A. Le monde de nos enfants
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catsoniou
July_C
Charlotte
Nerwen
Escandélia
Amanda.
Myrte
11 participants
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A. Le monde de nos enfants
Le 13 tombe un vendredi. Je n’ai jamais été superstitieuse, mais aujourd’hui j’ai peur. Ils ont gâché ma vie.
Il fait beau pour un mois de novembre, mais je ne peux plus profiter du soleil comme tous ces gens en terrasse qui finissent leur petit déjeuner. J’aurais aimé prendre du bon temps avec eux, mais ça m’est impossible. Il me suffirait simplement de prendre un tabouret et de bavarder avec eux, mais c’est trop difficile.
Alors, je continue mon chemin. Je vais retrouver les enfants du collège. À dix heures, j’aurai cours avec les sixièmes E. C’est la classe la plus agitée. Ils n’aiment pas les sciences de la vie et de la terre – comme les autres matières –, mais je les leurs enseignerai quoi qu’il arrive.
Puis, l’après-midi, ça sera au tour des troisièmes B. Ceux qui ne font plus leurs devoirs. Leurs parents écrivent leurs dissertations de français pour eux. Je m’interroge sur l’utilité de ce travail. Si seulement cela pouvait profiter aux parents. Mais les parents se réduisent au simple exercice de grammaire et de conjugaison.
J’ai peur pour leurs enfants, comme j’ai peur pour moi, comme j’ai peur pour ce monde. Je ne pose plus un pied devant l’autre sans y penser.
Si on pouvait redonner confiance aux parents et aux enfants en l’éducation, alors peut-être que le monde changerait.
Théo a dit hier qu’il ne ferait pas la minute de silence ; j’ai peur. Quel monde laissons-nous à nos enfants ? Un monde où internet va plus vite que l’enseignement ? On leur apprend une chose, ils ont déjà appris le contraire. Comment changer l’âme d’un enfant pervertie ?
Je comprends ces gens qui ont choisi de ne pas se battre et de fuir leur pays. Ils luttent pour l’avenir de leurs enfants. Qui voudrait faire de son fils un terroriste ? Qui voudrait faire de sa fille une kamikaze ?
Comment une telle inhumanité peut-elle exister ? Je n’arrive pas à croire qu’il y a cinq ans, des hommes tuaient des êtres humains. Je n’étais pas sur les lieux, je n’avais pas de proches là-bas ; pourtant, je suis une de leurs victimes. Il n’y a plus un jour sans que je pense à l’horreur de ce monde. Ce monde d’hier, qui est le monde d’aujourd’hui, qui est le monde de demain. Et demain, nous serons le vendredi 13 novembre 2020, je passerai devant les terrasses pour aller enseigner les fondamentaux aux enfants.
Il fait beau pour un mois de novembre, mais je ne peux plus profiter du soleil comme tous ces gens en terrasse qui finissent leur petit déjeuner. J’aurais aimé prendre du bon temps avec eux, mais ça m’est impossible. Il me suffirait simplement de prendre un tabouret et de bavarder avec eux, mais c’est trop difficile.
Alors, je continue mon chemin. Je vais retrouver les enfants du collège. À dix heures, j’aurai cours avec les sixièmes E. C’est la classe la plus agitée. Ils n’aiment pas les sciences de la vie et de la terre – comme les autres matières –, mais je les leurs enseignerai quoi qu’il arrive.
Puis, l’après-midi, ça sera au tour des troisièmes B. Ceux qui ne font plus leurs devoirs. Leurs parents écrivent leurs dissertations de français pour eux. Je m’interroge sur l’utilité de ce travail. Si seulement cela pouvait profiter aux parents. Mais les parents se réduisent au simple exercice de grammaire et de conjugaison.
J’ai peur pour leurs enfants, comme j’ai peur pour moi, comme j’ai peur pour ce monde. Je ne pose plus un pied devant l’autre sans y penser.
Si on pouvait redonner confiance aux parents et aux enfants en l’éducation, alors peut-être que le monde changerait.
Théo a dit hier qu’il ne ferait pas la minute de silence ; j’ai peur. Quel monde laissons-nous à nos enfants ? Un monde où internet va plus vite que l’enseignement ? On leur apprend une chose, ils ont déjà appris le contraire. Comment changer l’âme d’un enfant pervertie ?
Je comprends ces gens qui ont choisi de ne pas se battre et de fuir leur pays. Ils luttent pour l’avenir de leurs enfants. Qui voudrait faire de son fils un terroriste ? Qui voudrait faire de sa fille une kamikaze ?
Comment une telle inhumanité peut-elle exister ? Je n’arrive pas à croire qu’il y a cinq ans, des hommes tuaient des êtres humains. Je n’étais pas sur les lieux, je n’avais pas de proches là-bas ; pourtant, je suis une de leurs victimes. Il n’y a plus un jour sans que je pense à l’horreur de ce monde. Ce monde d’hier, qui est le monde d’aujourd’hui, qui est le monde de demain. Et demain, nous serons le vendredi 13 novembre 2020, je passerai devant les terrasses pour aller enseigner les fondamentaux aux enfants.
J'ai hésité avant de poster ce texte en raison du sujet et de mon jeune âge. Finalement, il faut que ça sorte, à vous d'en penser ce que vous voulez.
Osi- Kaléïd'habitué
- Humeur : Variable
Re: A. Le monde de nos enfants
Un texte très touchant qui laisse songeur. J'aime la façon dont tu t'aies approprié la consigne sans oublier la photo.
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Le monde de nos enfants
Osi, ton texte me touche beaucoup.
En tant que personne mais aussi en tant qu'ex-enseignante.
La personne que tu fais parler, aurait bien besoin d'encouragements comme tout le monde.
Comme enseignante, j'ai toujours pensé qu'il ne fallait pas baisser les bras, quitte à seulement " toucher" ne fut-ce qu'un minorité.
On sème à tout vent mais la récolte est maigre c'est vrai, mais quand même quelque chose pousse.
Tu décris à merveille la situation actuelle, les parents qui font les devoirs des enfants, les élèves qui baissent les bras.
Et de un, ils ne sont pas tous comme cela, c'est sûr !
Et de deux, le monde change c'est vrai, mais il ne faut pas se laisser envahir par la peur, ni le découragement.
J'ai bien aimé la fin qui sonne comme un espoir pour moi, elle continuera à enseigner même en 2020 !
Ou alors, je n'ai pas compris ????
Osi, tu nous livres tes sentiments, tu doutes, tu te poses des questions. On est tous pareils tu sais !
pour ce texte pas facile, bien en rapport avec la photo aussi !
En tant que personne mais aussi en tant qu'ex-enseignante.
La personne que tu fais parler, aurait bien besoin d'encouragements comme tout le monde.
Comme enseignante, j'ai toujours pensé qu'il ne fallait pas baisser les bras, quitte à seulement " toucher" ne fut-ce qu'un minorité.
On sème à tout vent mais la récolte est maigre c'est vrai, mais quand même quelque chose pousse.
Tu décris à merveille la situation actuelle, les parents qui font les devoirs des enfants, les élèves qui baissent les bras.
Et de un, ils ne sont pas tous comme cela, c'est sûr !
Et de deux, le monde change c'est vrai, mais il ne faut pas se laisser envahir par la peur, ni le découragement.
J'ai bien aimé la fin qui sonne comme un espoir pour moi, elle continuera à enseigner même en 2020 !
Ou alors, je n'ai pas compris ????
Osi, tu nous livres tes sentiments, tu doutes, tu te poses des questions. On est tous pareils tu sais !
pour ce texte pas facile, bien en rapport avec la photo aussi !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Le monde de nos enfants
Tu as choisi un texte qui nous pousse dans nos retranchements. Ceux où il faut bien aller si on eut tout explorer. Nous ne sommes pas sans responsabilité face à ce monde qui va tellement de travers. Le lien avec le 13 novembre ? Sur que cette fois là, le vendredi 13 n'a pas porté chance !
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Le monde de nos enfants
C'est un texte fort et tu as eu raison de "le faire sortir" comme tu dis. Ex enseignante aussi, je partage ton inquiétude, car je ne vois pas le moyen de renverser la vapeur. La situation ne va pas s'améliorer d'ici 2020 et je crains, hélas, que ce ne soit pas de la science-fiction
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Le monde de nos enfants
Ton texte est très bon mais je ne peux pas partager tes sentiments.La peur est mauvaise conseillère. Le pessimisme aussi. Il vaut mieux je crois insuffler de la force, du courage,montrer l'exemple et ne pas sombrer dans la sinistrose.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Le monde de nos enfants
Texte très touchant bien que l'enseignante ait besoin de courage pour ne pas se laisser embarquer dans la peur. Et de continuer de croire que ce qu'elle va transmettre en terme d'humanité, de relation avec l'autre, pourra au moins apporter à ces enfants. Peut-être pas à tous mais au moins à quelques uns, et ce sera déjà une vraie victoire !
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A. Le monde de nos enfants
Oui, enseigner est un très beau métier. L'exercer dans le contexte actuel n'est certainement pas une sinécure, mais se laisser submerger par le doute ne peut qu'aggraver les difficultés. Apparaitre bardé de certitudes ne se conclurait sans doute pas par une considération plus grande de la part des élèves ...
Enfin, ce que je dis là est l'avis d'un homme totalement étranger à ce métier ...
Enfin, ce que je dis là est l'avis d'un homme totalement étranger à ce métier ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Le monde de nos enfants
Plusieurs années d'absence de Kale t'ont apportée une maturité incontestable , à toi comme a ta plume.
Tu avais déjà un joli brin de plume avec les défaut de l'enfance , bien que tres prometteuse.
Quelques années plus tard ta plume a évolué et l'expérience aidant tu nous livres ici un texte bien ficelé, autant par la forme que par le fond.
C'est vrai qu'il y a du pessimisme dans cette enseignante, mais elle reflète une partie de ce que pensent les enseignants. Il y a ceux qui croient encore en leur métier et ceux qui ont baissé les bras.
Un texte qui me touche aussi puisque ma fille est prof dans un collège classé prévention violence . L'occasion pour moi de lui rendre hommage: elle ne baisse pas les bras
Bravo Osi
Tu avais déjà un joli brin de plume avec les défaut de l'enfance , bien que tres prometteuse.
Quelques années plus tard ta plume a évolué et l'expérience aidant tu nous livres ici un texte bien ficelé, autant par la forme que par le fond.
C'est vrai qu'il y a du pessimisme dans cette enseignante, mais elle reflète une partie de ce que pensent les enseignants. Il y a ceux qui croient encore en leur métier et ceux qui ont baissé les bras.
Un texte qui me touche aussi puisque ma fille est prof dans un collège classé prévention violence . L'occasion pour moi de lui rendre hommage: elle ne baisse pas les bras
Bravo Osi
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Le monde de nos enfants
Merci.
C'est vrai que mon personnage est assez pessimiste (même beaucoup quand je relis), mais j'ai quand même voulu finir sur une note d'espoir : elle continue à enseigner, et même si elle n'a pas l'air d'être très confiante, elle garde espoir.
Amanda, j'avais écris ce texte en imaginant qu'on était en 2020, mais c'est pas vraiment important que l'histoire se déroule en 2016 ou en 2020. C'est vrai que le monde a le temps d'évoluer d'ici-là... Espérons que ce sera en bien.
Tu as raison Charlotte, il aurait fallut un texte qui donne plus de courage.
Je pense que c'est grâce aux gens comme ta fille admin que le monde pourra changer en mieux. Je lui souhaite d'amener ses élèves le plus loin possible, de les tirer vers le haut.
C'est vrai que mon personnage est assez pessimiste (même beaucoup quand je relis), mais j'ai quand même voulu finir sur une note d'espoir : elle continue à enseigner, et même si elle n'a pas l'air d'être très confiante, elle garde espoir.
Amanda, j'avais écris ce texte en imaginant qu'on était en 2020, mais c'est pas vraiment important que l'histoire se déroule en 2016 ou en 2020. C'est vrai que le monde a le temps d'évoluer d'ici-là... Espérons que ce sera en bien.
Tu as raison Charlotte, il aurait fallut un texte qui donne plus de courage.
Je pense que c'est grâce aux gens comme ta fille admin que le monde pourra changer en mieux. Je lui souhaite d'amener ses élèves le plus loin possible, de les tirer vers le haut.
Osi- Kaléïd'habitué
- Humeur : Variable
Re: A. Le monde de nos enfants
Que dire de plus.
Un très beau texte.
Touchant pour les professeurs, notamment de SVT, mais qui délivre un message tellement censé.
Ne jamais perdre espoir.
Un très beau texte.
Touchant pour les professeurs, notamment de SVT, mais qui délivre un message tellement censé.
Ne jamais perdre espoir.
Cara1234- Kaléïd'habitué
- Humeur : Badine
Re: A. Le monde de nos enfants
Que dire de plus...
Tu as choisi de mettre en scène la femme qui marche de dos sur la photo et tu nous fais part de ses craintes, de ses interrogations, que nous avons tous en nous quelque part.
Tu as écris en commentaire qu'il fallait que ce texte sorte et c'est super
Tu as choisi de mettre en scène la femme qui marche de dos sur la photo et tu nous fais part de ses craintes, de ses interrogations, que nous avons tous en nous quelque part.
Tu as écris en commentaire qu'il fallait que ce texte sorte et c'est super
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
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