A- Père et Mère se sont fait la paire

Incontestablement, mon père et ma mère faisaient la paire. Hélas, mon père n’était pas Maire. Et   ma mère n’avait pas été élevée à la dignité de Pair. Tout au plus dans son adolescence, eut-elle pu être jeune fille au pair. Non, cela ne se pouvait pas parce que mon père n‘était pas au pair dans son travail, vu qu’il était métayer. Il devait la moitié de sa récolte au propriétaire des terres. Et forcément, ma mère qui était la moitié de mon père dut renoncer au titre honorifique de Pair et elle n’avait plus  le profil  de jeune fille au pair.

Alors, comme moitié complémentaire de mon père, et parce qu’ils formaient une jolie paire, elle travailla la terre sans forcément se taire  ! Elle avait du caractère, ce qui était mentionné à la page 3 ter du contrat de mariage qui avait scellé le sort de la paire qui m’engendra, moi qui n’avait plus qu’à me taire, ou tout du moins me tenir pépère afin que mémère, la mère de ma mère et néanmoins ma grand-mère, m’emmène à l’autre bout de la Terre aux bains de mer nantie de l’arrêt du Maire  qui était fort amer de n’avoir supplanté mon père en tant que moitié de ma mère.

Mon père sut planter sur ses terres une vigne donnant un vin à  laisser tomber par terre   sa paire de lunettes sous la patère, au grand dam de ma mère.

Mon père et ma mère formaient  une  paire qui  avait parfois ses nerfs . Ils se séparaient amers.  Pour se réconcilier, ils jouaient aux dames dans le parterre de Madame.  Hélas, un jour ils finirent par se faire la paire, laissant là les terres et Monsieur le Maire  se consola dans les bras de Madame qui ne put que se taire : le Maire,  guéri  de la perte de ma mère, l’avait emmenée en villégiature au bord de la mer ...