Derrière le rideau.
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Admin
catsoniou
Pati
Aldaron De Molégers
8 participants
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Derrière le rideau.
Nom et prénom: Molinard Mimosa
âge:24 ans
Profession: Fille de parfumeur
Milieu social**:Commerçant
Ville: Grasse
Je contemple une dernière fois l'objet de mon désir. Je l'ai si longuement imaginé, envisagé, pensé, pétri au fond de ma tête comme si j'étais à un de mes pâtons, il a nourri tant d'inquiétude, donné corps à tant d'espoirs aussi. Je m'enivre de sa caresse entre mon pouce et l'index, j'en palpe les bords du bout des pulpes, je fais attention, ne pas le souiller, ne pas se couper à ses lames acérées, parfois ça arrive.
Je veux retenir à jamais tout ce qui le compose. Son odeur légèrement boisée aux accents térébenthés des stencils, un peu entêtante mais pas désagréable du tout. Je teste ses caractères pour voir s'ils y ont laissé un peu de relief, non, c'est lisse, doux, un glacis parfait. Je m'imprègne de son chant en le courbant délicatement puis en le relâchant pour en faire jouer le ressort, le son est mat, presque métallique, je savoure, m'en amuse, c'est une note, laquelle ? Je le frappe du dos de l'ongle que mon pouce relâche en une pichenette nerveuse, mais sans le marquer, c'est le mien, celui qui fera pencher la balance, sait-on jamais, pourquoi pas ?
Désormais, on peut toutes partager ce rêve fou, cette illusion si longtemps refusée. Bon, ma vieille, tu vas y passer ta journée, regardes, des souliers s'impatientent, il aurait pu les cirer, on est dimanche quand même... Oh et puis zut, ça n'arrive pas tous les jours, il ira dans celui d'à côté le phallocrate s'il n'est pas content. C'est notre victoire, mon moment à moi, qu'il aille au diable, ils ont eu la leur. Je regarde discrètement du coin de l'œil par le jour entre la toile et le montant, non, je ne le connais pas, et puis ils avaient qu'à nous y autoriser plus tôt, on serait peut-être un peu plus habituées, na !
Bravo, voilà que tu rigoles toute seule ma pauvre, bon, tu le glisses dans cette enveloppe où tu vas y passer ta journée ? Et tu sors la tête haute hein, tu ne fais pas ton empruntée, un petit coup sec sur le rideau, une démarche assurée, tu files droit vers les commissaires, tu leurs souris, tu signes, tu ne trembles pas au moment de lâcher l'enveloppe, et tu te fends d'une petite révérence avec un sourire léger au moment du "a voté !"
Je glisse donc précieusement mon bulletin dans son réceptacle de papier lui aussi. Bah, la colle, je vais garder le goût sur la langue pendant quelques minutes. Tu es certaine de toi ma Mimosa ? Oui oui, c'est bon, de toute façon c'est vite vu, soit les uns soit les autres. Et puis mon candidat à moi, il est jeune, de mon temps, et puis il est beau dans son costume. Pas comme les autres arriérés qui nous ont conduits à la boucherie. Allez, c'est le moment, respires !
Je tire comme prévu un coup sec sur mon rideau, mon impatient me fait face, il me gratifie d'un sourire, je tente de prendre une mine ferme, un brin revêche, décidée, serrant entre mes doigts mon devoir presque accompli.
Je m'effondre littéralement sur moi-même, une chiffe-molle, je réalise soudain que je tiens en main son hypothétique avenir électoral à mon impatient.
âge:24 ans
Profession: Fille de parfumeur
Milieu social**:Commerçant
Ville: Grasse
Je contemple une dernière fois l'objet de mon désir. Je l'ai si longuement imaginé, envisagé, pensé, pétri au fond de ma tête comme si j'étais à un de mes pâtons, il a nourri tant d'inquiétude, donné corps à tant d'espoirs aussi. Je m'enivre de sa caresse entre mon pouce et l'index, j'en palpe les bords du bout des pulpes, je fais attention, ne pas le souiller, ne pas se couper à ses lames acérées, parfois ça arrive.
Je veux retenir à jamais tout ce qui le compose. Son odeur légèrement boisée aux accents térébenthés des stencils, un peu entêtante mais pas désagréable du tout. Je teste ses caractères pour voir s'ils y ont laissé un peu de relief, non, c'est lisse, doux, un glacis parfait. Je m'imprègne de son chant en le courbant délicatement puis en le relâchant pour en faire jouer le ressort, le son est mat, presque métallique, je savoure, m'en amuse, c'est une note, laquelle ? Je le frappe du dos de l'ongle que mon pouce relâche en une pichenette nerveuse, mais sans le marquer, c'est le mien, celui qui fera pencher la balance, sait-on jamais, pourquoi pas ?
Désormais, on peut toutes partager ce rêve fou, cette illusion si longtemps refusée. Bon, ma vieille, tu vas y passer ta journée, regardes, des souliers s'impatientent, il aurait pu les cirer, on est dimanche quand même... Oh et puis zut, ça n'arrive pas tous les jours, il ira dans celui d'à côté le phallocrate s'il n'est pas content. C'est notre victoire, mon moment à moi, qu'il aille au diable, ils ont eu la leur. Je regarde discrètement du coin de l'œil par le jour entre la toile et le montant, non, je ne le connais pas, et puis ils avaient qu'à nous y autoriser plus tôt, on serait peut-être un peu plus habituées, na !
Bravo, voilà que tu rigoles toute seule ma pauvre, bon, tu le glisses dans cette enveloppe où tu vas y passer ta journée ? Et tu sors la tête haute hein, tu ne fais pas ton empruntée, un petit coup sec sur le rideau, une démarche assurée, tu files droit vers les commissaires, tu leurs souris, tu signes, tu ne trembles pas au moment de lâcher l'enveloppe, et tu te fends d'une petite révérence avec un sourire léger au moment du "a voté !"
Je glisse donc précieusement mon bulletin dans son réceptacle de papier lui aussi. Bah, la colle, je vais garder le goût sur la langue pendant quelques minutes. Tu es certaine de toi ma Mimosa ? Oui oui, c'est bon, de toute façon c'est vite vu, soit les uns soit les autres. Et puis mon candidat à moi, il est jeune, de mon temps, et puis il est beau dans son costume. Pas comme les autres arriérés qui nous ont conduits à la boucherie. Allez, c'est le moment, respires !
Je tire comme prévu un coup sec sur mon rideau, mon impatient me fait face, il me gratifie d'un sourire, je tente de prendre une mine ferme, un brin revêche, décidée, serrant entre mes doigts mon devoir presque accompli.
Je m'effondre littéralement sur moi-même, une chiffe-molle, je réalise soudain que je tiens en main son hypothétique avenir électoral à mon impatient.
Dernière édition par Aldaron De Molégers le Mar 5 Mai - 23:43, édité 2 fois
Aldaron De Molégers- Occupe le terrain
- Humeur : Alternance de teintes du sombre au clair-obscur.
Re: Derrière le rideau.
j'aime beaucoup la minutie de la description du bulletin de vote, à la fois précise et sensuelle. je vois que tu as fait attention à tes phrases, elles sont balancées, ya du rythme...et en plus, une excellente finale
un tout bon premier texte, Aldaron, merci pour le partage
un tout bon premier texte, Aldaron, merci pour le partage
Pati- Kaléïd'habitué
- Humeur : mouvante
Re: Derrière le rideau.
J'adore !!!
Ton sens de l'observation du bureau de vote et ses acteurs me stupéfie !
Et bienvenue à toi . Je suis persuadé que tu nous donneras à lire d'excellents sujets.
J'espère que tu as de nombreuses "Mimosa" en réserve
Ton sens de l'observation du bureau de vote et ses acteurs me stupéfie !
Et bienvenue à toi . Je suis persuadé que tu nous donneras à lire d'excellents sujets.
J'espère que tu as de nombreuses "Mimosa" en réserve
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Derrière le rideau.
Il te faut garder la taille de police qui est déjà sélectionnée sur cet éditeur (aïe, mes pauvres yeux sinon!)
En ce qui concerne ton texte, perso je suis mitigée. Certes, ta description du début est très minutieuse, mais tu parles juste d'un bulletin de vote Je ne pense pas que nos grand-mères avaient ce rapport presque "sensuel" avec ce morceau de papier (qui était en fait une liste d'ailleurs) . L'acte lui-m^me de voter était plus important et je n'imagine pas que tu ais employé les mêmes termes si tu avais parlé d'un homme votant pour la 1ere fois (bon , c'est mon côté féministe qui revient )
Note que je ne te dis pas que ta première partie est mauvaise, elle est très très bien écrite, sauf qu'en remettant les choses à leur place (on parle juste d'un bout de papier) on se demande si on parle bien des mêmes choses ( j'en palpe les bords du bout des pulpes)
La seconde partie m'intéresse bien plus et ressemble bien plus à ce que pouvaient penser nos premières votantes .
Bien que je regrette qu'on réduise encore une fois l'acte de voter d'une femme à ceci: jeune, de mon temps, et puis il est beau dans son costume 'ose espérer que nous, femmes, nous faisons travailler notre cerveau avant de glisser un bulletin dans l'urne.
J'en viens à la dernière phrase: Pour moi, elle n'est pas nécessaire, pour toutes les raisons précédentes: tu réduis l'acte de voter de cette femme à un acte sensuel, à un vote de cœur de midinette qui tombe dans les pommes devant le candidat .
Je reconnais qu'il doit être difficile pour toi de te mettre dans la peau d'une femme, et c'est ton premier texte sur consigne
Néanmoins, je me permets d'être sincère dans mes commentaires, et j'espère que cela ne va pas te faire partir en courant à peine arrivé
Car ta plume est élégante alors, à la prochaine consigne?
En ce qui concerne ton texte, perso je suis mitigée. Certes, ta description du début est très minutieuse, mais tu parles juste d'un bulletin de vote Je ne pense pas que nos grand-mères avaient ce rapport presque "sensuel" avec ce morceau de papier (qui était en fait une liste d'ailleurs) . L'acte lui-m^me de voter était plus important et je n'imagine pas que tu ais employé les mêmes termes si tu avais parlé d'un homme votant pour la 1ere fois (bon , c'est mon côté féministe qui revient )
Note que je ne te dis pas que ta première partie est mauvaise, elle est très très bien écrite, sauf qu'en remettant les choses à leur place (on parle juste d'un bout de papier) on se demande si on parle bien des mêmes choses ( j'en palpe les bords du bout des pulpes)
La seconde partie m'intéresse bien plus et ressemble bien plus à ce que pouvaient penser nos premières votantes .
Bien que je regrette qu'on réduise encore une fois l'acte de voter d'une femme à ceci: jeune, de mon temps, et puis il est beau dans son costume 'ose espérer que nous, femmes, nous faisons travailler notre cerveau avant de glisser un bulletin dans l'urne.
J'en viens à la dernière phrase: Pour moi, elle n'est pas nécessaire, pour toutes les raisons précédentes: tu réduis l'acte de voter de cette femme à un acte sensuel, à un vote de cœur de midinette qui tombe dans les pommes devant le candidat .
Je reconnais qu'il doit être difficile pour toi de te mettre dans la peau d'une femme, et c'est ton premier texte sur consigne
Néanmoins, je me permets d'être sincère dans mes commentaires, et j'espère que cela ne va pas te faire partir en courant à peine arrivé
Car ta plume est élégante alors, à la prochaine consigne?
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Derrière le rideau.
Merci beaucoup pour vos commentaires.
Se mettre dans la peau d'une fille a été le challenge de ma journée, enfin d'une partie... J'avais des doutes sur ma réussite, jusqu'à ce que je retrouve une des robes de Pati chez moi, ensuite tout a été plus simple une fois costumé ^^
Non plus sérieusement l'idée première était de dépeindre effectivement "la minute" passée seule dans l'isoloir, et donc de "broder et de faire durer" sur ce qui peut passer à ce moment-là dans une tête. Le côté sensoriel décrypté et propre a cet instant nouveau devait être le sujet principal de mon texte, mais comme souvent, je m'évade rapidement vers autre chose...
Et désolé pour la taille de la police chère Admin, je tacherais d'y faire plus attention désormais.
Oui, j'avoue avoir sciemment abordé le sujet sur un ton léger, je n'avais pas saisi tout à fait le côté militant de la consigne, ou plutôt, j'ai pris la liberté de m'en affranchir dira-t-on. Mais je prends toutes les critiques avec intérêt, aucun souci, c'est cette Mimosa qui m'a porté vers la badinerie, comme d'habitude, c'est la faute des femmes...
Se mettre dans la peau d'une fille a été le challenge de ma journée, enfin d'une partie... J'avais des doutes sur ma réussite, jusqu'à ce que je retrouve une des robes de Pati chez moi, ensuite tout a été plus simple une fois costumé ^^
Non plus sérieusement l'idée première était de dépeindre effectivement "la minute" passée seule dans l'isoloir, et donc de "broder et de faire durer" sur ce qui peut passer à ce moment-là dans une tête. Le côté sensoriel décrypté et propre a cet instant nouveau devait être le sujet principal de mon texte, mais comme souvent, je m'évade rapidement vers autre chose...
Et désolé pour la taille de la police chère Admin, je tacherais d'y faire plus attention désormais.
Oui, j'avoue avoir sciemment abordé le sujet sur un ton léger, je n'avais pas saisi tout à fait le côté militant de la consigne, ou plutôt, j'ai pris la liberté de m'en affranchir dira-t-on. Mais je prends toutes les critiques avec intérêt, aucun souci, c'est cette Mimosa qui m'a porté vers la badinerie, comme d'habitude, c'est la faute des femmes...
Aldaron De Molégers- Occupe le terrain
- Humeur : Alternance de teintes du sombre au clair-obscur.
Re: Derrière le rideau.
Je découvre ton talent pour l'écriture...Comme j'ai le défaut de lire trop vite,je n'ai pas saisi à la première lecture de quoi tu causais au début ...
C'est vachement très travaillé, recherché... peut-être un peu trop pour moi.
Bravo quand même.
C'est vachement très travaillé, recherché... peut-être un peu trop pour moi.
Bravo quand même.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: Derrière le rideau.
Une écriture, un style, un nom, voilà qui me donne à penser que nous avons affaire à une plume de haute voltige ! Très bien envolés tes mots avec une légèreté de brise.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: Derrière le rideau.
Bonjour Aldaron !
Je te découvre en même temps que le texte et je me dis " Une sacrée belle écriture, cette nouvelle recrue"
J'arrive tard pour ajouter des comm's, mais j'étais assez fascinée par le premier paragraphe, tellement ciselé je pensais que tu parlais d'un parfum ! Parce que..Mimosa, Grasse etc....
Allez, c'est un bon début même si tout n'est pas parfait ! Mais qui peut se targuer de l'être ????
Je te découvre en même temps que le texte et je me dis " Une sacrée belle écriture, cette nouvelle recrue"
J'arrive tard pour ajouter des comm's, mais j'étais assez fascinée par le premier paragraphe, tellement ciselé je pensais que tu parlais d'un parfum ! Parce que..Mimosa, Grasse etc....
Allez, c'est un bon début même si tout n'est pas parfait ! Mais qui peut se targuer de l'être ????
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Derrière le rideau.
Tu as pris le même parti que moi : la femme qui en ce moment exceptionnel tient à analyser toutes ses sensations, ce que tu as d’ailleurs fait avec beaucoup plus de précision que moi, avec une profusion sensuelle très bien vue, dans l’olfactif et le tactile. Attention sensuelle tout à fait en accord avec la profession de parfumeuse de ta Mimosa.
Quelque petites remarques :
Un point m’a échappé : quand Mimosa regarde son impatient dans l’interstice de l’isoloir, elle pense non, je ne le connais pas. Et plus tard, elle le reconnaît…
De mon point de vue, le sujet n’impliquait pas à proprement parler » un texte militant », mais je trouve qu’il y a une contradiction entre le fait que Mimosa apparaît d’abord comme une citoyenne responsable, qui se fait une haute idée du vote, pour ensuite accorder tant d’importance au physique du candidat.
mon candidat à moi, il est jeune, de mon temps, et puis il est beau dans son costume. Pas comme les autres arriérés qui nous ont conduits à la boucherie
On a l’impression que pour l’électrice, l’opposition est entre arriérés qui nous ont conduits à la boucherie et il est beau dans son costume, attitude bien superficielle (là, je rejoins Admin)
cette illusion si longtemps refusée : ce n’est pas une illusion qui a été refusée. (y a-t-il figure de style sous roche ?)
Mais pour le reste, le texte est très bien écrit et encore une fois très riche de sensations.
Quelque petites remarques :
Un point m’a échappé : quand Mimosa regarde son impatient dans l’interstice de l’isoloir, elle pense non, je ne le connais pas. Et plus tard, elle le reconnaît…
De mon point de vue, le sujet n’impliquait pas à proprement parler » un texte militant », mais je trouve qu’il y a une contradiction entre le fait que Mimosa apparaît d’abord comme une citoyenne responsable, qui se fait une haute idée du vote, pour ensuite accorder tant d’importance au physique du candidat.
mon candidat à moi, il est jeune, de mon temps, et puis il est beau dans son costume. Pas comme les autres arriérés qui nous ont conduits à la boucherie
On a l’impression que pour l’électrice, l’opposition est entre arriérés qui nous ont conduits à la boucherie et il est beau dans son costume, attitude bien superficielle (là, je rejoins Admin)
cette illusion si longtemps refusée : ce n’est pas une illusion qui a été refusée. (y a-t-il figure de style sous roche ?)
Mais pour le reste, le texte est très bien écrit et encore une fois très riche de sensations.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
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