A - Le bout du chemin
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AlainX
Escandélia
Amanda.
catsoniou
8 participants
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A - Le bout du chemin
Je croyais, et sans doute toi aussi, que nous deux, c’était pour l’éternité un ciel sans nuages où l’amour exclurait à jamais la discorde, antichambre de l’indifférence, prémisse de la haine.
Puis, il y a eu les copains qui, au nom de l’amitié, me retenaient plus qu’il ne fallait, après un match, une partie de chasse. On buvait un peu, je rentrais tard, parfois titubant, la bouche empâtée.
Alors, ta mère a distillé son venin, mine de rien, jeté de l’huile sur le feu. Avec ses airs de sainte ni touche, elle a inséré un coin entre nos deux coeurs …
Il y a eu Aurore, mignonne à croquer. Ton besoin d’amour y a trouvé son compte. C’était « ta » fille et je suis passé au second plan.
Première blessure …
Non ! Je sais, je n’ai pas d’excuse : la boisson n’aurait pas dû gagner. Moi qui me croyais indispensable à l’usine, j’ai grimpé dans la première charrette de licenciements et on m’a ôté mon permis de conduire.
Excellente occasion pour gagner ton indépendance. D’autant que ta promotion professionnelle faisait de toi le véritable chef de famille, celle qui amène l’oseille …
Dans ton regard, l’indifférence mêlée de mépris m’a fait plus de mal que des coups.
Et j’ai su … J’ai su que tu avais un amant. Un mec bien, un qui ne buvait pas, un qui avait pignon sur rue.
C’est Aurore, ma fille qui m’a porté en toute innocence un coup fatal : à la sortie de l’école, elle a couru vers le bellâtre, riant aux éclats, me laissant pantois sur le trottoir. J’avais l’air de quoi avec mon paquet de caramels à deux sous ?
Alors, j’ai bu, bu encore et le docteur, sans ménagement, m’a annoncé la cirrhose proche. Il n’a pas dit, mais je sais … Je sais que le bout du chemin arrive à grand pas.
Quel gâchis ! Il est trop tard pour les regrets.
Elle va être enfin libérée du boulet qu’est devenu son mari. Au lieu et place de chrysanthèmes sur ma tombe pour la Toussaint. Fleurs que je ne mérite même pas, j’ai envie de lui dire :
« Tu peux jeter la pierrePuis, il y a eu les copains qui, au nom de l’amitié, me retenaient plus qu’il ne fallait, après un match, une partie de chasse. On buvait un peu, je rentrais tard, parfois titubant, la bouche empâtée.
Alors, ta mère a distillé son venin, mine de rien, jeté de l’huile sur le feu. Avec ses airs de sainte ni touche, elle a inséré un coin entre nos deux coeurs …
Il y a eu Aurore, mignonne à croquer. Ton besoin d’amour y a trouvé son compte. C’était « ta » fille et je suis passé au second plan.
Première blessure …
Non ! Je sais, je n’ai pas d’excuse : la boisson n’aurait pas dû gagner. Moi qui me croyais indispensable à l’usine, j’ai grimpé dans la première charrette de licenciements et on m’a ôté mon permis de conduire.
Excellente occasion pour gagner ton indépendance. D’autant que ta promotion professionnelle faisait de toi le véritable chef de famille, celle qui amène l’oseille …
Dans ton regard, l’indifférence mêlée de mépris m’a fait plus de mal que des coups.
Et j’ai su … J’ai su que tu avais un amant. Un mec bien, un qui ne buvait pas, un qui avait pignon sur rue.
C’est Aurore, ma fille qui m’a porté en toute innocence un coup fatal : à la sortie de l’école, elle a couru vers le bellâtre, riant aux éclats, me laissant pantois sur le trottoir. J’avais l’air de quoi avec mon paquet de caramels à deux sous ?
Alors, j’ai bu, bu encore et le docteur, sans ménagement, m’a annoncé la cirrhose proche. Il n’a pas dit, mais je sais … Je sais que le bout du chemin arrive à grand pas.
Quel gâchis ! Il est trop tard pour les regrets.
Elle va être enfin libérée du boulet qu’est devenu son mari. Au lieu et place de chrysanthèmes sur ma tombe pour la Toussaint. Fleurs que je ne mérite même pas, j’ai envie de lui dire :
Moi, je ne sentirai rien »
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A - Le bout du chemin
Une histoire qui donne le frisson, un remords tardif...
Et une chute bien menée.
Tu dresses dans ce drame aussi par petites touches des portraits des proches, comme la belle-mère, la fille, l'amant.
Dans ton regard, l’indifférence mêlée de mépris m’a fait plus de mal que des coups., ça fait mal !!!!
Cats,
Et une chute bien menée.
Tu dresses dans ce drame aussi par petites touches des portraits des proches, comme la belle-mère, la fille, l'amant.
Dans ton regard, l’indifférence mêlée de mépris m’a fait plus de mal que des coups., ça fait mal !!!!
Cats,
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A - Le bout du chemin
Une histoire semblable à bien d'autres malheureusement !
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A - Le bout du chemin
Une histoire triste, qui, hélas, se rencontre trop souvent… comme le dit Escandelia.
Avec ses airs de sainte ni touche, elle a inséré un coin entre nos deux coeurs …
J'aime bien cette phrase avec à la fois son jeu de mots et le côté tranchant qui suit… pathétique et tragique… presque une phrase d'anthologie !
J'ai une remarque sur la composition :
ton texte est d'abord au « je », puis, vers la fin il y a une sorte de glissement vers « le narrateur omniscient ».
est-ce un choix délibéré ? Et dans quel but ?
Avec ses airs de sainte ni touche, elle a inséré un coin entre nos deux coeurs …
J'aime bien cette phrase avec à la fois son jeu de mots et le côté tranchant qui suit… pathétique et tragique… presque une phrase d'anthologie !
J'ai une remarque sur la composition :
ton texte est d'abord au « je », puis, vers la fin il y a une sorte de glissement vers « le narrateur omniscient ».
est-ce un choix délibéré ? Et dans quel but ?
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A - Le bout du chemin
Cette histoire est une compilation de situations rencontrées au fil des ans.
J'ai écrit la fin plus ou moins inconsciemment en me remémorant un drame que nous avons suivi de très prés :
une jeune femme licenciée, accusée de vol, s'est suicidée. Les dernières semaines, elle paraissait détachée, comme si ce qui se jouait ne la concernait plus ...
Ici, l'homme à qui, volontairement, je n'ai pas attribué de nom, voit venir sa fin et il imagine les hypocrites venus fleurir sa tombe.
J'ai écrit la fin plus ou moins inconsciemment en me remémorant un drame que nous avons suivi de très prés :
une jeune femme licenciée, accusée de vol, s'est suicidée. Les dernières semaines, elle paraissait détachée, comme si ce qui se jouait ne la concernait plus ...
Ici, l'homme à qui, volontairement, je n'ai pas attribué de nom, voit venir sa fin et il imagine les hypocrites venus fleurir sa tombe.
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A - Le bout du chemin
Je n'avais pas vu la fin de ton texte comme étant une intervention du narrateur dans l'histoire. Pour moi c'est le personnage lui même qui imagine ce que va penser sa compagne et porte donc un jugement sur sa propre conduite (je vais lui débarrasser le plancher et ce n'est pas la peine qu'elle vienne avec des fleurs, ....)
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A - Le bout du chemin
Effectivement ton personnage n'avait pas beaucoup d'excuses. L'alcoolisme pour les proches est un véritable fléau, très difficile à vivre. Cette addiction est une véritable maladie, et j'ai beaucoup d'admiration pour ceux qui réagissent. Je compte 2 à 3 amis, inscrits chez les alcooliques anonymes, et qui depuis des dizaines d'années n'ont plus bu une goutte d'alcool. Ils sont même devenus des référents. Chapeau pour eux.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A - Le bout du chemin
Ton texte n'est pas rigolo, il est même très triste, tu l'as très bien rendu et c'est cela qui compte.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A - Le bout du chemin
Très bien racontée cette déchéance qui s'installe petit à petit jusqu'à une fin tragique
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A - Le bout du chemin
Un texte sombre qui reflète, hélas, bien des réalités!
J'avais exactement la même remarque qu'Alainx car les dernières phrases perdent de l'intensité avec le remplacement du "tu" en "elle"
J'avais exactement la même remarque qu'Alainx car les dernières phrases perdent de l'intensité avec le remplacement du "tu" en "elle"
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
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