A. le blanc et le noir
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Amanda.
Charlotte
6 participants
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A. le blanc et le noir
J’avais un chapeau, il avait une barbe et une pipe . Je ne l’aimais pas : il était méchant,vieux et laid.
J’avais un chapeau. C’était, parait-il, une nécessité sous les tropiques en Afrique au Rwanda.
L’homme à barbe et pipe était un missionnaire et portait une longue soutane blanche .
Ma mère m’avait acheté ce chapeau blanc à larges bords : ce n’était pas un casque comme en portaient nos ancêtres les gaulois blancs du temps des colonies . Là en 1962, Le Rwanda avait gagné son indépendance, il y avait donc désormais un président bien rwandais.
J’avais un succès fou avec mon chapeau sur la tête. Autant parmi les blancs que les noirs, Je le gardais même pendant les cours de français et de calcul que je donnais à mes adorables petites élèves noires de 12 ans.
Tout cela ne plaisait pas au missionnaire à la pipe et longue soutane blanche qui commença à me faire des misères pour un oui ou pour un non. Les choses s’aggravèrent quand il constata mon amitié avec un de ses confrères chez qui j’allais confier mes petites misères adolescentes et profiter de musiques classiques dont il était friand. Il possédait ( luxe rare )un tourne disque.
En brousse, loin de tout confort, l’unique distraction était dans l’échange et la communication. Aussi mes visites à son bureau se faisaient fréquentes après les cours, l’étude et la correction des devoirs. Il était bien entendu, d’après je ne sais quel règlement de curé, que la porte du bureau devait rester ouverte . Le supérieur à la pipe passait régulièrement devant cette porte ouverte pour vérifier le respect de la consigne !
C’était à donner des idées à ceux qui n’en avaient pas !
Un jour, révolté de le voir passer devant son bureau pour vérification, mon devenu ami père blanc se leva brusquement de son fauteuil et claqua la porte à son nez .
L’offensé, la pipe au bec et la rage au ventre, s’empressa d’écrire à Rome pour informer je ne sais quelle autorité ecclésiastique de ce qui se tramait de scandaleux dans sa mission au fin fond de la brousse en Afrique. L’excommunication n’était pas loin et se traduisit par une expulsion de l’impur dans un autre village voisin à vingt kilomètres !
L’amitié y gagna .Et quand le hasard nous mit sur la route de l’autre, ce fut toujours de joyeuses retrouvailles surtout le jour où je le vis, avec lui aussi, un chapeau blanc sur sa tête !
J’avais un chapeau. C’était, parait-il, une nécessité sous les tropiques en Afrique au Rwanda.
L’homme à barbe et pipe était un missionnaire et portait une longue soutane blanche .
Ma mère m’avait acheté ce chapeau blanc à larges bords : ce n’était pas un casque comme en portaient nos ancêtres les gaulois blancs du temps des colonies . Là en 1962, Le Rwanda avait gagné son indépendance, il y avait donc désormais un président bien rwandais.
J’avais un succès fou avec mon chapeau sur la tête. Autant parmi les blancs que les noirs, Je le gardais même pendant les cours de français et de calcul que je donnais à mes adorables petites élèves noires de 12 ans.
Tout cela ne plaisait pas au missionnaire à la pipe et longue soutane blanche qui commença à me faire des misères pour un oui ou pour un non. Les choses s’aggravèrent quand il constata mon amitié avec un de ses confrères chez qui j’allais confier mes petites misères adolescentes et profiter de musiques classiques dont il était friand. Il possédait ( luxe rare )un tourne disque.
En brousse, loin de tout confort, l’unique distraction était dans l’échange et la communication. Aussi mes visites à son bureau se faisaient fréquentes après les cours, l’étude et la correction des devoirs. Il était bien entendu, d’après je ne sais quel règlement de curé, que la porte du bureau devait rester ouverte . Le supérieur à la pipe passait régulièrement devant cette porte ouverte pour vérifier le respect de la consigne !
C’était à donner des idées à ceux qui n’en avaient pas !
Un jour, révolté de le voir passer devant son bureau pour vérification, mon devenu ami père blanc se leva brusquement de son fauteuil et claqua la porte à son nez .
L’offensé, la pipe au bec et la rage au ventre, s’empressa d’écrire à Rome pour informer je ne sais quelle autorité ecclésiastique de ce qui se tramait de scandaleux dans sa mission au fin fond de la brousse en Afrique. L’excommunication n’était pas loin et se traduisit par une expulsion de l’impur dans un autre village voisin à vingt kilomètres !
L’amitié y gagna .Et quand le hasard nous mit sur la route de l’autre, ce fut toujours de joyeuses retrouvailles surtout le jour où je le vis, avec lui aussi, un chapeau blanc sur sa tête !
Dernière édition par Charlotte le Jeu 1 Mar - 15:29, édité 1 fois
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. le blanc et le noir
Merci pour ce partage d'une tranche de ta vie qui t'est restée gravée au fond du coeur !
PS Peux tu éditer ton texte car le titre a fait des siennes. Tu pousses sur éditer, tu corriges le titre et tu envoies. Merci
PS Peux tu éditer ton texte car le titre a fait des siennes. Tu pousses sur éditer, tu corriges le titre et tu envoies. Merci
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. le blanc et le noir
C'est fou jusqu'où le chapeau de paille nous entraîne cette semaine!
Voilà un souvenir qui t'a marqué et que tu nous fais gentiment partager .
Voilà un souvenir qui t'a marqué et que tu nous fais gentiment partager .
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A. le blanc et le noir
Très bien décrit ce manque de confiance ! Bravo pour la porte dans le nez (dommage il n'a pas cassé sa pipe !)
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A. le blanc et le noir
Texte très parlant pour moi qui ai aussi vécu l'Afrique dans ces années là. Super témoignage très bien écrit. Et pour les religieux, parmi ceux qui étaient admirables se sont toujours glissés de vrais cons à l'esprit et aux intentions mal tournées. J'ai aussi beaucoup d'admiration pour la témérité dont tu as fait preuve toute jeune, l'Afrique à cette époque c'était encore l'aventure!
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. le blanc et le noir
J'aime beaucoup lorsque tu mêles tes souvenirs avec la consigne
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
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