A. Adieu ma terre
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Escandélia
Admin
catsoniou
plumentete
July_C
Cassy
10 participants
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A. Adieu ma terre
Je pars le cœur en vrac, je quitte mon île pour toujours. Je n’ai jamais connu d’autre lieu et je n’aspire à aucune autre vie. Pourtant je pars.
Nous n’étions plus que trente-six, pas assez pour survivre aux conditions extrêmes de l’île. Nous avons tous signé la pétition réclamant notre évacuation. Le souhaitions-nous vraiment ? Les plus jeunes rêvaient d’Angleterre ou d’Australie. Nous avions vu partir nos frères ou nos sœurs au fil des ans, nous les avions parfois enviés et beaucoup hésitaient à faire de même. D’autres ne se voyaient pas vivre ailleurs que sur cette terre qui nous avait vus naître.
Mais ce jour-là nous avons tous signé, la mort dans l’âme, avec nos larmes, comprenant que ce voyage serait sans retour. Nous étions arrivés au bout de notre histoire d’amour avec cette terre mère. Une longue histoire remplie de joies mais aussi de souffrances, d’espoir mais aussi d’angoisse. Rester était devenu impossible, rester, c’était mourir.
Hier, nous nous sommes retrouvés autour de la grande table et nous avons pleuré, sur nos maisons que nous allions quittées, sur nos ancêtres enterrés dans le cimetière surplombant la falaise, et que nous abandonnions. J’ai serré dans mes bras mon ami, pour lui donner le courage qui pourtant me manquait.
Sur mon île aux oiseaux, battue aux quatre vents, j’ai étouffé le feu de mon foyer et fermé la porte à jamais. J’ai laissé les moutons s’éloigner sur les pentes escarpées et entamé mon chemin de croix. J’ai ôté mes chaussures pour sentir ma terre vibrer sous la plante de mes pieds. J’ai caressé une à une les pierres du muret jusqu’à l‘embarcadère.
Sur le pont du bateau, pour la première fois et la dernière fois de ma vie, je peux embrasser du regard mon île toute entière et je la trouve belle, si belle sous ce ciel pour une fois clément. Le bruit assourdissant des vagues se fracassant contre les rochers berce ma peine. Le cri des oiseaux couvre mes pleurs. Pourtant, l’océan ne parvient pas à engloutir mon chagrin.
Je quitte mon île pour toujours, L’adieu est déchirant, je ne m'en remettrai pas.
Nous n’étions plus que trente-six, pas assez pour survivre aux conditions extrêmes de l’île. Nous avons tous signé la pétition réclamant notre évacuation. Le souhaitions-nous vraiment ? Les plus jeunes rêvaient d’Angleterre ou d’Australie. Nous avions vu partir nos frères ou nos sœurs au fil des ans, nous les avions parfois enviés et beaucoup hésitaient à faire de même. D’autres ne se voyaient pas vivre ailleurs que sur cette terre qui nous avait vus naître.
Mais ce jour-là nous avons tous signé, la mort dans l’âme, avec nos larmes, comprenant que ce voyage serait sans retour. Nous étions arrivés au bout de notre histoire d’amour avec cette terre mère. Une longue histoire remplie de joies mais aussi de souffrances, d’espoir mais aussi d’angoisse. Rester était devenu impossible, rester, c’était mourir.
Hier, nous nous sommes retrouvés autour de la grande table et nous avons pleuré, sur nos maisons que nous allions quittées, sur nos ancêtres enterrés dans le cimetière surplombant la falaise, et que nous abandonnions. J’ai serré dans mes bras mon ami, pour lui donner le courage qui pourtant me manquait.
Sur mon île aux oiseaux, battue aux quatre vents, j’ai étouffé le feu de mon foyer et fermé la porte à jamais. J’ai laissé les moutons s’éloigner sur les pentes escarpées et entamé mon chemin de croix. J’ai ôté mes chaussures pour sentir ma terre vibrer sous la plante de mes pieds. J’ai caressé une à une les pierres du muret jusqu’à l‘embarcadère.
Sur le pont du bateau, pour la première fois et la dernière fois de ma vie, je peux embrasser du regard mon île toute entière et je la trouve belle, si belle sous ce ciel pour une fois clément. Le bruit assourdissant des vagues se fracassant contre les rochers berce ma peine. Le cri des oiseaux couvre mes pleurs. Pourtant, l’océan ne parvient pas à engloutir mon chagrin.
Je quitte mon île pour toujours, L’adieu est déchirant, je ne m'en remettrai pas.
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: A. Adieu ma terre
J'aime la sensibilité qui est en toi et ta manière de la mettre en mots.
En dehors de l'histoire de cette île qui est déjà émouvante, le fait de la faire vivre à travers des personnages met un accent particulièrement touchant.
Une lecture de plus qui me touche et à force me bouleverse.
Touchée en plein cœur !
En dehors de l'histoire de cette île qui est déjà émouvante, le fait de la faire vivre à travers des personnages met un accent particulièrement touchant.
Une lecture de plus qui me touche et à force me bouleverse.
Touchée en plein cœur !
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A. Adieu ma terre
J'aime comment tu restitues ce déchirement en faisant appel à tous les sens de ton personnage. Je l'imagine en effet caresser les murets et sentir sa terre sous ses pieds. Un texte empreint de sensibilité comme le dit July et qui bouleverse en effet.
plumentete- Kaléïd'habitué
- Humeur : heureuse attentive
Re: A. Adieu ma terre
J’ai laissé les moutons s’éloigner sur les pentes escarpées
Oui, il y a aussi cet aspect qui n'est pas soulevé dans les textes de référence : qu'est-il advenu du bétail auquel, les Saint - Kildiens étaient forcément très attachés? Certainement un crève -coeur de plus .
Ce qui m'interpelle et donne une fois de plus sa raison d'être à notre forum : au fil de la publication des sujets, le contexte se dessine d'une situation particulière ...
Bravo pour le choix du thème et Cassy nous émerveille encore ...
édité à nouveau pour cause d'erreur d'aiguillage
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Adieu ma terre
Je ne sais pas pour les vaches ( il y en avait quelques unes ) mais pour les moutons, c'est une race tres ancienne qui n'a pas besoin d'être tondue, elles ont pu survivre et il y en a toujours sur l'île.
Perso j'ai trouvé l'histoire de cette île passionnante et je suis ravie qu'elle vous ait aussi " envoûtés"
Perso j'ai trouvé l'histoire de cette île passionnante et je suis ravie qu'elle vous ait aussi " envoûtés"
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Adieu ma terre
Ta sensibilité a su rendre vivante dans nos coeurs cette tragédie. c'est toujours très émouvant de te lire, et là c'est encore plus fort s'agissant d'une histoire vraie.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Adieu ma terre
Je ne peux qu'adhérer à tout ce qui a été dit précédemment. J'aime beaucoup le dernier pèlerinage de ton héroïne et on l'imagine bien caressant une dernière fois les murets construits par ses ancêtres. Je pense que c'est là qu'elle a laissé son âme.
Invité- Invité
Re: A. Adieu ma terre
Superbe histoire d'amour et de haine, que tu nous racontes avec émotion et sensibilité, nous faisant entrer dans la vie et le coeur de la narratrice.
silhène- Kaléïd'habitué
- Humeur : la meilleure possible....
Re: A. Adieu ma terre
Ton texte est très émouvant et donne à comprendre l'attachement viscéral et sensuel des St Kildans à leur terre .
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Adieu ma terre
J'aime beaucoup l'histoire que tu nous contes, faisant appel à tous les sens et notamment le toucher qui est présent, palpable physiquement.
Je suis comme toi, cette histoire m'a touchée.
Je suis comme toi, cette histoire m'a touchée.
SO-leille- Kaléïd'habitué
- Humeur : Joyeuse
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