Où il manque sac, Seine, François et Recteur

— Je me nomme Balto, chien de fumeuse repentie qui me donna ce nom en souvenir des cigarettes éponymes qu’elle fumait au temps de sa jeunesse.
— Je m’appelle Berlingot,  mon maitre à confondu. Il voulait des chevaux vapeur, il eut un mulet. Je suis un hommage à Citroen. On me croit âne, mais je réfléchis dans mon rétroviseur plus qu’on ne le croit.

— Les hommes pensent être obligés de nous donner des noms. Mais tu vois de quoi ils nous affublent, cher Berlingot. Certes j’ai échappé à Mirza et Kiki, et  toi à Bilou, Galoubet et Martin. Mais j’ai quand même un prénom de chien pour une chienne de vie, franchement j’eus préféré ne pas avoir été domestiqué. Nos parents se sont fait avoir il y a des siècles !
— Dis donc, Balto, tu vois ce que je vois ?
— Je ne sais ce que tu vois, puisque chacun voit ce qu’il voit et l’autre ne voit pas forcément la même chose que l’un. Souviens toi de Platon est-ce que celui qui était dedans voyait idem que celui qui n’y était pas ? Ben non ! Ça fait par l’ombre d’une caverne. C’est clair.
— Platon ? C’est un non d’âne ?
— Mais non, Berlingo, c’est un humain des temps anciens. T’as pas de culture. T’es vraiment un âne quoi !
—  Je t’ai demandé si tu vois ce que je vois ! Pas d'aboyer tes connaissances domestiques.
— Je t’ai dit, je sais pas ce que tu vois, Berlingot !
— Je vois une bassine d’avoine.
— Ben moi je vois un baquet d’eau.
— Mince alors on ne voit donc pas la même chose.
— Cesse de faire l’âne. Regarde bien C’est un baquet d’eau, puisque j’ai soif.
— Mais non, chien de mes deux,  c’est un seau d’avoine, puisque j’ai faim.
— On ne voit jamais que ce qui nous intéresse…
— Ah oui ! Maintenant je vous les deux, je réalise que j’ai soif aussi.
— Comme ça tu as le choix !
— C’est mon drame, je n’ai jamais su choisir. Boire ou tirer la charrette, il faut choisir. Manger mon avoine ou dormir parce que tirer la charrette épuise, je sais pas ce qui est le mieux. Braire comme un âne ou hennir comme un mulet, je sais plus ce qui est le mieux.
— T’as un vrai problème existentiel toi…. Mon maitre dit toujours qu’il a mené une vie de chien. Il a aussi un problème identitaire. Est-ce que moi, chien, je prétends avoir une vie d’homme ?
— Oh, Talbot .. ou Balto.. je sais plus si tu es bagnole ou cigarette…. Te signale que je dépéris moi, c’est existentiel aussi ça : Flotte ou avoine - Avoine ou flotte. Me sens mal tout à coup ! J’ai le sabot qui est trop chaud, le jarret tout en biais, j’ai l’ergo bien trop gros, le naseau ultrahaut, et la fesse qui s’affaisse, la couronne qui déconne, et la croupe en soucoupe. Faudrait que je boive ou que je mange et  je sais pas choisir.
Ah mon dieu que c’est embêtant d’être l’âne de Buridan.



Et pour le titre, ben, je vous laisse méditer ...

Il ne reste plus qu'à s'accorder sur le nom de la reine !

Vraiment, vraiment, je vous le dis, c'est une vie de chien  que, sans cesse en appelant le cabot, vous  rappelez le péché des hommes qui s'envole en fumée.

Quand au choix de l'âne, tiraillé entre boire et manger, Buridan ou La Cisque ( lieu  lotois où vécut un baudet qui marqua fortement les esprits sans cependant laisser de traces sur le Net), voilà qu'Alainx en rajoute une couche, non décidément, ce n'est pas une vie ...

Mais en guise de reportage, il est opportun de décerner la note qui lui revient  :

Escandélia a écrit:Il ne reste plus qu'à s'accorder sur le nom de la reine !

Il y a un tiercé prometteur :
Jeanne - Blanche - Marguerite ....

Les officiels penchent pour Jeanne, d'autre ne savent pas plus que moi !

Un chien philosophe et un ane indécis. J'aime cet ane qui a

le sabot qui est trop chaud, le jarret tout en biais, j’ai l’ergo bien trop gros, le naseau ultrahaut, et la fesse qui s’affaisse, la couronne qui déconne, et la croupe en soucoupe

Je rajoute un

Historique, philosophique et humoristique, un vrai bonheur !

C'est un régal

Du pur AlainX!

Excellent texte, avec ces animaux philosophes et en proie aux problèmes existentiels.
mais pour Balto, tu es sûr que c'est Platon ? Pas plutôt ... Pluto, justement. ?
le tittre : holà, tavernier du diable, ne serait-ce une allusion à à Villon, , Brassens et Dumas ? ( Buridan, "jeté en un sac en Seine")

Je ne vais pas me casser la tête sur le titre je vais lire et relire, je me régale