A. Là-haut...
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A. Là-haut...
J’y ai pensé longtemps avant de me décider. Mon père me dit toujours « Pèse le pour et le contre avant de te lancer tête baissée, ne te décide que si ça en vaut vraiment la peine… »
D’un côté il y a une interdiction formelle, celle d’accéder au clocher de l’église par l’escalier en colimaçon, de l’autre il y a ce que j’imagine, l’impression de puissance que l’on doit éprouver sur l’étroite plate-forme qui entoure la cloche, avec tout le village et la campagne environnante à ses pieds.
Pour mettre mon projet à exécution, j’ai profité de la Fête des Bœufs Gras dans le hameau voisin, à laquelle nul villageois des alentours ne saurait manquer. Ce jour là, je serai tranquille : même le curé serait parti bénir les bœufs et mes parents ne rateraient ça pour rien au monde.
Prétextant une révision importante, me suis éclipsé en attendant leur départ, et, vers midi, ayant juste avalé un carré de chocolat pour me donner du courage, j’ai poussé la porte de la tour. L’étroit escalier en colimaçon s’ouvrait devant moi, alors j’ai foncé…
J’ai gravi les marches usées, à toute allure. La tête me tournait et le souffle m’a rapidement manqué. Le sang dans mes oreilles menait un tohu-bohu indescriptible. Et, soudain, la gifle du vent, au débouché sur la vétuste plate-forme à claire-voie qui entourait l’énorme cloche de bronze. Je la savais muette depuis que le battant s’était accidentellement décroché un jour où le bedeau était particulièrement en forme.
Reprenant mon souffle et j’ai commencé à détailler le décor impressionnant qui s’étendait, à perte de vue. Le meccano de la place avait fermé boutique mais les voitures qui gisaient autour, capot ouvert, entrailles à l’air, n’étaient pas plus grosses que les miniatures de la maquette du promoteur immobilier.
Au loin, la vue était extraordinaire sur les collines et la forêt. J’ai tendu un doigt timide vers la cloche, puis, prenant de l’assurance, j’ai osé une pichenette sur son métal froid. Elle a émis un son discret, comme une plainte… Rien que pour moi.
J’éprouvais là, l’émotion la plus intense de ma vie, et j’imaginais ce que devait être le spectacle au clair de lune !
C’était sans compter sur le Père Delphin qui, victime d’une mauvaise chute, restait depuis une semaine assis à sa fenêtre, armé de sa longue vue, au grand dam des amoureux et autres voleurs de pommes…
Handicapé, mais pas fou, le Père Delphin a saisi son portable, qu’il déteste, mais qui peut s’avérer bien utile parfois, et quand je suis redescendu, dévalant l’escalier emporté par mon élan, c’est dans les bras de mon père, blafard d’inquiétude, que je me suis jeté…
La suite, vous la devinez. J’ai reçu une raclée mémorable et, à la maison, ma mère en a remis une couche. Me voilà puni, privé de liberté pour un certain temps....
Mais, malgré tout, ça en valait la peine !
D’un côté il y a une interdiction formelle, celle d’accéder au clocher de l’église par l’escalier en colimaçon, de l’autre il y a ce que j’imagine, l’impression de puissance que l’on doit éprouver sur l’étroite plate-forme qui entoure la cloche, avec tout le village et la campagne environnante à ses pieds.
Pour mettre mon projet à exécution, j’ai profité de la Fête des Bœufs Gras dans le hameau voisin, à laquelle nul villageois des alentours ne saurait manquer. Ce jour là, je serai tranquille : même le curé serait parti bénir les bœufs et mes parents ne rateraient ça pour rien au monde.
Prétextant une révision importante, me suis éclipsé en attendant leur départ, et, vers midi, ayant juste avalé un carré de chocolat pour me donner du courage, j’ai poussé la porte de la tour. L’étroit escalier en colimaçon s’ouvrait devant moi, alors j’ai foncé…
J’ai gravi les marches usées, à toute allure. La tête me tournait et le souffle m’a rapidement manqué. Le sang dans mes oreilles menait un tohu-bohu indescriptible. Et, soudain, la gifle du vent, au débouché sur la vétuste plate-forme à claire-voie qui entourait l’énorme cloche de bronze. Je la savais muette depuis que le battant s’était accidentellement décroché un jour où le bedeau était particulièrement en forme.
Reprenant mon souffle et j’ai commencé à détailler le décor impressionnant qui s’étendait, à perte de vue. Le meccano de la place avait fermé boutique mais les voitures qui gisaient autour, capot ouvert, entrailles à l’air, n’étaient pas plus grosses que les miniatures de la maquette du promoteur immobilier.
Au loin, la vue était extraordinaire sur les collines et la forêt. J’ai tendu un doigt timide vers la cloche, puis, prenant de l’assurance, j’ai osé une pichenette sur son métal froid. Elle a émis un son discret, comme une plainte… Rien que pour moi.
J’éprouvais là, l’émotion la plus intense de ma vie, et j’imaginais ce que devait être le spectacle au clair de lune !
C’était sans compter sur le Père Delphin qui, victime d’une mauvaise chute, restait depuis une semaine assis à sa fenêtre, armé de sa longue vue, au grand dam des amoureux et autres voleurs de pommes…
Handicapé, mais pas fou, le Père Delphin a saisi son portable, qu’il déteste, mais qui peut s’avérer bien utile parfois, et quand je suis redescendu, dévalant l’escalier emporté par mon élan, c’est dans les bras de mon père, blafard d’inquiétude, que je me suis jeté…
La suite, vous la devinez. J’ai reçu une raclée mémorable et, à la maison, ma mère en a remis une couche. Me voilà puni, privé de liberté pour un certain temps....
Mais, malgré tout, ça en valait la peine !
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Là-haut...
A force de se faire la cloche ... on se les fait sonner! Mais ce qui est pris, est pris, et cela en valait la peine.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
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