A. Retour au bercail
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Escandélia
Amanda.
catsoniou
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A. Retour au bercail
« La dernière de la file peut numéroter ses abatis », ainsi se pourléchait Soulane* , oursonne en quête de chair fraîche, selon son propre aveu. Cela, c'était au printemps dernier, quand on montait à l'alpage. Depuis lors, de l'eau a coulé dans les torrents et, Soulane et moi, chétive brebis, sommes devenues copines.
Oui, je sais, ce n'est pas dans l'ordre des choses … Je pourrais vous rétorquer qu'à l'heure où tout est bouleversé, rien n'est impossible.
Vous l'avouerais-je ? J'ai un peu honte … Mais un peu de honte est vite passé ; je suis saine et sauve, et de surcroît, je me suis bien remplumée. Les carnes du troupeau, celles que Brutus, abruti s'il en est, mais bélier de bon aloi, préférait, ces bestiasses bêlantes qui se prenaient pour des stars n'étaient que des figurantes bonnes à finir dans l'estomac de ma copine. Je ne les regrette point.
- Là, pauvre innocente, tu n' es pour rien dans leur tragique trépas, tempéra l'interlocuteur de l'agnelle.
- Enfin presque …
- Comment ça ? Tu ne veux pas dire que tu as sacrifié tes congénères en les poussant dans la gueule du loup ?
- Non, le loup est si cruel ! Soulane, d'un coup de patte délicat, envoyait en douceur ad patres l'agnelle qui, toute innocente, se fiant à mon appel soutenu, venait brouter l'herbe au pied du rocher convenu d'un commun accord avec ma copine. A l'abri du flair de Labri, ce grand patou qui caracole le long du troupeau, fier comme Artaban et loin du grand échalas nanti de son long bâton semblable à une canne épiscopale, Soulane usait de son pouvoir séculier.
- Oserais - tu prétendre que la bougresse bénéficiait d'un privilège discrétionnaire accordé par ma juridiction suprême ? De surcroît, n'es-tu pas honteuse d'avoir abusé de la confiance des ouilles ** , trompé l'un et l'autre, les vertueux gardiens du troupeau commun aux gens de la vallée ?
- Oui, Seigneur, humblement, au risque de vous déplaire, je crois à la mission confiée à la brave oursonne. Tout comme, j'en suis persuadée, vous fermiez les yeux sur les petites combines du chien et du berger …
- Alors là, tu en as trop dit ou pas assez. La vérité ! Je veux la vérité …
- Je ne suis pas une balance !
- Ne joue pas les vertueuses, accouche !
- Oh, ce n'était que des prélèvements indolores : quelques fromages vendus aux randonneurs de passage et un agneau par ci par là. Vous le savez, Seigneur, combien les temps sont durs et les salaires misérables. Quant au Labri, le gigot d'agneau cru, c'est son péché mignon.
- Ma colère sera terrible ! s'emporta le Créateur.
Joignant le geste à la parole, il dépêcha sur les pentes de la montagne éclairs, coups de tonnerre et averse conséquente, préservant toutefois la vallée et le patrimoine des gens de la vallée.
Il ne mit pas la mode au pays : il en va souvent ainsi de la colère des puissants confrontés à une malversation trop évidente. Le lampiste trinque et les profiteurs sont épargnés.
Indemne, la copine de Soulane vit périr une innocente brebis sous un rocher détaché de la falaise dont un éclat atteignit le chien qui boitilla quelques jours et le berger blasphéma contre cette grêle inopportune. Galurin percé, épouse chère et tendre, néanmoins avaricieuse, courroucée par ce gâchis, la fête du retour d'estives ne sera- t-elle pas gâchée par la soupe à la grimace suivie d'un refus nocturne. Tout ça pour un chapeau !
Oui, je sais, ce n'est pas dans l'ordre des choses … Je pourrais vous rétorquer qu'à l'heure où tout est bouleversé, rien n'est impossible.
Vous l'avouerais-je ? J'ai un peu honte … Mais un peu de honte est vite passé ; je suis saine et sauve, et de surcroît, je me suis bien remplumée. Les carnes du troupeau, celles que Brutus, abruti s'il en est, mais bélier de bon aloi, préférait, ces bestiasses bêlantes qui se prenaient pour des stars n'étaient que des figurantes bonnes à finir dans l'estomac de ma copine. Je ne les regrette point.
- Là, pauvre innocente, tu n' es pour rien dans leur tragique trépas, tempéra l'interlocuteur de l'agnelle.
- Enfin presque …
- Comment ça ? Tu ne veux pas dire que tu as sacrifié tes congénères en les poussant dans la gueule du loup ?
- Non, le loup est si cruel ! Soulane, d'un coup de patte délicat, envoyait en douceur ad patres l'agnelle qui, toute innocente, se fiant à mon appel soutenu, venait brouter l'herbe au pied du rocher convenu d'un commun accord avec ma copine. A l'abri du flair de Labri, ce grand patou qui caracole le long du troupeau, fier comme Artaban et loin du grand échalas nanti de son long bâton semblable à une canne épiscopale, Soulane usait de son pouvoir séculier.
- Oserais - tu prétendre que la bougresse bénéficiait d'un privilège discrétionnaire accordé par ma juridiction suprême ? De surcroît, n'es-tu pas honteuse d'avoir abusé de la confiance des ouilles ** , trompé l'un et l'autre, les vertueux gardiens du troupeau commun aux gens de la vallée ?
- Oui, Seigneur, humblement, au risque de vous déplaire, je crois à la mission confiée à la brave oursonne. Tout comme, j'en suis persuadée, vous fermiez les yeux sur les petites combines du chien et du berger …
- Alors là, tu en as trop dit ou pas assez. La vérité ! Je veux la vérité …
- Je ne suis pas une balance !
- Ne joue pas les vertueuses, accouche !
- Oh, ce n'était que des prélèvements indolores : quelques fromages vendus aux randonneurs de passage et un agneau par ci par là. Vous le savez, Seigneur, combien les temps sont durs et les salaires misérables. Quant au Labri, le gigot d'agneau cru, c'est son péché mignon.
- Ma colère sera terrible ! s'emporta le Créateur.
Joignant le geste à la parole, il dépêcha sur les pentes de la montagne éclairs, coups de tonnerre et averse conséquente, préservant toutefois la vallée et le patrimoine des gens de la vallée.
Il ne mit pas la mode au pays : il en va souvent ainsi de la colère des puissants confrontés à une malversation trop évidente. Le lampiste trinque et les profiteurs sont épargnés.
Indemne, la copine de Soulane vit périr une innocente brebis sous un rocher détaché de la falaise dont un éclat atteignit le chien qui boitilla quelques jours et le berger blasphéma contre cette grêle inopportune. Galurin percé, épouse chère et tendre, néanmoins avaricieuse, courroucée par ce gâchis, la fête du retour d'estives ne sera- t-elle pas gâchée par la soupe à la grimace suivie d'un refus nocturne. Tout ça pour un chapeau !
* voir consigne 308
* * on l'aura compris, venant du lointain Limousin, certaines pouvaient se prévaloir de ce titre...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Retour au bercail
Je n'avais pas lu ( sans doute perdue au fond de ma Garrigue) le début de l'histoire de Soulane, oubli, omission réparée.
C'était déjà savoureux !
La suite ici vaut son pesant d'or. Je vois aussi que le Tout Puissant tel que décrit dans le film " Le Tout Nouveau Testament" fait des émules chez toi et que son courroux occasionne bien des tourments !
J'adore ce genre de texte, avec ton côté conteur de fables dans lequel tu excelles. Avec toujours une touche moralisatrice comme il se doit !
Il ne mit pas la mode au pays : il en va souvent ainsi de la colère des puissants confrontés à une malversation trop évidente. Le lampiste trinque et les profiteurs sont épargnés.
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Retour au bercail
Comme Amanda, j'ai bien aimé cette fable de l'ourse et de l'agnelle. Quand aux puissants, qui sait si un jour, ils n'auront pas sur leur chemin une oursonne vorace ?
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Retour au bercail
Amanda écrit :
Chut !!!!!! Le moment venu, je devrais rendre des comptes pour cette utilisation des pensées du Seigneur sans autorisation préalable . Comment pourrais-je bénéficier de sa clémence ?
Peut-être avec une fiole de ratafia ?
le Tout Puissant tel que décrit dans le film " Le Tout Nouveau Testament" fait des émules chez toi
Chut !!!!!! Le moment venu, je devrais rendre des comptes pour cette utilisation des pensées du Seigneur sans autorisation préalable . Comment pourrais-je bénéficier de sa clémence ?
Peut-être avec une fiole de ratafia ?
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Retour au bercail
Ton texte est très enlevé Cats et j'aime ça ! Mais je me suis un peu perdue dans tes personnages.
Invité- Invité
Re: A. Retour au bercail
Je n'ai pas le même avis que les autres
Je trouve ton texte brouillon (moi aussi je me suis perdue dans tes différents personnages) et surtout tes phrases sont interminables
Je trouve ton texte brouillon (moi aussi je me suis perdue dans tes différents personnages) et surtout tes phrases sont interminables
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Retour au bercail
Je crois, en effet, que ton texte gagnerait en clarté si les deux interlocuteurs (la brebis transfuge et son Créateur) étaient posés dès le début. Les autres personnages n'intervenant pas et étant seulement cités au cours du dialogue.
J'ai apprécié la morale universelle de cette fable et je pense que La Fontaine a dû, en son temps, écrire quelque maxime sur ce sujet-là.
J'ai apprécié la morale universelle de cette fable et je pense que La Fontaine a dû, en son temps, écrire quelque maxime sur ce sujet-là.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Retour au bercail
Brouillon ? Ce n'est pas mon avis et forcément, je le partage
Parce que vous croyez que Dieu s'assoit en face de vous pour discuter? Mais non ! S'il agissait comme le commun des mortels, serait-il Dieu ?
La brebis soliloque et quand elle se remémore ses congénères disparues et sa complicité, v'là le Seigneur, celui qui lit dans les âmes, qui s'invite et cela devient un dialogue ...
Quand aux phrases interminables, Admin, voyons ! Les voies du Seigneur sont impénétrables ... Et la façon d'écrire du cats n'est pas linéaire ! Et je crois me souvenir d'une consigne où il nous était demandé de faire un texte d'une seule phrase et pour moi, c'était "la piquette" ... Vérification faite , la phrase la plus longue contient 39 mots . Je suis battu de plusieurs longueurs par Marcel Proust : 243 mots ...
Bref, on l'aura compris, au risque de paraître présomptueux, mon recours au bercail me plait bien ...
Parce que vous croyez que Dieu s'assoit en face de vous pour discuter? Mais non ! S'il agissait comme le commun des mortels, serait-il Dieu ?
La brebis soliloque et quand elle se remémore ses congénères disparues et sa complicité, v'là le Seigneur, celui qui lit dans les âmes, qui s'invite et cela devient un dialogue ...
Quand aux phrases interminables, Admin, voyons ! Les voies du Seigneur sont impénétrables ... Et la façon d'écrire du cats n'est pas linéaire ! Et je crois me souvenir d'une consigne où il nous était demandé de faire un texte d'une seule phrase et pour moi, c'était "la piquette" ... Vérification faite , la phrase la plus longue contient 39 mots . Je suis battu de plusieurs longueurs par Marcel Proust : 243 mots ...
Bref, on l'aura compris, au risque de paraître présomptueux, mon recours au bercail me plait bien ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Retour au bercail
Je pense néanmoins que, dans cet exercice, c'est TOI le Créateur, et donc, tu as le droit de faire ce que tu veux, y compris de tenir compte des observations qui te sont faites . A moins que tu ne sois comme Stephen King qui prétend "écouter et suivre" ses personnages.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Retour au bercail
Le style est truculent, mais comme Admin et Nerwen et Yvanne, je me suis un peu ( et même beaucoup) perdu dans ce texte. J'irai lire le 308, peut-être cela m'éclairera-t-il.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: A. Retour au bercail
N'en faisons pas un fromage ( c'est de rigueur avec les brebis ! ). Cependant, convenez qu'en matière d'écriture, il y a comme les pierres dans mon jardin, mille et une façons d'enchaîner mots et phrases en corrélation avec les idées sans que l'aboutissement soit forcément évident du point de vue démonstration et cohérence.
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Retour au bercail
Il est vrai que ton texte réclame une seconde lecture pour que tout s'éclaire. Ce qui m'étonne, c'est que Dieu, qui voit tout, ce soit laissé surprendre! Ceci dit, j'apprécie encore et toujours ta manière de raconter, et aussi de répondre aux commentaires qui te sont adressés!
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
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