A- 400 pas, 400 mots vers toi
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madeleinedeproust
Amanda.
Mesange
Martine27
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Escandélia
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A- 400 pas, 400 mots vers toi
II est loin le temps où t'aidant de tes cannes pour marcher, tu m'appelais de ta voix cassée. Moi, loin devant je courrais. N'en pouvant plus, tu criais : « Reviens ! Reviens ! ».
Et puis tu as vieilli, Beaucoup vieilli. D'un coup.
Tu restais à la maison pendant que ma sœur et moi allions aux champs avec papa. Tu ne sortais plus que de temps en temps. Parfois tu partais, sans savoir où tu allais. Il fallait te garder comme un petit enfant.
S'en était fini des belles histoires. Finies les chansons que tu fredonnais en me berçant." Jeannette Coquette ne trempait plus la soupe et ne mangeait plus les choux avant de traire la Blonde et boire le lait doux".
Aujourd'hui je te revois dans tes champs, guidant le vieux Cadet et la Finance, tes Ferrandaises si bien dressées. L'une comme l'autre répondaient au son clair de ta voix. La Lorette, chienne fidèle se pelotonnait au pied du cerisier. Une après midi d'automne s'achèvait... Le clocher d'Aix ponctuait les heures. Toi, tu travaillais ta terre, comme jadis. Comme avant ce jour d'octobre 1914 où tu partis, laissant femme et enfants. Tu en avais trois, mais la guerre ne t'épargna pas. Durant quatre ans, tu te tins au combat. A ton retour, tu repris courageusement ta place derrière ta charrue et tes vaches, les mêmes que tu avais laissées ? Presque au même endroit.
La commune a ouvert un site à la mémoire des combattants de la grande guerre. Personne, encore n'y a parlé de toi. Dans quelques mois, je confierai à tous ce que la vie fut pour toi. Demain ou dans 20 ans, peu importe le moment. Il me faut encore parcourir la longue route qui me relie à toi.
Dans le tiroir de la vielle commode, il y a encore ton livret militaire, ta carte d'assuré social et tes vieux registres. Tu sais : les gros où tu répertoriais tous les compte rendus de réunion du syndicat des éleveurs dont tu étais président. Crois tu que je ne tienne pas un peu de toi ? Crois tu que ce soit le hasard qui me conduise dans les sillons que tu as creusé droits ?
Dans le grenier où ta mémoire flotte, il y a tant de souvenirs... Pépé, barce moi encore... j'ai parfois peur quand je m'endors
Et puis tu as vieilli, Beaucoup vieilli. D'un coup.
Tu restais à la maison pendant que ma sœur et moi allions aux champs avec papa. Tu ne sortais plus que de temps en temps. Parfois tu partais, sans savoir où tu allais. Il fallait te garder comme un petit enfant.
S'en était fini des belles histoires. Finies les chansons que tu fredonnais en me berçant." Jeannette Coquette ne trempait plus la soupe et ne mangeait plus les choux avant de traire la Blonde et boire le lait doux".
Aujourd'hui je te revois dans tes champs, guidant le vieux Cadet et la Finance, tes Ferrandaises si bien dressées. L'une comme l'autre répondaient au son clair de ta voix. La Lorette, chienne fidèle se pelotonnait au pied du cerisier. Une après midi d'automne s'achèvait... Le clocher d'Aix ponctuait les heures. Toi, tu travaillais ta terre, comme jadis. Comme avant ce jour d'octobre 1914 où tu partis, laissant femme et enfants. Tu en avais trois, mais la guerre ne t'épargna pas. Durant quatre ans, tu te tins au combat. A ton retour, tu repris courageusement ta place derrière ta charrue et tes vaches, les mêmes que tu avais laissées ? Presque au même endroit.
La commune a ouvert un site à la mémoire des combattants de la grande guerre. Personne, encore n'y a parlé de toi. Dans quelques mois, je confierai à tous ce que la vie fut pour toi. Demain ou dans 20 ans, peu importe le moment. Il me faut encore parcourir la longue route qui me relie à toi.
Dans le tiroir de la vielle commode, il y a encore ton livret militaire, ta carte d'assuré social et tes vieux registres. Tu sais : les gros où tu répertoriais tous les compte rendus de réunion du syndicat des éleveurs dont tu étais président. Crois tu que je ne tienne pas un peu de toi ? Crois tu que ce soit le hasard qui me conduise dans les sillons que tu as creusé droits ?
Dans le grenier où ta mémoire flotte, il y a tant de souvenirs... Pépé, barce moi encore... j'ai parfois peur quand je m'endors
Dernière édition par Escandélia le Mer 7 Sep - 11:14, édité 2 fois
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A- 400 pas, 400 mots vers toi
Une consigne faite pour toi Delia C'est ce que j'ai pensé en la postant, et je ne me suis pas trompée.
Très beau texte. Tu sais si bien retranscrire les émotions avec des mots simples et sincères. Tu ne cherches pas à plaire, tu laisses aller la plume qui, dans ce genre de consigne, est le prolongement de ton âme.
Tu écris ici:
J'imagine que Jeannette Coquette est le personnage de la chanson? Dans ce cas, mets cette partie en italique :
Que dire de plus? Heureuse de retrouver ta plume
Très beau texte. Tu sais si bien retranscrire les émotions avec des mots simples et sincères. Tu ne cherches pas à plaire, tu laisses aller la plume qui, dans ce genre de consigne, est le prolongement de ton âme.
Tu écris ici:
Delia a écrit:S'en était fini des belles histoires. Finies les chansons que tu fredonnais en me berçant. Jeannette Coquette ne trempait plus la soupe et ne mangeait plus les choux avant de traire la Blonde et boire le lait doux.
J'imagine que Jeannette Coquette est le personnage de la chanson? Dans ce cas, mets cette partie en italique :
ce sera plus compréhensible.S'en était fini des belles histoires. Finies les chansons que tu fredonnais en me berçant. Jeannette Coquette ne trempait plus la soupe et ne mangeait plus les choux avant de traire la Blonde et boire le lait doux.
Que dire de plus? Heureuse de retrouver ta plume
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A- 400 pas, 400 mots vers toi
Effectivement, Jeannette Coquette (qui avait aussi une jambe de bois!) était le personnage principal de la chanson. Voilà j'ai mis la phrase en italique. Mais tout de même : une consigne pour moi, des vaches (et des belles !) des compliments et des gentillesses, vraiment, vous me gâtez beaucoup, tous. Il va falloir que je déclenche le plan vigi-lance pour ne pas souffrir de je ne sais quel sentiment de vanité.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A- 400 pas, 400 mots vers toi
Ah c'est malin, j'ai la larme à l'oeil maintenant ! Que j'aurais aimé connaître mes grands-pères, même si les pertes sont cruelles, quels beaux souvenirs quand même !
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A- 400 pas, 400 mots vers toi
J'ai tout de suite été emportée dans tes souvenirs. Comme dit Cassy, tu as une manière simple et directe de raconter et d'effleurer les émotions, une grande pudeur aussi dans ce texte. Et ta dernière phrase..... je suis émue.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
Re: A- 400 pas, 400 mots vers toi
Un très bel hommage à ce courageux pépé qui le méritait bien !
Tu nous entraînes dans son parcours de vie et en même temps tu nous émeus, pan, en plein coeur...
Et cerise sur le gâteau, tu y cases encore des vaches !
Ben, ce texte, il est "vachement" bien ! Non, sans rire,
Tu nous entraînes dans son parcours de vie et en même temps tu nous émeus, pan, en plein coeur...
Et cerise sur le gâteau, tu y cases encore des vaches !
Ben, ce texte, il est "vachement" bien ! Non, sans rire,
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A- 400 pas, 400 mots vers toi
je trouve absolument poignants tous ces témoignages de vies brisées par la guerre... quelle tristesse et quel indispensable hommage! bravo!
Adrienne- Kaléïd'habitué
- Humeur : brouillonne
Re: A- 400 pas, 400 mots vers toi
Belle évocation d'un homme parmi une génération totalement disparue. Ces hommes qu'on a arrachés à leur terre pour les jeter dans une terre inconnue où on creusait de part et d'autres de profondes tranchées dans lesquelles on mourait par milliers.
Ceux qui en sont revenus étaient marqués au plus profond d'eux-mêmes ... Et les paysans ont su reprendre leurs outils, élever leurs enfants, vivre enfin .
Oui, très beau texte !
Ceux qui en sont revenus étaient marqués au plus profond d'eux-mêmes ... Et les paysans ont su reprendre leurs outils, élever leurs enfants, vivre enfin .
Oui, très beau texte !
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A- 400 pas, 400 mots vers toi
Merci d'avoir ouvert un pan du grenier d'où s'échappe toute la tendresse que tu as pour ton pépé. Un hommage tout en simplicité qui me touche beaucoup.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A- 400 pas, 400 mots vers toi
Il est très émouvant ton texte, et ton Pépé vit toujours en quelque sorte puisque tu penses à lui, tu écris sur lui, il est toujours là
silhène- Kaléïd'habitué
- Humeur : la meilleure possible....
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