A. Dans la marge
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Christa77
madeleinedeproust
Nerwen
Admin
Amanda.
Escandélia
Bruyère
11 participants
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A. Dans la marge
Traversée par une disparition dont je n'arrivais pas à me délivrer, j'ai rencontré au travers de mots écrits dans un recueil de poèmes cette blessure partagée. Je me suis sentie serrée entre ces vers qui effleuraient ce qui ne peut se dire, avec toute la réalité d'un vécu similaire au sein de ces jours terreux où l'on se croit si seul. J'ai toujours pensé qu'un livre est écrit pour tous mais qu'il peut n'être destiné qu'à une personne en particulier.
Celui-là avait été écrit avec les mots qui saignaient entre mes lèvres. Ils disaient l'avant de la perte et l'après, la recherche d'une issue qui ne se peut, le cri coincé dans la gorge ou qui éclate, cette charpie intérieure qui dévore le ventre. Il disait les gestes du quotidien, emplis de lenteur, qui continuent à se faire : on prépare le repas, on étend le linge, on nettoie la table. On est entré dans un autre univers, le parcours sera long, il faut garder des forces et il n'y a rien à comprendre.
On vous dit avec ménagement que ça va finir par passer, on colmate avec quelques mots, mais ce n'est pas la peine d'aller contre, on se raccroche à ce qu'on peut, on continue d'avancer chaque jour en disant on va y arriver. Sur ces chemins de langue partagée, on respire un peu sur les bords, un travail lent se fait dans la marge, il y a encore des montées d'angoisse ou de blues, mais une terre ferme nous épaule où on peut à nouveau poser le pied et avancer. On se cogne moins aux écueils, on prend plaisir aux souvenirs, surtout les bons, on n'oublie rien mais on voile un peu.
L'écharde est toujours là, elle remue plus loin au fond. On se débrouille avec soi et ces mots là écrits dans un livre, comme de petites lumières au bord du chemin. On regarde à nouveau le jardin et le bleu qui lave le vert, on essaye de doser le silence et les autres, les mots se font plus nombreux. Le poète a tendu sa main, on redresse l'échine.
Celui-là avait été écrit avec les mots qui saignaient entre mes lèvres. Ils disaient l'avant de la perte et l'après, la recherche d'une issue qui ne se peut, le cri coincé dans la gorge ou qui éclate, cette charpie intérieure qui dévore le ventre. Il disait les gestes du quotidien, emplis de lenteur, qui continuent à se faire : on prépare le repas, on étend le linge, on nettoie la table. On est entré dans un autre univers, le parcours sera long, il faut garder des forces et il n'y a rien à comprendre.
On vous dit avec ménagement que ça va finir par passer, on colmate avec quelques mots, mais ce n'est pas la peine d'aller contre, on se raccroche à ce qu'on peut, on continue d'avancer chaque jour en disant on va y arriver. Sur ces chemins de langue partagée, on respire un peu sur les bords, un travail lent se fait dans la marge, il y a encore des montées d'angoisse ou de blues, mais une terre ferme nous épaule où on peut à nouveau poser le pied et avancer. On se cogne moins aux écueils, on prend plaisir aux souvenirs, surtout les bons, on n'oublie rien mais on voile un peu.
L'écharde est toujours là, elle remue plus loin au fond. On se débrouille avec soi et ces mots là écrits dans un livre, comme de petites lumières au bord du chemin. On regarde à nouveau le jardin et le bleu qui lave le vert, on essaye de doser le silence et les autres, les mots se font plus nombreux. Le poète a tendu sa main, on redresse l'échine.
Bruyère- Kaléïd'habitué
- Humeur : apaisée
Re: A. Dans la marge
Poser des mots sur un deuil ? N'en est ce pas là le commencement ? Je partage l'idée que dans ces moments là, où on est plus sensible à la douleur, on est aussi plus réceptif à celle de l'autre. Dépeinte par quelqu'un qui l'a déjà éprouvée nous réconforte, nous rassure quelque part : "je ne suis pas seul". Très bien relaté Bruyère, et c'est un très beau texte où tu redonnes bien la dimension des choses, de la douleur aux simples gestes du quotidien.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Dans la marge
C'est un texte magnifique, Bruyère !
Trouver les mots justes pour évoquer la perte d'un être cher, voilà une tâche ardue.
Tu dépeins très bien, pas à pas, le lourd fardeau que tu connais.
Et je te crois sincèrement quand tu nous dis que c'est un livre qui est ton soutien, peut-être bien plus que des pauvres humains qui croient bien faire, mais ne trouvent souvent pas les mots pour le dire !
Trouver les mots justes pour évoquer la perte d'un être cher, voilà une tâche ardue.
Tu dépeins très bien, pas à pas, le lourd fardeau que tu connais.
Et je te crois sincèrement quand tu nous dis que c'est un livre qui est ton soutien, peut-être bien plus que des pauvres humains qui croient bien faire, mais ne trouvent souvent pas les mots pour le dire !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Dans la marge
Ton texte me bouleverse Bruyère. Je te connais surtout à travers tes magnifiques poèmes et là, je te découvre un peu plus. Une mise à nue qui me donne envie de te dire merci de ta confiance en nous offrant ce texte profond et auquel chacun d'entre nous peut s'identifier
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Dans la marge
Un texte très émouvant qui nous parle de la douleur mais aussi de l'apaisement grâce à la puissance des mots .
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Dans la marge
Un texte superbe Bruyère, tout en finesse et en délicatesse et empreint d'émotion.
madeleinedeproust- Kaléïd'habitué
- Humeur : littéraire
Re: A. Dans la marge
Magnifique texte Bruyère, tes mots m'ont vraiment fait ressentir, vivre ton texte. Merci.
Christa77- Kaléïd'habitué
- Humeur : Rêveuse
Re: A. Dans la marge
Je reconnais bien là - à travers tes mots lourds de sens et cependant légers en fin de compte par l'espoir qu'ils apportent - ta sensibilité, Bruyère. Un magnifique texte que j'ai beaucoup aimé.
Invité- Invité
Re: A. Dans la marge
Quelle sensibilité dans ton texte.
Qui m'a accroché du début jusqu'à son dernier mot.
J'aime les images, les comparaisons, qui me font ressentir encore plus le pouvoir du livre.
Finalement, lire, n'est-ce pas un peu un voyage que l'on fait avec soi-même ?
Une conversation silencieuse que l'on tient seul sans le savoir vraiment ?
Presque comme un retour aux sources de ce que nous traversons ?
Merci pour ce beau texte que tu as partagé avec nous !
Qui m'a accroché du début jusqu'à son dernier mot.
J'aime les images, les comparaisons, qui me font ressentir encore plus le pouvoir du livre.
Finalement, lire, n'est-ce pas un peu un voyage que l'on fait avec soi-même ?
Une conversation silencieuse que l'on tient seul sans le savoir vraiment ?
Presque comme un retour aux sources de ce que nous traversons ?
Merci pour ce beau texte que tu as partagé avec nous !
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A. Dans la marge
Ton texte est superbe, des mots comme des cicatrices. Une émotion qui persiste après sa lecture.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Dans la marge
Magnifique écriture composée comme un tableau : par petites touches, se dessine, un ressenti, des sentiments ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Dans la marge
Les poètes vont à l’essentiel en peu de mots et c’est aussi ce que tu fais dans ce texte. Tes mots sont à la fois simples et justes, évitant tous les clichés et exprimant le plus profond des sensations et des sentiments. (cette charpie intérieure qui dévore le ventre ou ces chemins de langue partagée. Mais il faudrait tout citer) Tu nous donnes un exemple de ce qu’est et de ce que peut l'écriture au sens le plus exigeant .
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
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