A- Loin, très loin
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A- Loin, très loin
J’ai mis l’eau à chauffer en espérant qu’un bon café bien serré, à l’italienne, m’aidera à sortir du cauchemar de cette nuit.
Dans mon rêve, j’ai voulu arrêter cet homme, sans y parvenir, sans même savoir s’il allait revenir.
Je ne connais pas son nom et j’ignore comment nous nous sommes trouvés à dialoguer chez moi. Nous évoquions le monde et l’actualité de l’année écoulée.
Les cadavres d’enfants échoués sur nos plages, les milliers de migrants refoulés ; il se penchait vers son sac pour le remplir en murmurant « je partirai loin »,
Le tyran sanguinaire avec qui nous devons composer pour combattre Daesh, il disait « loin »
Les dizaines de vies innocentes, fauchées par des fous shootés de fanatisme. Il entassait dans son sac en disant « très loin »
L’ineptie des 60 milliardaires les plus riches du monde qui accumulent autant de richesses que les 3,4 milliards de pauvres. Les mers qui gonflent du chagrin causé à la terre. Les centaines de femmes agressées la nuit du nouvel an. Les scandales des constructeurs automobiles, des banquiers. Les trucages dans les jeux et les sports. On ne sait même plus quoi manger. La montée des extrêmes, les deux blondes qui sévissent du nord au sud, et…
Fiévreusement, avec rage l’homme bourrait son sac. Puis soudain j’ai compris. Comme un brigand, c’étaient toutes mes illusions qu’il fourguait dans son sac.
Trop tard, l’homme en noir s’était levé, et l’air déterminé il traversait déjà le port. J’ai tenté de le retenir, je l’ai supplié de rester, de me dire au moins où il allait, qu’il y a la conférence de Paris, l’Abbé Pierre, les actions humanitaires, tous les hommes de bonnes volontés, les avancées scientifiques…
Rien n’y fit, « pas de quoi payer le ticket retour ! » a-t-il sifflé entre les dents. Puis il a disparu.
Ce matin, mon café garde un goût amer.
Dans mon rêve, j’ai voulu arrêter cet homme, sans y parvenir, sans même savoir s’il allait revenir.
Je ne connais pas son nom et j’ignore comment nous nous sommes trouvés à dialoguer chez moi. Nous évoquions le monde et l’actualité de l’année écoulée.
Les cadavres d’enfants échoués sur nos plages, les milliers de migrants refoulés ; il se penchait vers son sac pour le remplir en murmurant « je partirai loin »,
Le tyran sanguinaire avec qui nous devons composer pour combattre Daesh, il disait « loin »
Les dizaines de vies innocentes, fauchées par des fous shootés de fanatisme. Il entassait dans son sac en disant « très loin »
L’ineptie des 60 milliardaires les plus riches du monde qui accumulent autant de richesses que les 3,4 milliards de pauvres. Les mers qui gonflent du chagrin causé à la terre. Les centaines de femmes agressées la nuit du nouvel an. Les scandales des constructeurs automobiles, des banquiers. Les trucages dans les jeux et les sports. On ne sait même plus quoi manger. La montée des extrêmes, les deux blondes qui sévissent du nord au sud, et…
Fiévreusement, avec rage l’homme bourrait son sac. Puis soudain j’ai compris. Comme un brigand, c’étaient toutes mes illusions qu’il fourguait dans son sac.
Trop tard, l’homme en noir s’était levé, et l’air déterminé il traversait déjà le port. J’ai tenté de le retenir, je l’ai supplié de rester, de me dire au moins où il allait, qu’il y a la conférence de Paris, l’Abbé Pierre, les actions humanitaires, tous les hommes de bonnes volontés, les avancées scientifiques…
Rien n’y fit, « pas de quoi payer le ticket retour ! » a-t-il sifflé entre les dents. Puis il a disparu.
Ce matin, mon café garde un goût amer.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A- Loin, très loin
En te lisant je comprends l'homme noir comme une sorte d'allégorie du désespoir qui emporte inexorablement les illusions.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A- Loin, très loin
Très belles images mises dans le sac !
Finalement... ça ne fait pas de mal... de partir... Mais où que tu te trouves.... y'aurait des choses à mettre dans ce sac. (moi qui reviens de "loin")
J'aime beaucoup beaucoup ton texte !
Finalement... ça ne fait pas de mal... de partir... Mais où que tu te trouves.... y'aurait des choses à mettre dans ce sac. (moi qui reviens de "loin")
J'aime beaucoup beaucoup ton texte !
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A- Loin, très loin
Les illusions , oui, sans doute, mais il y a aussi les espérances. Ne dit on pas que c'est lorsque la nuit est la plus noire que l'aube est la plus proche. Et si ce n'est pas maintenant, on s'en rapproche quand même !
et puis on peut aussi penser que c'est tout ce dont il faut se débarrasser que l'homme entasse dans son sac, et là on se dit, il ne l'emportera jamais assez loin.
et puis on peut aussi penser que c'est tout ce dont il faut se débarrasser que l'homme entasse dans son sac, et là on se dit, il ne l'emportera jamais assez loin.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A- Loin, très loin
Il faudrait un très grand sac pour y mettre tout le malheur du monde.
J'aime beaucoup ta chute réaliste qui se raccroche adroitement à la phrase imposée par la consigne.
J'aime beaucoup ta chute réaliste qui se raccroche adroitement à la phrase imposée par la consigne.
Invité- Invité
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