A - Sieste canine et méditation
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A - Sieste canine et méditation
Sept ans déjà, les anciens se souviennent peut-être : en juin 2009, la saison était propice et sur kalé, on rêvait déjà de sieste. Pour moi, ce fut la « plandière » comme vous pourrez, si le cœur vous en dit, lire ou relire ci-dessous.
Image du Web ...
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Juin 2009
La sieste dans mon enfance ? C’était la plandière.
A vrai dire, obnubilé par la proximité de cerises à peine mûres, lors de cette plandière narrée ci-dessous, je n'avais jeté qu'un œil distrait sur le matou qui, roulé en boule, paraissait dormir du sommeil du juste. Si le curé, par cette canicule, lui aussi plongé dans les bras de Morphée, fut passé par là, sans aucune hésitation, il eut donné le Bon Dieu sans confession.
Quant au Médor, gardien du temple, pardon, du bon ordre des choses pour la gent animale de la ferme, il considérait, magnanime, qu'à l'égard d'intrus, pigeons jouant les pique-assiettes dans le fond de sa gamelle, il n'y avait pas de quoi fouetter un chat.
Celui-ci, subrepticement, venait de modifier la position. Il n'était pas sans rappeler la curieuse attitude du sprinter. Les pattes arrière repliées s'agitaient de concert avec les moustaches, on eut pu croire qu'il était habité d'un mauvais rêve à moins que ce ne soit les symptômes d'un début de danse de Saint-Guy.
Télépathie entre chien et chat ? Médor, le c... , re - pardon, l'arrière-train en pompe, suivait la cadence des vibrations du minet sans cependant émerger de son somme réparateur après une matinée passée à courir après les bovins alléchés par le maïs du voisin. Méfait contraire aux bonnes manières qu'en gardien émérite, le chien empêchait.
Finalement, songeait le cabot :
« Si je n'eusse point habité ce coin reculé de la campagne limousine des années 50, ma maîtresse m'aurait peut-être inscrit au cours de yoga, ce qui se serait révélé excellent pour ma méditation.
Pour sa part, le matou n'en était pas à rechercher à pacifier ses émotions et se purifier l'esprit . Ce qui eut pu éviter d'entrer en péché de médisance …
Parmi les trois pigeons picorant sans vergogne, le chat hésitait. Il convenait de ne point prendre de risques inconsidérés. Choisir papa ou maman lui interdirait toute vue sur la prochaine couvée. Le pigeonneau n'était pas encore très charnu, mais que voulez-vous, faute de grives, on mange des merles …
De l'embarras du choix de chat, Médor ne se souciait guère ; il avait repris la position de chien en pleine sieste et ronflait comme un sapeur.
Rapide comme l'éclair, le chat sauta sur sa proie qui n'y vit que du feu. L'assaut n'avait pas échappé au chat Perlipopette, petit minet des voisins. En amis, ils se partagèrent le festin. Ne voulant cependant assumer le larcin, Grippeminaud, matou indélicat, rangea discrètement les plumes du pigeonneau autour du chien ronfleur.
C'est ainsi que Médor comprit, coup de balai asséné en guise de sanction sur son postérieur, le sens du mot pigeonné …
Quant au Médor, gardien du temple, pardon, du bon ordre des choses pour la gent animale de la ferme, il considérait, magnanime, qu'à l'égard d'intrus, pigeons jouant les pique-assiettes dans le fond de sa gamelle, il n'y avait pas de quoi fouetter un chat.
Celui-ci, subrepticement, venait de modifier la position. Il n'était pas sans rappeler la curieuse attitude du sprinter. Les pattes arrière repliées s'agitaient de concert avec les moustaches, on eut pu croire qu'il était habité d'un mauvais rêve à moins que ce ne soit les symptômes d'un début de danse de Saint-Guy.
Télépathie entre chien et chat ? Médor, le c... , re - pardon, l'arrière-train en pompe, suivait la cadence des vibrations du minet sans cependant émerger de son somme réparateur après une matinée passée à courir après les bovins alléchés par le maïs du voisin. Méfait contraire aux bonnes manières qu'en gardien émérite, le chien empêchait.
Finalement, songeait le cabot :
« Si je n'eusse point habité ce coin reculé de la campagne limousine des années 50, ma maîtresse m'aurait peut-être inscrit au cours de yoga, ce qui se serait révélé excellent pour ma méditation.
Pour sa part, le matou n'en était pas à rechercher à pacifier ses émotions et se purifier l'esprit . Ce qui eut pu éviter d'entrer en péché de médisance …
Parmi les trois pigeons picorant sans vergogne, le chat hésitait. Il convenait de ne point prendre de risques inconsidérés. Choisir papa ou maman lui interdirait toute vue sur la prochaine couvée. Le pigeonneau n'était pas encore très charnu, mais que voulez-vous, faute de grives, on mange des merles …
De l'embarras du choix de chat, Médor ne se souciait guère ; il avait repris la position de chien en pleine sieste et ronflait comme un sapeur.
Rapide comme l'éclair, le chat sauta sur sa proie qui n'y vit que du feu. L'assaut n'avait pas échappé au chat Perlipopette, petit minet des voisins. En amis, ils se partagèrent le festin. Ne voulant cependant assumer le larcin, Grippeminaud, matou indélicat, rangea discrètement les plumes du pigeonneau autour du chien ronfleur.
C'est ainsi que Médor comprit, coup de balai asséné en guise de sanction sur son postérieur, le sens du mot pigeonné …
Image du Web ...
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Juin 2009
La sieste dans mon enfance ? C’était la plandière.
Entre treize et quinze heures, pas âme qui vive dans les champs.
Les vaches se mettaient à l’ombre, le long des haies, là où la brise s’enfilait en douceur… avant que le remembrement des parcelles ait jugé inutiles ces barrières de ronces et buissons. Seules parties de leur anatomie en activité, queue et mâchoires, parfois la langue. La queue battait régulièrement les flancs pour chasser importunes et importuns ; la mâchoire allait et venait régulièrement, la langue récupérait quelque mouche aventureuse explorant les naseaux du bovin pensif. Eh ! Oui, une vache, ça panse…
Pas un toutou ne se risquait à flâner sous cette babeur. Pour une fois qu’il n’était pas sollicité pour ramener à la raison, telle ou telle bête du troupeau, ou chasser du jardin quelque volatile furetant, ou encore écarté du passage par quelque « ouïchi » agacé susceptible d’être accompagné d’un coup de pied au postérieur, le Médor, connaissant tous les recoins frais , allongé de tout son long, poussait un roupillon généralement sans rêves.
Même les poules ne se risquaient pas au-delà de l’ombre du poulailler. Elles avaient leurs quartiers permettant de s’enfouir à demi dans la poussière et chasser de leur plumage les parasites indésirables sans agitation excessive et fatigante.
Et les humains ? Tous sans exception, faisaient leur plandière quotidienne. C’est dire, qu’à part les BZZZZZ des mouches, taons, petits hannetons, le village était d’un calme assourdissant.
Mais pour les enfants, en tout cas pour moi, c’était le moment propice.
- Mon Dieu, pardonnez-moi, j’ai péché, mais ces cerises et pêches des voisins étaient une véritable tentation à laquelle je ne pouvais résister.
Et puis, c’était quasiment sans risque : le village était plongé dans le sommeil. Pieds nus, on traversait la maison, la cour, puis notre vigne avant d’entrer dans celle de « la » Maria.
Le cerisier nous tendait ses branches chargées de fruits rouge vermillon, gracieusement inclinées vers le sol, au point de permettre aux gamins de huit ans de se goinfrer sans peine. A hauteur raisonnable, la première branche permettait de grimper et atteindre la cime où sont les plus beaux fruits.
Mon frère aîné avait bien sûr choisi de grimper, me laissant au pied du cerisier, endroit idéal pour le guet, au cas où… On ne sait jamais.
Quelle mouche piqua donc « la » Maria pour interrompre sa sieste et venir ainsi perturber notre dessert ?
- « Gaurchals » (masculin patoisant de garces) , que vous mangez ces cerises, qu’elles sont toutes vertes!!!
De surprise, l’Armand faillit en tomber de l’arbre et moi m’étrangler avec les noyaux…
Se rendait-elle compte, cette brave femme, du risque ? Mais la remontrance n’alla pas au-delà, les parents ne furent pas informés du larcin… Pour les prochaines escapades, ce cerisier fut rayé de notre programme de sortie. D’ailleurs, c’était la fin des cerises. Et les pêches n’allaient point tarder à prendre une couleur bien appétissante… dans un autre champ, plus loin… où la Maria ne nous perturberait pas.
Quand à la sieste, on verrait plus tard. Tout au long de la vie, il y a une multitude de siestes à découvrir et redécouvrir, sans exclure, mais c’est un péché capital, la sieste coquine… Ceci est une autre histoire.
Les vaches se mettaient à l’ombre, le long des haies, là où la brise s’enfilait en douceur… avant que le remembrement des parcelles ait jugé inutiles ces barrières de ronces et buissons. Seules parties de leur anatomie en activité, queue et mâchoires, parfois la langue. La queue battait régulièrement les flancs pour chasser importunes et importuns ; la mâchoire allait et venait régulièrement, la langue récupérait quelque mouche aventureuse explorant les naseaux du bovin pensif. Eh ! Oui, une vache, ça panse…
Pas un toutou ne se risquait à flâner sous cette babeur. Pour une fois qu’il n’était pas sollicité pour ramener à la raison, telle ou telle bête du troupeau, ou chasser du jardin quelque volatile furetant, ou encore écarté du passage par quelque « ouïchi » agacé susceptible d’être accompagné d’un coup de pied au postérieur, le Médor, connaissant tous les recoins frais , allongé de tout son long, poussait un roupillon généralement sans rêves.
Même les poules ne se risquaient pas au-delà de l’ombre du poulailler. Elles avaient leurs quartiers permettant de s’enfouir à demi dans la poussière et chasser de leur plumage les parasites indésirables sans agitation excessive et fatigante.
Et les humains ? Tous sans exception, faisaient leur plandière quotidienne. C’est dire, qu’à part les BZZZZZ des mouches, taons, petits hannetons, le village était d’un calme assourdissant.
Mais pour les enfants, en tout cas pour moi, c’était le moment propice.
- Mon Dieu, pardonnez-moi, j’ai péché, mais ces cerises et pêches des voisins étaient une véritable tentation à laquelle je ne pouvais résister.
Et puis, c’était quasiment sans risque : le village était plongé dans le sommeil. Pieds nus, on traversait la maison, la cour, puis notre vigne avant d’entrer dans celle de « la » Maria.
Le cerisier nous tendait ses branches chargées de fruits rouge vermillon, gracieusement inclinées vers le sol, au point de permettre aux gamins de huit ans de se goinfrer sans peine. A hauteur raisonnable, la première branche permettait de grimper et atteindre la cime où sont les plus beaux fruits.
Mon frère aîné avait bien sûr choisi de grimper, me laissant au pied du cerisier, endroit idéal pour le guet, au cas où… On ne sait jamais.
Quelle mouche piqua donc « la » Maria pour interrompre sa sieste et venir ainsi perturber notre dessert ?
- « Gaurchals » (masculin patoisant de garces) , que vous mangez ces cerises, qu’elles sont toutes vertes!!!
De surprise, l’Armand faillit en tomber de l’arbre et moi m’étrangler avec les noyaux…
Se rendait-elle compte, cette brave femme, du risque ? Mais la remontrance n’alla pas au-delà, les parents ne furent pas informés du larcin… Pour les prochaines escapades, ce cerisier fut rayé de notre programme de sortie. D’ailleurs, c’était la fin des cerises. Et les pêches n’allaient point tarder à prendre une couleur bien appétissante… dans un autre champ, plus loin… où la Maria ne nous perturberait pas.
Quand à la sieste, on verrait plus tard. Tout au long de la vie, il y a une multitude de siestes à découvrir et redécouvrir, sans exclure, mais c’est un péché capital, la sieste coquine… Ceci est une autre histoire.
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A - Sieste canine et méditation
Excellent ce texte de méditation canine, un chien qui rêve de yoga et se fait manipuler par deux matous.
Excellent texte aussi sorti des archives, ton allusion aux siestes coquines me fait penser que tu aurais très bien pu nous écrire un bon texte dans la consigne érotique.
Mais rien n'est perdu.
Je t'attends....
Excellent texte aussi sorti des archives, ton allusion aux siestes coquines me fait penser que tu aurais très bien pu nous écrire un bon texte dans la consigne érotique.
Mais rien n'est perdu.
Je t'attends....
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A - Sieste canine et méditation
Je t'attends....
M'enfin, Amanda ?
Sept ans, c'est comme la mule du pape qui garda sept ans sa ruade,
sauf que le temps passe, et les siestes coquines sont rangées au rayon des accessoires.
Cependant, reste l'imagination ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A - Sieste canine et méditation
Nos amis les bêtes sont des expertes en sieste et tu le retranscris avec beaucoup d'humour dans ton texte. Un texte vif, alerte et très agréable à lire
Dommage cependant que tu ne fasses pas allusion à un moment donné à la photo
Dommage cependant que tu ne fasses pas allusion à un moment donné à la photo
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A - Sieste canine et méditation
@ Sherkane : l'allusion à la photo t'a échappé , le chien adopte la position de l'ours blanc en sieste ;
Il y a aussi une intrusion : les pigeons qui vont picorer dans la gamelle du chien ...
Médor, le c... , re - pardon, l'arrière-train en pompe,
Il y a aussi une intrusion : les pigeons qui vont picorer dans la gamelle du chien ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A - Sieste canine et méditation
J'ai eu l'impression de lire une fable de La Fontaine sans les rimes. J'aime les chats, mais je reconnais qu'ils sont parfois drôlement arsouilles, pauvre chien !
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
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