Vivre c'est partager petit Hugo !
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Vivre c'est partager petit Hugo !
Vivre c’est partager ! Tu sauras le faire mon petit Hugo.
Il reste toujours quelque chose de l'enfance, toujours. Chaque jour je m’en aperçois. Alors d’emblée je souscris à cette proposition d’écrire une lettre à l'enfant que j’étais. Je m’en veux de n’y avoir pas pensé plus tôt. J’aurais tant aimé, enfant, recevoir un tel courrier. Il m’aurait probablement ouvert d’autres horizons et permis peut-être de mieux comprendre ce que je vivais.
Je sais ainsi Hugo qu’à trois ans tu avais accompagné ta mère le jour de la Libération. Si ta mémoire est un peu floue sur cet événement, elle en a conservé des images très précises. Au cœur d’une foule d’adultes enthousiastes, excités qui parlent haut et fort, tu es agrippé à la main de ta maman. Ensemble vous découvrez la prison d’où les résistants viennent d’être libérés. Tu ne comprends pas ce qui se passe, mais tu vois les escaliers qui mènent aux cachots, tu entends les paroles d’indignation, de compassion, et d’autres encore qui expriment la joie de la liberté retrouvée. Tout petit tu vis intensément cet événement.
Mais jamais tu ne le raconteras.
Après cette réminiscence originelle, tu as noté des événements qui t’ont touché. Avant dernier d’une fratrie de six enfants, trois filles et trois garçons, tu as senti qu’il te faudra te battre pour prendre ta place au sein d’une famille si chaleureuse qu’elle pourrait t’enfermer au risque de t’étouffer. Ta soif de vivre a déjà fait germer en toi l’idée de la quitter.
Mais jamais tu ne le diras.
Je ne résiste pas à l’envie de te rappeler que tu t’es plu souvent à égrener ce genre d’événements pour éprouver chaque fois ces émotions de bonheurs, de plaisirs, de frustrations ou parfois même de colères.
Mais jamais tu ne l’avoueras.
A 7 ans, l’âge de raison, dit-on alors, tu vis une première rupture. Pour des raisons économiques et pour une meilleure santé, tes parents ont décidé que tu partes en colo, au « bon air » d’une petite station balnéaire bretonne. Seul, loin du cocon familial tu sens la violence de cette séparation. L’ennui dont tu souffres alimente une tristesse permanente. C’est alors que tu découvres fortuitement « L’île au trésor » de Stevenson.
Toi qui n’as pas encore lu de roman, tu le dévores, et ton univers de vacances se métamorphose. Chaque jour tu vis un épisode de cette aventure sur la plage ou dans l’estuaire de la rivière. Tu devines cette île accessible au fond d’une anse. Les pirates se cachent dans la forêt de pins et châtaigniers postés derrière les superbes rhododendrons et les fougères, ils veillent sur leur butin. Le trésor est à ta portée. Tu te vois emprunter une barque et godiller jusqu’à la rive opposée, affronter les pirates et accéder au trésor… C’est à regret qu’à la fin des vacances tu retrouves le cercle familial où, fièrement tu annonces avoir lu un gros livre sans images.
Mais jamais tu ne reliras ce roman craignant de ne pas retrouver ce bel enchantement.
Reste encore cette proposition de ta mère de t’inscrire au collège en internat, tant elle souhaite que tu fasses des études. Tu acquiesces aussitôt et, dès la rentrée scolaire, à 11 ans tu quittes ta famille et tes copains de quartier. Tu ne les rejoindras qu’aux vacances. A 16 ans ta vie professionnelle t’en éloigne définitivement.
Mais toujours tu tairas ton profond déchirement.
Je te garde une affection particulière, Hugo. Toi ce petit gars qui court la campagne avec ses copains pour dénicher les nids, confectionner des lance-pierres et s’en servir mais pas toujours à bon escient, se baigner… Ce petit garçon qui oublie de rentrer à l’heure, mais travaille bien à l’école et qui à sa manière découvre le monde comme il peut. Ces quelques événements qui ponctuent ta vie de gamin révèlent déjà comment tu sauras la construire à ta façon, maladroitement, avec toutes sortes de détours.
Cette distance que tu prends avec tes parents, tes frères et sœurs, tes copains d’enfance te permettra tous les possibles ou presque. D’autres ruptures jalonneront ta vie et seront toujours sources de découvertes, de rencontres multipliant les cercles d’amis sans pour autant renoncer ni à tes envies, ni à quoique ce soit des convictions que tu épouseras.
La vie est toujours un peu compliquée, mais mon petit Hugo, le fait d’en parler et de la partager la rend merveilleuse. Je suis certain que tu sauras le faire.
Il reste toujours quelque chose de l'enfance, toujours. Chaque jour je m’en aperçois. Alors d’emblée je souscris à cette proposition d’écrire une lettre à l'enfant que j’étais. Je m’en veux de n’y avoir pas pensé plus tôt. J’aurais tant aimé, enfant, recevoir un tel courrier. Il m’aurait probablement ouvert d’autres horizons et permis peut-être de mieux comprendre ce que je vivais.
Je sais ainsi Hugo qu’à trois ans tu avais accompagné ta mère le jour de la Libération. Si ta mémoire est un peu floue sur cet événement, elle en a conservé des images très précises. Au cœur d’une foule d’adultes enthousiastes, excités qui parlent haut et fort, tu es agrippé à la main de ta maman. Ensemble vous découvrez la prison d’où les résistants viennent d’être libérés. Tu ne comprends pas ce qui se passe, mais tu vois les escaliers qui mènent aux cachots, tu entends les paroles d’indignation, de compassion, et d’autres encore qui expriment la joie de la liberté retrouvée. Tout petit tu vis intensément cet événement.
Mais jamais tu ne le raconteras.
Après cette réminiscence originelle, tu as noté des événements qui t’ont touché. Avant dernier d’une fratrie de six enfants, trois filles et trois garçons, tu as senti qu’il te faudra te battre pour prendre ta place au sein d’une famille si chaleureuse qu’elle pourrait t’enfermer au risque de t’étouffer. Ta soif de vivre a déjà fait germer en toi l’idée de la quitter.
Mais jamais tu ne le diras.
Je ne résiste pas à l’envie de te rappeler que tu t’es plu souvent à égrener ce genre d’événements pour éprouver chaque fois ces émotions de bonheurs, de plaisirs, de frustrations ou parfois même de colères.
Mais jamais tu ne l’avoueras.
A 7 ans, l’âge de raison, dit-on alors, tu vis une première rupture. Pour des raisons économiques et pour une meilleure santé, tes parents ont décidé que tu partes en colo, au « bon air » d’une petite station balnéaire bretonne. Seul, loin du cocon familial tu sens la violence de cette séparation. L’ennui dont tu souffres alimente une tristesse permanente. C’est alors que tu découvres fortuitement « L’île au trésor » de Stevenson.
Toi qui n’as pas encore lu de roman, tu le dévores, et ton univers de vacances se métamorphose. Chaque jour tu vis un épisode de cette aventure sur la plage ou dans l’estuaire de la rivière. Tu devines cette île accessible au fond d’une anse. Les pirates se cachent dans la forêt de pins et châtaigniers postés derrière les superbes rhododendrons et les fougères, ils veillent sur leur butin. Le trésor est à ta portée. Tu te vois emprunter une barque et godiller jusqu’à la rive opposée, affronter les pirates et accéder au trésor… C’est à regret qu’à la fin des vacances tu retrouves le cercle familial où, fièrement tu annonces avoir lu un gros livre sans images.
Mais jamais tu ne reliras ce roman craignant de ne pas retrouver ce bel enchantement.
Reste encore cette proposition de ta mère de t’inscrire au collège en internat, tant elle souhaite que tu fasses des études. Tu acquiesces aussitôt et, dès la rentrée scolaire, à 11 ans tu quittes ta famille et tes copains de quartier. Tu ne les rejoindras qu’aux vacances. A 16 ans ta vie professionnelle t’en éloigne définitivement.
Mais toujours tu tairas ton profond déchirement.
Je te garde une affection particulière, Hugo. Toi ce petit gars qui court la campagne avec ses copains pour dénicher les nids, confectionner des lance-pierres et s’en servir mais pas toujours à bon escient, se baigner… Ce petit garçon qui oublie de rentrer à l’heure, mais travaille bien à l’école et qui à sa manière découvre le monde comme il peut. Ces quelques événements qui ponctuent ta vie de gamin révèlent déjà comment tu sauras la construire à ta façon, maladroitement, avec toutes sortes de détours.
Cette distance que tu prends avec tes parents, tes frères et sœurs, tes copains d’enfance te permettra tous les possibles ou presque. D’autres ruptures jalonneront ta vie et seront toujours sources de découvertes, de rencontres multipliant les cercles d’amis sans pour autant renoncer ni à tes envies, ni à quoique ce soit des convictions que tu épouseras.
La vie est toujours un peu compliquée, mais mon petit Hugo, le fait d’en parler et de la partager la rend merveilleuse. Je suis certain que tu sauras le faire.
Tadig- Kaléïd'habitué
- Humeur : Bonne
Re: Vivre c'est partager petit Hugo !
C'est avec beaucoup de plaisir que je découvre ton premier texte sur consigne chez nous Tadig.
J'avoue que je me demandais si tu ne t'étais pas perdu en route ou dans les méandres de kaleidoplumes, te voyant passer sans que tu laisses un petit mot.
Mais non, ça y est , tu t'es lancé, en partant à la rencontre du petit garçon que tu étais , ça mérite quelques applaudissements, d'autant que ton texte est très agréable à lire et pour mon premier commentaire, je laisserai les ( minuscules ) critiques de côté
J'avoue que je me demandais si tu ne t'étais pas perdu en route ou dans les méandres de kaleidoplumes, te voyant passer sans que tu laisses un petit mot.
Mais non, ça y est , tu t'es lancé, en partant à la rencontre du petit garçon que tu étais , ça mérite quelques applaudissements, d'autant que ton texte est très agréable à lire et pour mon premier commentaire, je laisserai les ( minuscules ) critiques de côté
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Vivre c'est partager petit Hugo !
Le petit garçon qui s'est souvent tu, nous raconte maintenant un peu de son histoire, et c'est une belle histoire.
Avec une ligne de conduite, "Vivre c’est partager ", superbe
Merci Tadig
Avec une ligne de conduite, "Vivre c’est partager ", superbe
Merci Tadig
silhène- Kaléïd'habitué
- Humeur : la meilleure possible....
Re: Vivre c'est partager petit Hugo !
je souscris pleinement aux commentaires précédents. Ton histoire je la trouve belle. Je ressens ta souffrance à travers tes mots. Le déchirement que tu éprouve est pour moi un fidèle compagnon d'enfance. Je l'ai souvent transporté dans mes bagages. Est ce lui qui nous a fait grandir ? Etre ce que nous sommes et fait notre force face à d'autres évènements ?
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
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