Le voyage de Finola
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Nerwen
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Amanda.
Sherkane
SO-leille
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Le voyage de Finola
« Tous ceux qui se souviennent de Nola diront qu'elle était une jeune fille merveilleuse, toujours prête à rendre service, sans jamais rechigner ou se plaindre. » C’est cette histoire-là que je veux te raconter fiston pendant le trajet :
Combien avait abusé de sa bonté avant ce voyage ? Il suffisait que quelqu’un la voit pour aussitôt avoir une course à lui faire faire, un message à porter, quelque chose à aller chercher et toujours Nola, qu’il fut 8h du matin ou du soir disait avec la même joie : « Bien sûr ! A vot’ service ! » Le chignon un peu de travers, comme sa jupe et son corsage de guingois, mais c’est comme ça qu’on l’aimait Finola ! C’était ça son vrai prénom de baptême.
Ils n’en étaient pas fiers les brillet-pontins ! Mais c’était trop tard pour revenir en arrière, Nola était partie. Sur le banc face à l’église ça jasait, ça pour sûr ! Ils se sentaient responsables de son départ.
Sans rien dire à personne, sans chaperon, un midi Nola était montée dans le train pour la capitale et surtout sans un regard sur le quai, dès fois que quelqu’un aurait encore eu une corvée à lui faire faire… elle aurait été capable de se plier encore une fois et d’en rater le train.
Mais où pouvait-elle donc bien aller ? Comment allait-elle se débrouiller toute seule ? Avait-elle un amoureux à Paris ? Pour sûr qu’elle reviendrait engrossée pour peu qu’elle revienne un jour !!! Autant de questions sur toutes les lèvres gercées, par le vent du Nord-Ouest qui annonçait un hiver précoce, des braves femmes le matin, et sur celles des hommes le soir, crachotant leur gitane maïs à un mètre du banc devant eux, visant la pauvre flaque d’eau de l’averse d’hier.
Le temps passa, et avec lui l’hiver et puis l’épidémie de grippe s’installa et on ne parla plus que de ça et de temps à autre de Nola en disant : « Comment je vais faire ? Nola n’est plus là pour aller me chercher mes médicaments ? » Mais finalement tous les villageois se débrouillaient très bien tout seuls sans l’aide de personne.
Personne ne sut jamais ce que devint Nola, elle ne donna jamais signe de vie à personne, pas même à l’instituteur, un ptit cousin au 3ème degré, qui lui faisait laver son linge et retourner ses cols de chemise et l’aurait bien fait monter au 1er étage dans sa chambre pour l’emmener au 7ème ciel les soirs de pleine lune !
Pourtant s’il eut de ses nouvelles, jamais il ne lâcha le morceau, on le voyait bien prendre le train de temps en temps, mais il avait ses parents à aller voir au Mans.
Tu vois fiston, c’est dans un train comme celui-là qu’elle est montée Nola un jour, pas dans un TGV, non, dans un train tout tranquille, qui ne demande rien à personne, tellement qu’elle ne s’est pas arrêtée à Paris, qu’elle a filé vers le sud, vers la mer, vers le soleil. Et puis, elle est revenue le lendemain par le train inverse, mais elle n’a pas réussi à descendre à Port-Brillet, ni à St Pierre-la-Cour, ni à Vitré, alors elle est allée jusqu’à Rennes, le terminus. Elle ne se lassait pas de rien faire !
A Rennes, dans la rue de la soif elle a réussi à se trouver un travail de serveuse, elle rendait toujours service en quelque sorte, mais au moins là elle était payée. Sauf qu’elle ne pensait plus qu’aux trains.
Tout ça elle l’a écrit au maître d’école, il l’a encouragé à passer un concours à la SNCF, et elle a été la première femme contrôleur ! On a retrouvé les lettres à la mort de l’enseignant, elle était fière et heureuse de parcourir la France toute la journée !
« Et Finola, c’était ton arrière-grand-mère ! Il était temps que je te le dise, on arrive !... Viens vite
Oui, oui je te raconte la suite de l’histoire après, mais il faut qu’on descende le train va repartir…
........
Trop tard ! il est reparti ! »
Combien avait abusé de sa bonté avant ce voyage ? Il suffisait que quelqu’un la voit pour aussitôt avoir une course à lui faire faire, un message à porter, quelque chose à aller chercher et toujours Nola, qu’il fut 8h du matin ou du soir disait avec la même joie : « Bien sûr ! A vot’ service ! » Le chignon un peu de travers, comme sa jupe et son corsage de guingois, mais c’est comme ça qu’on l’aimait Finola ! C’était ça son vrai prénom de baptême.
Ils n’en étaient pas fiers les brillet-pontins ! Mais c’était trop tard pour revenir en arrière, Nola était partie. Sur le banc face à l’église ça jasait, ça pour sûr ! Ils se sentaient responsables de son départ.
Sans rien dire à personne, sans chaperon, un midi Nola était montée dans le train pour la capitale et surtout sans un regard sur le quai, dès fois que quelqu’un aurait encore eu une corvée à lui faire faire… elle aurait été capable de se plier encore une fois et d’en rater le train.
Mais où pouvait-elle donc bien aller ? Comment allait-elle se débrouiller toute seule ? Avait-elle un amoureux à Paris ? Pour sûr qu’elle reviendrait engrossée pour peu qu’elle revienne un jour !!! Autant de questions sur toutes les lèvres gercées, par le vent du Nord-Ouest qui annonçait un hiver précoce, des braves femmes le matin, et sur celles des hommes le soir, crachotant leur gitane maïs à un mètre du banc devant eux, visant la pauvre flaque d’eau de l’averse d’hier.
Le temps passa, et avec lui l’hiver et puis l’épidémie de grippe s’installa et on ne parla plus que de ça et de temps à autre de Nola en disant : « Comment je vais faire ? Nola n’est plus là pour aller me chercher mes médicaments ? » Mais finalement tous les villageois se débrouillaient très bien tout seuls sans l’aide de personne.
Personne ne sut jamais ce que devint Nola, elle ne donna jamais signe de vie à personne, pas même à l’instituteur, un ptit cousin au 3ème degré, qui lui faisait laver son linge et retourner ses cols de chemise et l’aurait bien fait monter au 1er étage dans sa chambre pour l’emmener au 7ème ciel les soirs de pleine lune !
Pourtant s’il eut de ses nouvelles, jamais il ne lâcha le morceau, on le voyait bien prendre le train de temps en temps, mais il avait ses parents à aller voir au Mans.
Tu vois fiston, c’est dans un train comme celui-là qu’elle est montée Nola un jour, pas dans un TGV, non, dans un train tout tranquille, qui ne demande rien à personne, tellement qu’elle ne s’est pas arrêtée à Paris, qu’elle a filé vers le sud, vers la mer, vers le soleil. Et puis, elle est revenue le lendemain par le train inverse, mais elle n’a pas réussi à descendre à Port-Brillet, ni à St Pierre-la-Cour, ni à Vitré, alors elle est allée jusqu’à Rennes, le terminus. Elle ne se lassait pas de rien faire !
A Rennes, dans la rue de la soif elle a réussi à se trouver un travail de serveuse, elle rendait toujours service en quelque sorte, mais au moins là elle était payée. Sauf qu’elle ne pensait plus qu’aux trains.
Tout ça elle l’a écrit au maître d’école, il l’a encouragé à passer un concours à la SNCF, et elle a été la première femme contrôleur ! On a retrouvé les lettres à la mort de l’enseignant, elle était fière et heureuse de parcourir la France toute la journée !
« Et Finola, c’était ton arrière-grand-mère ! Il était temps que je te le dise, on arrive !... Viens vite
Oui, oui je te raconte la suite de l’histoire après, mais il faut qu’on descende le train va repartir…
........
Trop tard ! il est reparti ! »
SO-leille- Kaléïd'habitué
- Humeur : Joyeuse
Re: Le voyage de Finola
Un voyage dans un voyage! Une façon originale d'aborder la consigne. J'aime bien cette idée du train qu'on ne quitte finalement pas et dans lequel on reste pour un tour ou deux...
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: Le voyage de Finola
Un texte très original, une forme particulière que cette narration d'une autre vie dans un train.
Un texte optimiste et caustique à la fois...
Une écriture qui se rit des profiteurs et des mauvaises langues et qui porte l'espoir d'une réussite !
Un texte optimiste et caustique à la fois...
Une écriture qui se rit des profiteurs et des mauvaises langues et qui porte l'espoir d'une réussite !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Le voyage de Finola
Une histoire racontée le temps d'un voyage en train, voilà une idée originale
L'histoire ne dit pas si l'instituteur est lui-même le grand-père
Quelques phrases un peu longues qui essoufflent la lecture (peut-être pourrais-tu revoir ça et mettre quelques points. )
L'histoire ne dit pas si l'instituteur est lui-même le grand-père
Quelques phrases un peu longues qui essoufflent la lecture (peut-être pourrais-tu revoir ça et mettre quelques points. )
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Le voyage de Finola
Une autre vocation née grâce au train et racontée avec beaucoup de finesse et de sensibilité.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: Le voyage de Finola
Ce sujet est avant-gardiste : en ce temps-là, la SNCF ne devait guère priser la parité en guise d'embauche, et nul doute que les voyageurs trouvèrent en Nola une "cheminote" de service fort plaisante...
J'ai aimé deux termes dans ton récit "brillet-pontin" et la "rue de la soif"
J'ai aimé deux termes dans ton récit "brillet-pontin" et la "rue de la soif"
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Le voyage de Finola
@ tous : Merci pour vos commentaires !
@ admin : Mettre les points sur les "i" ou "final" n'a jamais été mon fort !!!
Oui je sais !
Toutefois je veux bien me prêter à cet exercice, c'est demandé si gentiment.
@ cats : Les brillet-pontin sont les habitants de Port-Brillet, je n'ai rien inventé, j'ai pris la gare la plus proche et la rue de la soif est célèbre à Rennes c'est le surnom donné à la rue St Michel et qui a de nombreux bars (11 en 87 mètres) ... même wikipédia la connait et bien sûr tous les étudiants Rennais et donc très certainement ma fille !!!
http://vimeo.com/24766943
@ admin : Mettre les points sur les "i" ou "final" n'a jamais été mon fort !!!
Oui je sais !
Toutefois je veux bien me prêter à cet exercice, c'est demandé si gentiment.
@ cats : Les brillet-pontin sont les habitants de Port-Brillet, je n'ai rien inventé, j'ai pris la gare la plus proche et la rue de la soif est célèbre à Rennes c'est le surnom donné à la rue St Michel et qui a de nombreux bars (11 en 87 mètres) ... même wikipédia la connait et bien sûr tous les étudiants Rennais et donc très certainement ma fille !!!
http://vimeo.com/24766943
SO-leille- Kaléïd'habitué
- Humeur : Joyeuse
Re: Le voyage de Finola
J'ai bien aimé ta façon de traiter la consigne en faisant parler un grand-père voyageant en train avec son petit fils. Et le grand-père ne raconte pas n'importe quelle histoire mais celle de sa mère.
La petite pirouette du dénouement donne à ton texte beaucoup de légèreté. C'est très plaisant.
La petite pirouette du dénouement donne à ton texte beaucoup de légèreté. C'est très plaisant.
Invité- Invité
Re: Le voyage de Finola
Magnifique histoire dans une histoire, j'aime beaucoup.
Et un pur bonheur la fin, comme quoi il est plus aisé de descendre tranquillement d'un petit vapeur que d'un TGV
Et un pur bonheur la fin, comme quoi il est plus aisé de descendre tranquillement d'un petit vapeur que d'un TGV
trainmusical- Occupe le terrain
- Humeur : à vous de juger :-)
Re: Le voyage de Finola
Une histoire racontée avec allégresse, avec une pirouette finale bien dans le ton du reste. Un texte primesautier, qui met le lecteur de bonne humeur.
Beaucoup de pittoresque dans la description de Nola et des autres :
Le chignon un peu de travers, comme sa jupe et son corsage de guingois, mais c’est comme ça qu’on l’aimait Finola !
Autant de questions sur toutes les lèvres gercées, par le vent du Nord-Ouest qui annonçait un hiver précoce, des braves femmes le matin, et sur celles des hommes le soir, crachotant leur gitane maïs à un mètre du banc devant eux, visant la pauvre flaque d’eau de l’averse d’hier.
Et autant de pittoresque dans les noms lieux : Port-Brillet ; la Rue de la soif
Deux petites fautes d’inattention dans cette ligne :
Combien avait abusé de sa bonté avant ce voyage ? Il suffisait que quelqu’un la voit pour
Beaucoup de pittoresque dans la description de Nola et des autres :
Le chignon un peu de travers, comme sa jupe et son corsage de guingois, mais c’est comme ça qu’on l’aimait Finola !
Autant de questions sur toutes les lèvres gercées, par le vent du Nord-Ouest qui annonçait un hiver précoce, des braves femmes le matin, et sur celles des hommes le soir, crachotant leur gitane maïs à un mètre du banc devant eux, visant la pauvre flaque d’eau de l’averse d’hier.
Et autant de pittoresque dans les noms lieux : Port-Brillet ; la Rue de la soif
Deux petites fautes d’inattention dans cette ligne :
Combien avait abusé de sa bonté avant ce voyage ? Il suffisait que quelqu’un la voit pour
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: Le voyage de Finola
Merci pour vos commentaires qui m'encouragent à réécrire !!!
@ tober : aurais-je dû employer le pluriel "combien avaient..."
heu je veux bien tes conseils je sèche un peu là
@ tober : aurais-je dû employer le pluriel "combien avaient..."
heu je veux bien tes conseils je sèche un peu là
SO-leille- Kaléïd'habitué
- Humeur : Joyeuse
Re: Le voyage de Finola
Grâce à l'arrêt manqué on va pouvoir connaitre la fin de l'histoire !
La rue de la soif ? Il y a la même à Limoges : devenue rue Charles Michel, cette rue fait partie des classiques des touristes et aussi des syndicalistes Limousins, car outre le nombre impressionnant de bars qu'elle compte, elle est aussi la rue de la Maison Du Peuple qui abrite en particulier la CGT dont la création a eu lieu à Limoges, mais aussi de nombreuses associations.
La rue de la soif ? Il y a la même à Limoges : devenue rue Charles Michel, cette rue fait partie des classiques des touristes et aussi des syndicalistes Limousins, car outre le nombre impressionnant de bars qu'elle compte, elle est aussi la rue de la Maison Du Peuple qui abrite en particulier la CGT dont la création a eu lieu à Limoges, mais aussi de nombreuses associations.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
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