A- La maison bleue
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A- La maison bleue
C'était une maison bleue.... Nous n'y sommes pas venus à pieds, un taxi nous y a conduit. La clé était cachée sous une pierre moussue. C'était un jour de fête. C'était déjà le printemps. Quand nous sommes arrivés, ma grand mère et moi, en ce beau mois de mai, où les fleurs volaient au vent, je ne me doutais pas de ce qui m'attendait.
Môminette était fine dans sa tenue légère. Son corsage de voile laissait deviner des formes bien dessinées que j'aimais regarder. J'étais sous son charme et me réjouissais de ce temps passé à ses côtés.
"Vous verrez, Edouard-Jean-Snow m'avait-elle prévenu, cet endroit n'est pas un lieu comme les autres. Ici le fantastique côtoie l'irrationnel. L’invraisemblable le déraisonnable. Toutefois, ne vous effrayez pas, ici personne ne vous fera de mal, bien au contraire."
Adossée à la forêt, cette maison ne manquait pas de charme, il est vrai. Sur la façade sud, courraient des lézards dont j'adorais couper la queue, rien que pour la voir repousser. Quand je les saisissais, ils se tordaient de frayeur. Leur appendice se rompait comme du verre puis ils s'échappaient et se faufilaient sous une pierre où je les guettais afin de les rattraper. Je les tenais bien serrés dans mes mains tremblantes de volupté. Je cassais leur queue de nouveau et l'enfermais dans une boite tapissée d'un coton imbibé d'alcool, que je reniflais puissamment. Mon plaisir était intense à ce jeu. Des salamandres venaient se dorer au soleil. Je profitais de leur engourdissement pour les capturer. Je parcourais leur corps lisse et froid, de mes doigts langoureux, les caressant comme de vraies maitresses.
Remontant doucement jusqu'à leur nuque, je saisissais leur collerette et d'un coup sec, je les plaquais contre le mur où elles s'éclataient en une tâche brune. Dans le prolongement d'un petit pavillon situé deux pas plus à l'ouest, un jardin à la "Le Notre" qu'agrémentait un bassin orné de statues métalliques, quadrillé d'une allée de cyprès, définissait un cadre rationnel où je me sentais en sécurité. C'est là qu'une fois déchiquetées, j’ensevelissais mes victimes, surmontant leur tombe de petites croix tâchées de sang. Je récitais parfois une prière, parfois je lisais un vers de Baudelaire. Respectant toujours le même rituel. Je m'agenouillais et baisait le sol, invoquant Lucifer. Dans une supplique que j'adressais à ma mère, je hurlais mon amour mythique à Orphée, le maitre des titans. Puis j'entamais une danse macabre à la gloire de Satan.
Sur le devant de la maison, le côté bucolique des lieux et la sensation de fraicheur qui y régnait incitaient à la paresse. Moi qui était sensé avoir accompagné Môminette pour lui tenir compagnie, le temps de sa "convalescence", j'étais promis à une cure de méditation. Je pouvais reprendre l'étude de Cocteau, de Gide, de Concini et de Domitien tout à loisir sans que personne ne vint perturber mon intense réflexion.
C'est ce que je croyais jusqu'à l'apparition de Rudolp et de Zéralphie, un couple d'amis précieux de Gand-Mô Tout se passait parfaitement jusque à l'arrivée d'autres enfants. Il en vint tant et tant que certains disparaissaient sans crier gare et sans qu'on sache ce qu'ils devenaient.
Parfois Rudolp creusait la terre et y enfouissait quelque boite dont j'ignorais le contenu.
Rudop était gentil avec moi. Puis peu à peu, il s'exerça à des jeux parfois tortueux auquel il me conviait. Je découvrais alors cet homme plein de mystères. Des sensations nouvelles de crainte et de désir m'animaient brusquement. De joujou de Rudolp, je devint très vite le chouchou de Zéralphie qui me prit sous sa coupe. Môminette semblait heureuse. Durant de longues heures elle participait avec Rudolp à l'éducation des nouveaux venus, pendant qu'avec Zéralphie je me prélassais mollement devant le patio où un tapis de pâquerettes se voulait caressant. Avec d'autres agapes, "appelez moi donc Zézette, ce sera plus... charmant" m'avait-elle appris.
Finis pour moi lectures et captures. Je devais consacrer mon temps à d'autres loisirs sous le regard bienveillant de Môminette qui, se faisant complice, ne posait pas trop de question. Rien ici était interdit, je pouvais laisser libre cours à la liste de mes envies et courir mon imagination. Durant les mois qui suivirent, rien ne vint troubler cet équilibre en dehors du temps. Je vivais dans un monde para normal où tout était permis. Puis un jour Rudolp et Zéralphie repartirent pour la côte. Ils reviendraient dès le prochain printemps. J'avais hâte de retrouver "Zézette"à qui je vouais une immense passion mais l'hiver serait long, il venait tout juste de commencer.
Môminette était fine dans sa tenue légère. Son corsage de voile laissait deviner des formes bien dessinées que j'aimais regarder. J'étais sous son charme et me réjouissais de ce temps passé à ses côtés.
"Vous verrez, Edouard-Jean-Snow m'avait-elle prévenu, cet endroit n'est pas un lieu comme les autres. Ici le fantastique côtoie l'irrationnel. L’invraisemblable le déraisonnable. Toutefois, ne vous effrayez pas, ici personne ne vous fera de mal, bien au contraire."
Adossée à la forêt, cette maison ne manquait pas de charme, il est vrai. Sur la façade sud, courraient des lézards dont j'adorais couper la queue, rien que pour la voir repousser. Quand je les saisissais, ils se tordaient de frayeur. Leur appendice se rompait comme du verre puis ils s'échappaient et se faufilaient sous une pierre où je les guettais afin de les rattraper. Je les tenais bien serrés dans mes mains tremblantes de volupté. Je cassais leur queue de nouveau et l'enfermais dans une boite tapissée d'un coton imbibé d'alcool, que je reniflais puissamment. Mon plaisir était intense à ce jeu. Des salamandres venaient se dorer au soleil. Je profitais de leur engourdissement pour les capturer. Je parcourais leur corps lisse et froid, de mes doigts langoureux, les caressant comme de vraies maitresses.
Remontant doucement jusqu'à leur nuque, je saisissais leur collerette et d'un coup sec, je les plaquais contre le mur où elles s'éclataient en une tâche brune. Dans le prolongement d'un petit pavillon situé deux pas plus à l'ouest, un jardin à la "Le Notre" qu'agrémentait un bassin orné de statues métalliques, quadrillé d'une allée de cyprès, définissait un cadre rationnel où je me sentais en sécurité. C'est là qu'une fois déchiquetées, j’ensevelissais mes victimes, surmontant leur tombe de petites croix tâchées de sang. Je récitais parfois une prière, parfois je lisais un vers de Baudelaire. Respectant toujours le même rituel. Je m'agenouillais et baisait le sol, invoquant Lucifer. Dans une supplique que j'adressais à ma mère, je hurlais mon amour mythique à Orphée, le maitre des titans. Puis j'entamais une danse macabre à la gloire de Satan.
Sur le devant de la maison, le côté bucolique des lieux et la sensation de fraicheur qui y régnait incitaient à la paresse. Moi qui était sensé avoir accompagné Môminette pour lui tenir compagnie, le temps de sa "convalescence", j'étais promis à une cure de méditation. Je pouvais reprendre l'étude de Cocteau, de Gide, de Concini et de Domitien tout à loisir sans que personne ne vint perturber mon intense réflexion.
C'est ce que je croyais jusqu'à l'apparition de Rudolp et de Zéralphie, un couple d'amis précieux de Gand-Mô Tout se passait parfaitement jusque à l'arrivée d'autres enfants. Il en vint tant et tant que certains disparaissaient sans crier gare et sans qu'on sache ce qu'ils devenaient.
Parfois Rudolp creusait la terre et y enfouissait quelque boite dont j'ignorais le contenu.
Rudop était gentil avec moi. Puis peu à peu, il s'exerça à des jeux parfois tortueux auquel il me conviait. Je découvrais alors cet homme plein de mystères. Des sensations nouvelles de crainte et de désir m'animaient brusquement. De joujou de Rudolp, je devint très vite le chouchou de Zéralphie qui me prit sous sa coupe. Môminette semblait heureuse. Durant de longues heures elle participait avec Rudolp à l'éducation des nouveaux venus, pendant qu'avec Zéralphie je me prélassais mollement devant le patio où un tapis de pâquerettes se voulait caressant. Avec d'autres agapes, "appelez moi donc Zézette, ce sera plus... charmant" m'avait-elle appris.
Finis pour moi lectures et captures. Je devais consacrer mon temps à d'autres loisirs sous le regard bienveillant de Môminette qui, se faisant complice, ne posait pas trop de question. Rien ici était interdit, je pouvais laisser libre cours à la liste de mes envies et courir mon imagination. Durant les mois qui suivirent, rien ne vint troubler cet équilibre en dehors du temps. Je vivais dans un monde para normal où tout était permis. Puis un jour Rudolp et Zéralphie repartirent pour la côte. Ils reviendraient dès le prochain printemps. J'avais hâte de retrouver "Zézette"à qui je vouais une immense passion mais l'hiver serait long, il venait tout juste de commencer.
Dernière édition par Escandélia le Mar 30 Mai - 22:48, édité 1 fois
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A- La maison bleue
Une atmosphère glauque qui fait froid dans le dos, ici horreur et fantastique se côtoient. Beaucoup de questions sans réponses comme il convient à ce genre littéraire.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A- La maison bleue
J'ai oublié de te demander , tu as écrit: :que je reniflais pissement. Que faut-il lire? pieusement ?
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A- La maison bleue
Oups ! puissamment, je corrige vite !
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A- La maison bleue
Ouh, là, tu t'es lâchée, Delia !
Un texte " fantastique" qui raconte des choses cruelles et qui fait froid dans le dos....
Mais alors,
Un texte " fantastique" qui raconte des choses cruelles et qui fait froid dans le dos....
Mais alors,
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A- La maison bleue
Je n'aime pas cette histoire...Elle n'est pas belle.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A- La maison bleue
C'est un récit qui ne peut que déranger. Cet enfant (ou adolescent?) cruel qui prend du plaisir à torturer les petites bêtes, dégage une sensualité hors norme. Tout n'est pas dit mais suggéré , et c'est très bien écrit. On sent planer l'ombre de Satan sur ce petit monde qui se vautre dans des plaisirs défendus.
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A- La maison bleue
On dirait que l'ombre de Gilles de Rais plane sur cette histoire !
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: A- La maison bleue
Ben voilà ! Gilles De Rais ! Mais pas que, il en existe d'autres du même style, comme Néron (quoique je ne sais pas s'il collectionnait les queues de lézard, Néron ) des tout aussi dangereux et presque aussi puissants, des connus, des inconnus, on peut en trouver plein, il suffit de regarder autour de soi et l'autour de soi est petit comparé au vaste monde !
Merci pour vos mots posés ici. Charlotte, Myrthe, j'ai bien conscience de n'avoir pas écrit une belle histoire, pas plus qu' un chef d'oeuvre. La sincérité de vos coms me touche. C'est en tout cas l'idée que je me fais du partage et de l'échange. Pardon si ce texte vous a dérangées.
Merci pour vos mots posés ici. Charlotte, Myrthe, j'ai bien conscience de n'avoir pas écrit une belle histoire, pas plus qu' un chef d'oeuvre. La sincérité de vos coms me touche. C'est en tout cas l'idée que je me fais du partage et de l'échange. Pardon si ce texte vous a dérangées.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A- La maison bleue
Ne t'excuse pas Escandélia, perso dans mon comment il n'y avait pas de reproche. C'est bien aussi d'écrire des textes qui dérangent...
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A- La maison bleue
Rassure toi, Myrthe, je n'ai pas pris ton com comme un reproche et je le trouve plutôt positif du reste. Je voulais juste souligner qu'on a trop l'habitude d'être caressé dans le sens du poil et aussi tendance à le faire aussi, ce qui n'est pas spécialement une bonne chose. Je disais donc que j'en appréciais d'autant plus les coms qui ne vont pas forcément dans ce sens.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A- La maison bleue
Puisqu'on est dans la sincérité, Escandélia, Myrte s'écrit sans h ! Je pense que tu dois confondre avec la myrrhe qui est aussi une plante méditerranéenne. Et, j'ai appris il n'y a pas longtemps qu'on disait LE myrte, alors que j'ai toujours dit LA (je pense que c'est à cause de la liqueur de myrte )
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A- La maison bleue
Etant une inconditionnelle du genre "fantastique" je n'ai pas été dépaysée, et tu décris les "dérives" de cet enfant, ado ? avec presque trop de conviction, Stephen sort de ce corps . Au fait où est passé l'incipit ? Bon c'est vrai que ce n'était pas évident à placer dans cette histoire très moite dirais-je
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A- La maison bleue
Oui Myrte, c'est à cause de la liqueur, je vois que ma réputation n'est plus à faire
Martine, tu n'as pas lu jusqu'à la fin ? pace que moi l'incipit je l'ai transformé en excipit à cause de ce que tu sais ,
Martine, tu n'as pas lu jusqu'à la fin ? pace que moi l'incipit je l'ai transformé en excipit à cause de ce que tu sais ,
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A- La maison bleue
Si, si j'ai lu jusqu'à la fin, mais comme ça coulait de source d'une certaine manière ça ne m'a pas frappée, bizarre comment notre cerveau réagit parfois
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A- La maison bleue
Cette plume-là te va bien aussi je trouve !
Toute cette violence dans ton personnage ne semble pas sortir de nulle part...
Inspirée de politique réelle ? :-)
Toute cette violence dans ton personnage ne semble pas sortir de nulle part...
Inspirée de politique réelle ? :-)
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A- La maison bleue
je vois ! je vois ! peut être... bien mais ici il ne saurait en être question ! Sinon tu connais quelqu'un qui pourrait avoir le profil ?July a écrit:Inspirée de politique réelle ? :-)
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A- La maison bleue
Delia,
Quand j'ai proposé la consigne au staff, j'avais demandé que la phrase sur l'hiver soit un excipit, comme tu l'as très bien appliquée.
Je préfèrais cela d'ailleurs mais bon, soit ma proposition n'a pas été retenue, soit il y a eu confusion !
Ne te fais pas de bile pour rien !
Quand j'ai proposé la consigne au staff, j'avais demandé que la phrase sur l'hiver soit un excipit, comme tu l'as très bien appliquée.
Je préfèrais cela d'ailleurs mais bon, soit ma proposition n'a pas été retenue, soit il y a eu confusion !
Ne te fais pas de bile pour rien !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A- La maison bleue
nooon ! je ne me bile pas , en plus c'est avec un soupçon de petit bonheur, juste une once, une toute petite !
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
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