Jour d'été dans les années 80
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Tornade
Escandélia
Amanda.
madeleinedeproust
8 participants
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Jour d'été dans les années 80
Une journée d'été.
Le soleil tape fort, dès le matin.
Les braiements de l'âne réclamant son pain dur en guise de réveil matin.
Dans la cuisine la vieille casserole en alu toute cabossée prend tout son temps pour faire chauffer l'eau du petit déjeuner.
Le boulanger a déposé dans le sac pendu à la poignée de la porte d'entrée la miche de pain du jour.
Le couteau peine un peu à fendre la croûte brune. Mais une fois ce premier obstacle vaincu se révèle une mie aérée qui embaume toute la pièce. Les miettes tombent sur la vieille table en châtaignier. Deux tartines de beurre et de miel récolté par le voisin dans ses ruches personnelles plus tard, il est temps d'enfiler un short et un T.Shirt et de sauter sur le fidèle destrier : le vélo.
A cette heure-ci les copains doivent traîner autour de la petite supérette du village.
Le matin en général on ne fait pas grand chose, on observe juste le village vivre sa vie.
Le boucher fait sa tournée et on repère son emplacement aux coups de klaxon qu'il envoie pour appeler ses clients.
Le facteur s'essaie à son activité favorite : distribuer le courrier tout en partageant un café avec les destinataires des missives qu'il transporte dans sa vieille sacoche.
Les vieux montent au café pour la traditionnelle partie de rami en terrasse, avant l'apéro.
Vers midi on voit revenir les travailleurs, les discussions s'animent au café, les enfants rentrent les uns après les autres déjeuner.
Tout doucement, sur le coup des une heure de l'après-midi le village s'assoupit le temps de la pause méridienne. Seuls les chiens trottinent encore dans les ruelles. De temps en temps une poule lâche un bref caquètement. Une rare voiture trouble avec son moteur le silence.
Les volets sont clos, les portes tirées.
Vers seize heures tout s'anime. Une, deux, trois voitures, quelques scooters, deux ou trois discussions plus ou moins animées, des cris d'enfants qui descendent, lancés à pleine vitesse sur leurs vélos, faire un foot au stade. Certains préfèrent aller piquer une tête au fleuve et attaquent vaillamment la longue descente qu'il faudra ensuite remonter après un après-midi passé à jouer dans les rochers et avec une féroce envie de goûter.
Après le foot, ce sera peut-être tennis sur la place du village, ou bien un ballon prisonnier... s'ils ne se font pas trop remarqués, et si le maire est de bonne humeur, il ne les chassera pas en pestant parce qu'ils risquent de casser, une fois encore, les vitres de l'arrière de l'église. Sinon, ils enfourcheront leurs vélos et se lanceront dans une course-poursuite échevelée qu'ils recommenceront encore et encore jusqu'à ce que, à bout de souffle, ils laissent tomber leurs montures et assis sur le muret, les jambes pendantes, ils refassent, encore et encore, leur dernière course du jour.
Et puis quand le soleil se fera un peu moins virulent, on verra arriver la lente procession des hommes qui quittent le café et ses parties de belote endiablées pour venir faire une pétanque à l'ombre de l'église et avec en fond sonore le doux glou glou de la fontaine.
Après le dîner viendra le temps de la promenade vespérale. Chacun fera son tour du village, petit ou grand, selon ses capacités, ses envies du moment. Les groupes se feront et se déferont, se croiseront, s'interpelleront, s'arrêteront pour mieux repartir. On fera causette avec la petite mamie qui ne peut plus faire le tour du village mais qui, tous les soirs, tire sa chaise sur le pas de sa porte et contemple le va-et-vient des bien portants.
Les moustiques subiront quelques claques bien senties.
On criera sur les gamins qui descendent tous feux éteints et à tombeau ouvert alors que désormais il fait nuit noire.
Le parvis de l'église accueillera les ados et leurs longues discussions, mélange de fanfaronnade et de timides tentatives de drague.
Derrière l'église se rouleront quelques pelles.
Les plus courageux, les plus frondeurs descendront jusqu'au stade pour découvrir à l'abri des vestiaires désaffectés les premiers émois du jeu de la bête à deux dos.
Peu à peu le silence reprendra possession des lieux.
En attendant que le soleil ne se lève de nouveau et qu'une autre journée, pas si différente que ça de la précédente, ne se passe.
Le soleil tape fort, dès le matin.
Les braiements de l'âne réclamant son pain dur en guise de réveil matin.
Dans la cuisine la vieille casserole en alu toute cabossée prend tout son temps pour faire chauffer l'eau du petit déjeuner.
Le boulanger a déposé dans le sac pendu à la poignée de la porte d'entrée la miche de pain du jour.
Le couteau peine un peu à fendre la croûte brune. Mais une fois ce premier obstacle vaincu se révèle une mie aérée qui embaume toute la pièce. Les miettes tombent sur la vieille table en châtaignier. Deux tartines de beurre et de miel récolté par le voisin dans ses ruches personnelles plus tard, il est temps d'enfiler un short et un T.Shirt et de sauter sur le fidèle destrier : le vélo.
A cette heure-ci les copains doivent traîner autour de la petite supérette du village.
Le matin en général on ne fait pas grand chose, on observe juste le village vivre sa vie.
Le boucher fait sa tournée et on repère son emplacement aux coups de klaxon qu'il envoie pour appeler ses clients.
Le facteur s'essaie à son activité favorite : distribuer le courrier tout en partageant un café avec les destinataires des missives qu'il transporte dans sa vieille sacoche.
Les vieux montent au café pour la traditionnelle partie de rami en terrasse, avant l'apéro.
Vers midi on voit revenir les travailleurs, les discussions s'animent au café, les enfants rentrent les uns après les autres déjeuner.
Tout doucement, sur le coup des une heure de l'après-midi le village s'assoupit le temps de la pause méridienne. Seuls les chiens trottinent encore dans les ruelles. De temps en temps une poule lâche un bref caquètement. Une rare voiture trouble avec son moteur le silence.
Les volets sont clos, les portes tirées.
Vers seize heures tout s'anime. Une, deux, trois voitures, quelques scooters, deux ou trois discussions plus ou moins animées, des cris d'enfants qui descendent, lancés à pleine vitesse sur leurs vélos, faire un foot au stade. Certains préfèrent aller piquer une tête au fleuve et attaquent vaillamment la longue descente qu'il faudra ensuite remonter après un après-midi passé à jouer dans les rochers et avec une féroce envie de goûter.
Après le foot, ce sera peut-être tennis sur la place du village, ou bien un ballon prisonnier... s'ils ne se font pas trop remarqués, et si le maire est de bonne humeur, il ne les chassera pas en pestant parce qu'ils risquent de casser, une fois encore, les vitres de l'arrière de l'église. Sinon, ils enfourcheront leurs vélos et se lanceront dans une course-poursuite échevelée qu'ils recommenceront encore et encore jusqu'à ce que, à bout de souffle, ils laissent tomber leurs montures et assis sur le muret, les jambes pendantes, ils refassent, encore et encore, leur dernière course du jour.
Et puis quand le soleil se fera un peu moins virulent, on verra arriver la lente procession des hommes qui quittent le café et ses parties de belote endiablées pour venir faire une pétanque à l'ombre de l'église et avec en fond sonore le doux glou glou de la fontaine.
Après le dîner viendra le temps de la promenade vespérale. Chacun fera son tour du village, petit ou grand, selon ses capacités, ses envies du moment. Les groupes se feront et se déferont, se croiseront, s'interpelleront, s'arrêteront pour mieux repartir. On fera causette avec la petite mamie qui ne peut plus faire le tour du village mais qui, tous les soirs, tire sa chaise sur le pas de sa porte et contemple le va-et-vient des bien portants.
Les moustiques subiront quelques claques bien senties.
On criera sur les gamins qui descendent tous feux éteints et à tombeau ouvert alors que désormais il fait nuit noire.
Le parvis de l'église accueillera les ados et leurs longues discussions, mélange de fanfaronnade et de timides tentatives de drague.
Derrière l'église se rouleront quelques pelles.
Les plus courageux, les plus frondeurs descendront jusqu'au stade pour découvrir à l'abri des vestiaires désaffectés les premiers émois du jeu de la bête à deux dos.
Peu à peu le silence reprendra possession des lieux.
En attendant que le soleil ne se lève de nouveau et qu'une autre journée, pas si différente que ça de la précédente, ne se passe.
madeleinedeproust- Kaléïd'habitué
- Humeur : littéraire
Re: Jour d'été dans les années 80
Un texte qui sent bon le pain, le miel, le sud...
Un texte avec des gens simples, des jeux bien innocents ( quoique la bête à ...)
Un texte qui apaise, qui raconte des métiers, des bruits et des silences.
Existe-t-il encore de tels villages ? Oui, sans doute, là, au creux du Ventoux, le boulanger, le boucher passent encore tous les jours pour les vieilles personnes qui ne peuvent plus se déplacer. Peu de jeunes et ...partout la télé !
Le repos t'inspire, Mad !
Un texte avec des gens simples, des jeux bien innocents ( quoique la bête à ...)
Un texte qui apaise, qui raconte des métiers, des bruits et des silences.
Existe-t-il encore de tels villages ? Oui, sans doute, là, au creux du Ventoux, le boulanger, le boucher passent encore tous les jours pour les vieilles personnes qui ne peuvent plus se déplacer. Peu de jeunes et ...partout la télé !
Le repos t'inspire, Mad !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Jour d'été dans les années 80
Parfum de vacances et de soleil du midi où il fait si bon se retrouver entre amis. La convivialité, la solidarité, voilà ce que ne pourra jamais remplacer internet et ses sites web. Nous somme dépositaires d'une vraie richesse.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: Jour d'été dans les années 80
Cette journée donne envie de s'y poser et s'y reposer ...
Et comme c'est superbement écrit, rien ne nous échappe !
Et comme c'est superbement écrit, rien ne nous échappe !
Tornade- Kaléïd'habitué
- Humeur : En phase ascendante
Re: Jour d'été dans les années 80
C'était un temps où il faisait bon vivre dans les villages...
Certes, ces villages existent encore, mais de façon atténuée, les difficultés rencontrées ailleurs y sont présentes.
Cependant, il y a encore bien des occasions de se dire que la vie est belle ...
Et comme ici madeleinedeproust, il faut que des femmes et des hommes sachent rendre compte de ces instants de vie .
Certes, ces villages existent encore, mais de façon atténuée, les difficultés rencontrées ailleurs y sont présentes.
Cependant, il y a encore bien des occasions de se dire que la vie est belle ...
Et comme ici madeleinedeproust, il faut que des femmes et des hommes sachent rendre compte de ces instants de vie .
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Jour d'été dans les années 80
Tu décris parfaitement une journée de cette époque là dans le sud de la France. Et comme dis Cats, il faisait bon vivre dans les villages à cette époque là, c'étaient vraiment des lieux de vie et non pas des cités dortoir.
J'ai beaucoup aimé te lire
J'ai beaucoup aimé te lire
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Jour d'été dans les années 80
La vie d'un village paisible. Comme s'égrennent les heures tout au long de la journée, tu as su égrener les activités de chacun de façon concise. J'aime bien ce genre d'écriture précise, sans débordements inutiles. Dans ce cas, justement, elle sert bien ton texte.
Invité- Invité
Re: Jour d'été dans les années 80
Paisible vie de campagne villageoise comme il ferait bon de vivre.
Un magnifique texte madeleinedeproust,
Un magnifique texte madeleinedeproust,
trainmusical- Occupe le terrain
- Humeur : à vous de juger :-)
Re: Jour d'été dans les années 80
A travers toutes ces scènes et personnages, on ressent bien les tonalités des différents moments de la journée. Beaucoup de détails, de sensations et des pointes d’humour pour nous faire revivre cette journée d’été au village.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: Jour d'été dans les années 80
J'avais oublié, mais je tenais à dire que j'aime beaucoup cette phrase: Dans la cuisine la vieille casserole en alu toute cabossée prend tout son temps pour faire chauffer l'eau du petit déjeuner.
A la fois éloge de la lenteur et du charme des objets qui vieillissent et pique envers le micro-onde et le culte du "tout parfait" et "tout jetable".
A la fois éloge de la lenteur et du charme des objets qui vieillissent et pique envers le micro-onde et le culte du "tout parfait" et "tout jetable".
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
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