et d'autres compagnons de voyage enchantés par la belle Nola...
En ce temps-là, le quai se garnissait de dizaines d'hommes et femmes, jeunes pour la plupart, dès 6h30 dans l'attente du train de 6h45. Ils rejoignaient la cité gaillarde pour travailler en atelier, à l'usine, sur les chantiers ou servir les clients de magasins, voire d'un troquet quelconque. Le mardi, il fallait compter avec les fermières et leurs paniers en osier contenant, œufs, beurre et fromages destinés au marché ou à approvisionner pour la semaine les clients sur le trajet séparant la grande gare briviste et la Guierle où s'écoulait la marchandise restante.
Un de ces mardis me permit de connaître Nola. J'accompagnais ma mère ce jour-là pour l'aider dans le transport des produits de la ferme accrus ce jour de quatre poulets enserrés dans un panière supplémentaire et dont le bénéfice escompté allait compléter le pécule de maman pour m'équiper d'un cartable et du nécessaire pour la prochaine rentrée au collège.
Au lointain, le halètement de la locomotive s'intensifiait, puis le long sifflement confirmait l'approche du convoi. De la barrière de Croze à Turenne-gare, le court laps de temps suffisait aux voyageurs pour s'aligner le long du quai. Tchou, Tchou, la locomotive fut enfin visible et pour le petit campagnard que j'étais encore, se manifestait sous mes yeux ébahis, le fameux train entendu tout au long de l'année, plus ou moins clairement selon la direction du vent.
Les voyageurs grimpaient rapidement dans le wagon se trouvant à leur portée et maman jouait des coudes avec l'aisance d'une personne sûre de son bon droit de voyageuse régulière, fut-t-elle exceptionnellement accompagnée de son rejeton.
C'est alors que je la vis.
Elle fit place à ma mère comme s'il s'agissait d'une personnalité et me gratifia d'un lumineux sourire qui dut me faire rougir jusqu'aux oreilles et me rendit muet tout au long des 17 km nous séparant de la ville. Jusqu'au tunnel de Montplaisir, la rampe était sévère ; la loco soufflait tel un cheval poussif ahanant sous le harnais et les coups prodigués par le cocher. En guise d'avoine, le chauffeur jetait à pleines pelles le charbon extrait du tender. La fumée se teintait de noir et à l'approche des deux tunnels, le mécanicien vous informait par deux longs coups de sifflet lugubres.
Dans l'obscurité, Nola disparaissait, mais je la devinais au son de sa voix car son charme allait de pair avec une loquacité tranquille, doublée d'éclats de rire égayant tout le wagon. Déjà, une pointe de jalousie naissait dans mon esprit possessif parce que j'imaginais déjà l'intimité partagée des futurs voyages entre Turenne-gare et Brive prolongée d'un itinéraire commun nous conduisant à nos établissements respectifs. La bienveillance manifestée à mon égard laissait présager des liens durables entre la lycéenne et le collégien. Dans cette perspective, je voyais comme de dangereux concurrents les freluquets qui lui faisaient une cour éhontée. Nola par ci, Nola par là, on ne cessait de l'interpeller...
Ah ! Si seulement, ce voyage eut pu se poursuivre jusqu'à Paris-Austerlitz, mon rêve eut été moins éphémère !
Car à la prochaine rentrée scolaire, devenu collégien, je ne revis plus la délicieuse Nola. Interrogé, un des galants occasionnels de mon précédent voyage, fut dans l'incapacité de me dire qu'était devenue la jolie jeune fille.
Mon imagination débridée d'adolescent me fit supputer une précipitation criminelle dans la retenue de la Cère alimentant l'usine électrique par quelque satyre repoussant. Plus prosaïquement, peut-être voyageait elle maintenant sur la même ligne, mais avec Aurillac comme destination ? Et d'autres compagnons de voyage enchantés par la belle Nola...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Nola, séduisante voyageuse
Re édité deux fois avec le souci présomptueux de gommer les imperfections ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Nola, séduisante voyageuse
Tu décris précisément, par menus détails ( comme tu le dis, par souci de perfection !) le trajet du train, avec ses voyageurs, ses bruits, la fumée...
On s'y croirait !
Cela c'est pour la forme. Pour le contenu, je dirais que cette rencontre fugace qui t'a marqué, manque un peu de piment...
Comme le dit Cyrano " C'est un peu court, jeune homme !"
J'aurais aimé une approche de Nola, un échange, voire une promesse de rencontre ( aboutie ou pas )
Je reste un peu sur ma faim...
On s'y croirait !
Cela c'est pour la forme. Pour le contenu, je dirais que cette rencontre fugace qui t'a marqué, manque un peu de piment...
Comme le dit Cyrano " C'est un peu court, jeune homme !"
J'aurais aimé une approche de Nola, un échange, voire une promesse de rencontre ( aboutie ou pas )
Je reste un peu sur ma faim...
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Nola, séduisante voyageuse
Amanda écrit :
Rappel de la consigne :
Et c'est précisément le premier élément qui m'a interpellé : la description n'est pas du domaine du rêve. Il s'agit de la ligne Aurillac - Paris en passant par Brive et Turenne-gare et le beurre à porter au marché de Brive était une réalité, tout comme les dizaines de jeunes qui "montaient" à la cité gaillarde de même que l'usine électrique de Laval de Cère qui ressemble aujourd'hui à ces villes désertes de certains westerns.
Quant à Nola et l'obligation de parler au passé, elle met ici en scène une probable lycéenne, un enfant de 12 ans chaperonné par une maman qui n'encourageait pas forcément le dialogue.
Et le charme du train ne réside-r-il pas dans ces rencontres fugaces sans lendemain. Il reste ensuite le rêve et ce n'est déjà pas si mal
Euh... pas exactement, car est frisé (3785 caractères)C'est un peu court
Rappel de la consigne :
En vous inspirant de cette photo *
Et c'est précisément le premier élément qui m'a interpellé : la description n'est pas du domaine du rêve. Il s'agit de la ligne Aurillac - Paris en passant par Brive et Turenne-gare et le beurre à porter au marché de Brive était une réalité, tout comme les dizaines de jeunes qui "montaient" à la cité gaillarde de même que l'usine électrique de Laval de Cère qui ressemble aujourd'hui à ces villes désertes de certains westerns.
Quant à Nola et l'obligation de parler au passé, elle met ici en scène une probable lycéenne, un enfant de 12 ans chaperonné par une maman qui n'encourageait pas forcément le dialogue.
Et le charme du train ne réside-r-il pas dans ces rencontres fugaces sans lendemain. Il reste ensuite le rêve et ce n'est déjà pas si mal
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Nola, séduisante voyageuse
Rêve donc Cats.....rêve !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Nola, séduisante voyageuse
J'aime beaucoup ton texte Cats. On y est dans ce train avec tes personnages.
Et j'adhére tout à fait à ce que tu dis :
"Et le charme du train ne réside-t-il pas dans ces rencontres fugaces sans lendemain. Il reste ensuite le rêve"
Et j'adhére tout à fait à ce que tu dis :
"Et le charme du train ne réside-t-il pas dans ces rencontres fugaces sans lendemain. Il reste ensuite le rêve"
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: Nola, séduisante voyageuse
... Effectivement je trouve que le voyage en train est propice à la rêverie et à la nostalgie.
Rêve Cat's, rêve !
En tout cas tu m'a emmené avec toi dans ce wagon !
Rêve Cat's, rêve !
En tout cas tu m'a emmené avec toi dans ce wagon !
SO-leille- Kaléïd'habitué
- Humeur : Joyeuse
Re: Nola, séduisante voyageuse
Ah ! Cats ! Je me suis vue dans le "train des caillades" dont tu as sûrement entendu parler. Et je ne m'appelle pas Nola...
Tu te doutes bien que j'ai adoré ton texte !
Tu te doutes bien que j'ai adoré ton texte !
Invité- Invité
Re: Nola, séduisante voyageuse
Je connais bien la ligne Capdenac-gare / Paris Austerlitz via Brive la gaillarde , du moins je l'ai connue, et l'ambiance que tu décris me replonge quelques décennies en arrière.
Il était difficile en effet d'aller plus loin dans le récit sous peine d'écrire un texte de plusieurs pages (ouille, j'ai eu le même souci avec mon propre texte, difficile de se brider) mais rien ne dit que nous ne connaîtrons pas la fin de l'histoire concernant Nola, dans une autre consigne
Du coup, perso j'ai adoré la première partie de ton récit
Il était difficile en effet d'aller plus loin dans le récit sous peine d'écrire un texte de plusieurs pages (ouille, j'ai eu le même souci avec mon propre texte, difficile de se brider) mais rien ne dit que nous ne connaîtrons pas la fin de l'histoire concernant Nola, dans une autre consigne
Du coup, perso j'ai adoré la première partie de ton récit
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Nola, séduisante voyageuse
J'ai moi aussi rétrouvé dans ton texte, outre ta manière si vivante de planter le décor, l'atmosphère propice aux rêveries fantasmatiques propres aux rencontres faites dans les trains.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: Nola, séduisante voyageuse
Je suis partie en voyage avec toi, j'ai beaucoup aimé
Myriel- Kaléïd'habitué
- Humeur : Girouette
Re: Nola, séduisante voyageuse
Quand j'ai travaillé cette photo pour la consigne, j'ai pensé à toi Catsoniou, m'imaginant tout à fait une histoire de ton terroir, et je n'ai pas été déçu, notamment en lisant ce passage:
Ensuite qui n'a pas vécu justement dans sa vie de voyageur "ces rencontres fugaces sans lendemain"? Enfin je parle par expérience
Beaucoup aimé ton texte, bravo.
Tu sais si bien décrire ces situations.catsoniou a écrit:...Ils rejoignaient la cité gaillarde pour travailler en atelier, à l'usine, sur les chantiers ou servir les clients de magasins, voire d'un troquet quelconque. Le mardi, il fallait compter avec les fermières et leurs paniers en osier contenant, œufs, beurre et fromages destinés au marché ou à approvisionner pour la semaine les clients sur le trajet séparant la grande gare briviste et la Guierle où s'écoulait la marchandise restante.
Ensuite qui n'a pas vécu justement dans sa vie de voyageur "ces rencontres fugaces sans lendemain"? Enfin je parle par expérience
Beaucoup aimé ton texte, bravo.
trainmusical- Occupe le terrain
- Humeur : à vous de juger :-)
Re: Nola, séduisante voyageuse
Une jolie rêverie amoureuse dans le contexte très bien évoqué du voyage en train. La précipitation, un terme qui m'a semblé plutôt incongru ici et qui donne un effet comique, ce qui est peut-être le but recherché, tout comme le "satyre repoussant". Je suppose d'ailleurs que pour ce narrateur jaloux, tout autre individu qui s'intéressait à la belle Nola était plus ou moins un satyre repoussant !
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: Nola, séduisante voyageuse
tobermory écrit
Exactement : touchez pas à Manola !!! même en rêve
Yvanne écrit
Heu ??? Pas si sûr ... En ce temps-là, nous avons certainement emprunté le même train , mais Nola - Yvanne , déjà magicienne avaitd'autres chats à fouetterd'autres jeunes gens bien de leur personne sur qui elle jetait son dévolu, ignorant superbement le jeune paysan qui se voyait déjà en amoureux transi. Dieu, dans sa magnanimité, savait déjà qu'ils se rencontreraient un jour sur le pré sur la toile et surferaient , croisant leurs mots par la grâce de kalé. Mes hommages, belle Nola - Yvanne...
Mais je rêve, je rêve ...
tout autre individu qui s'intéressait à la belle Nola était plus ou moins un satyre repoussant !
Exactement : touchez pas à Manola !!! même en rêve
Yvanne écrit
Et je ne m'appelle pas Nola...
Heu ??? Pas si sûr ... En ce temps-là, nous avons certainement emprunté le même train , mais Nola - Yvanne , déjà magicienne avait
Mais je rêve, je rêve ...
Dernière édition par catsoniou le Lun 13 Oct - 20:49, édité 1 fois
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Nola, séduisante voyageuse
Ouais, recevoir un coup de massue sur la tête quand on conte fleurette à la belle Nola, il y a de quoi refroidir vos ardeurs!
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: Nola, séduisante voyageuse
Texte très empreint de souvenirs adolescents. Mais a quoi bon les regrets ? La vie est ainsi faite de succession d'échecs et de succès. Nola pour très belle qu'elle soit n'était peut être pas celle qu'il te fallait !
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
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