A. Quand vient la fin....

— Si, maman si, je t'assure qu'il est temps de le débrancher.

— Mais enfin, Hubert, tu dis n'importes quoi ! Il y a encore trois jours je lui disais : bats-toi ! en le secouant presque ! Et je t'assure que je voyais bien comme il brillait.Il était bien décidé à poursuivre dans l’existence. Tu ne devrais pas avoir de telles pensées. Tu veux que je te dise : tu es ignoble ! d'ailleurs si feu ton père entendait de ta part une telle déclaration, il serait absolument horrifié !…

— Tu ne veux pas admettre qu'il a fait son temps. Je sais bien que tu l'aimes, que tu ne voudrais pas le quitter, qu’il a toujours été dévoué, faisant tout pour que nous soyons impeccables dans la vie. Je me souviens combien  j'aimais sa chaleur communicative surtout quand il effleurait ma joue. Mais tout cela est terminé, maman. Tu vois bien qu'il est maintenant presque froid. Il va rendre l’âme, si ce n’est déjà fait….Je t'assure que le débrancher c'est la meilleure solution. Allez viens je t'emmène, allons en parler calmement devant une tasse de café.

Hubert et sa mère Eugénie discutent longuement ce soir-là. Eugénie résiste. Elle cherche comment lui dire, lui faire comprendre, que lorsqu'on est attachée depuis tant et tant d'années, la seule idée d'une séparation définitive est quasiment impossible.

Évidemment Hubert comprend, mais la vie est ainsi faite, il faut laisser passer les rêves. Poursuivre la vie autrement, se consoler les uns contre les autres, avec cet espoir ténu qu’un jour ou l'autre la vie reprendrait le dessus. Alors,  de nouveau on pourrait donner pour donner.

C'est alors qu’Hubert a cette idée un peu saugrenue. Il se lève, se dirige vers la platine CD est met cette chanson que sa mère aime tant  : la légende de Jimmy.

Eugénie sourit. Elle comprend tout à coup. Il faut accepter la réalité. C'est fini, bien fini.
Alors elle donne son accord à son fils. Celui-ci agit quasiment aussitôt.

Il débranche le fer à repasser qui ne fonctionne plus depuis des semaines.