Les deux cloches (2)
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Les deux cloches (2)
- Brassens chantait « Quand je pense à Fernande,….quand je pense à Lulu,… »
Il eut été mieux inspiré d’inverser les prénoms, même si la rime ne fonctionne pas.
Ces pensées salaces traversaient l’esprit de Rossignol.
Rossignol, le plombier, que le discours du maire ennuyait prodigieusement. C’est que Rossignol avait prévu d’aller aux abricots ce matin-là et les abricots, c’est autrement plus urgent qu’une fuite d’eau. Les abricots, ça n’attend pas.
Aussi, exaspéré par tant de discours, coupa-t-il la parole à Caderousse en s’écriant : « Té, y a qu’à ouvrir l’église et monter au clocher pour la régler une fois pour toutes, c’te horloge ! »
Ouvrir, ouvrir, c’est vite dit ! Encore fallait-il avoir la clé de l’édifice. Or, celle-ci a mystérieusement disparu. Fernande prétend que le curé fut enterré avec la clé dans la poche de sa soutane, affirmation gratuite puisque la porte de l’église est bel et bien fermée à double tour.
« Y qu’à enfoncer la porte, boudiou » répliqua Rossignol qui pensait à ses abricots qui l’ attendaient en rougissant de colère !
Enfoncer la porte d’un édifice religieux, ça va chercher au moins dans les deux ans de prison ferme, Caderousse opposa un « non » ferme à cette idée folle.
Bien que de gauche, bien que mécréant, Antonin ne s’y risquerait point. Il perdrait assurément la moitié de ses électeurs, si pas davantage.
Soudain une voix s’éleva, celle du jeune Ahmed, un bon à rien mais pas mauvais en tout : « Je peux grimper au clocher si vous voulez, j’ai l’habitude… »
Là, Fernande opina du bonnet. Ce jeune homme, en effet, grimpait facilement aux arbres, puis des arbres jusqu’au balcon de jeunes filles en fleurs ou de dames mûres en manque de tendresse !
Après quelques hésitations, la proposition fut adoptée à l’unanimité, moins une voix.
On apporta donc la plus haute échelle du village, des chaussures de grimpette à crampons et de longues cordes, au cas où Ahmed raterait son ascension.
Ce qu’il ne fit pas, heureusement et sans encombres atteignit le clocher.
Il recula les aiguilles de trois minutes et redescendit fissa, sous les applaudissements d’un public ébahi.
Sur ce, Rossignol fila aux abricots, les hommes au bistrot et même si la religion lui interdit, Ahmed succomba largement à l’apéro jaune.
Il l’avait bien gagné et Allah fermerait bien les yeux, pour une fois.
Fernande et Lulu rentrèrent à la maison sur le coup de treize heures, légèrement pompettes. A treize heures trois, la cloche de l’église retentit…
La cata…
Tout était à refaire.
Lulu, toute guillerette, ôta ses bas devant une Fernande médusée. L’abstention, c’était Lulu !
Lulu qui en même temps que ses bas, laissa tomber une pochette de velours rouge dont elle sortit la clé, la clé de l’église !
Lulu qui riait, riait…
La Fernande en avait les yeux qui lui sortaient de la tête !
Mais enfin, si Lulu possédait la clé, c’est qu’elle fréquentait l’église en douce.
Le curé, Fernande, le curé !
Car veuve pour la septième fois ne lui suffisait pas. Lulu, la fine jambe avait continué à séduire.
Et ce pauvre curé, mort si jeune ( la cinquantaine à peine d’un arrêt cardiaque…) n’avait pas résisté…
Il lui avait offert un double de la clé.
L’affaire fut tenue secrète, Fernande jura sur sa propre tête et celle de sa chatte angora de se taire à jamais.
C’est ainsi qu’au village, l’affaire des deux cloches fut classée sans suite.
Cependant, pas enterrée car on annonce l’arrivée d’un nouveau curé pour cet été…
Il eut été mieux inspiré d’inverser les prénoms, même si la rime ne fonctionne pas.
Ces pensées salaces traversaient l’esprit de Rossignol.
Rossignol, le plombier, que le discours du maire ennuyait prodigieusement. C’est que Rossignol avait prévu d’aller aux abricots ce matin-là et les abricots, c’est autrement plus urgent qu’une fuite d’eau. Les abricots, ça n’attend pas.
Aussi, exaspéré par tant de discours, coupa-t-il la parole à Caderousse en s’écriant : « Té, y a qu’à ouvrir l’église et monter au clocher pour la régler une fois pour toutes, c’te horloge ! »
Ouvrir, ouvrir, c’est vite dit ! Encore fallait-il avoir la clé de l’édifice. Or, celle-ci a mystérieusement disparu. Fernande prétend que le curé fut enterré avec la clé dans la poche de sa soutane, affirmation gratuite puisque la porte de l’église est bel et bien fermée à double tour.
« Y qu’à enfoncer la porte, boudiou » répliqua Rossignol qui pensait à ses abricots qui l’ attendaient en rougissant de colère !
Enfoncer la porte d’un édifice religieux, ça va chercher au moins dans les deux ans de prison ferme, Caderousse opposa un « non » ferme à cette idée folle.
Bien que de gauche, bien que mécréant, Antonin ne s’y risquerait point. Il perdrait assurément la moitié de ses électeurs, si pas davantage.
Soudain une voix s’éleva, celle du jeune Ahmed, un bon à rien mais pas mauvais en tout : « Je peux grimper au clocher si vous voulez, j’ai l’habitude… »
Là, Fernande opina du bonnet. Ce jeune homme, en effet, grimpait facilement aux arbres, puis des arbres jusqu’au balcon de jeunes filles en fleurs ou de dames mûres en manque de tendresse !
Après quelques hésitations, la proposition fut adoptée à l’unanimité, moins une voix.
On apporta donc la plus haute échelle du village, des chaussures de grimpette à crampons et de longues cordes, au cas où Ahmed raterait son ascension.
Ce qu’il ne fit pas, heureusement et sans encombres atteignit le clocher.
Il recula les aiguilles de trois minutes et redescendit fissa, sous les applaudissements d’un public ébahi.
Sur ce, Rossignol fila aux abricots, les hommes au bistrot et même si la religion lui interdit, Ahmed succomba largement à l’apéro jaune.
Il l’avait bien gagné et Allah fermerait bien les yeux, pour une fois.
Fernande et Lulu rentrèrent à la maison sur le coup de treize heures, légèrement pompettes. A treize heures trois, la cloche de l’église retentit…
La cata…
Tout était à refaire.
Lulu, toute guillerette, ôta ses bas devant une Fernande médusée. L’abstention, c’était Lulu !
Lulu qui en même temps que ses bas, laissa tomber une pochette de velours rouge dont elle sortit la clé, la clé de l’église !
Lulu qui riait, riait…
La Fernande en avait les yeux qui lui sortaient de la tête !
Mais enfin, si Lulu possédait la clé, c’est qu’elle fréquentait l’église en douce.
Le curé, Fernande, le curé !
Car veuve pour la septième fois ne lui suffisait pas. Lulu, la fine jambe avait continué à séduire.
Et ce pauvre curé, mort si jeune ( la cinquantaine à peine d’un arrêt cardiaque…) n’avait pas résisté…
Il lui avait offert un double de la clé.
L’affaire fut tenue secrète, Fernande jura sur sa propre tête et celle de sa chatte angora de se taire à jamais.
C’est ainsi qu’au village, l’affaire des deux cloches fut classée sans suite.
Cependant, pas enterrée car on annonce l’arrivée d’un nouveau curé pour cet été…
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Les deux cloches (2)
J'ai lu tes deux textes.
C'est vif, enlevé. cela me fait penser à des scènes de Peponne et Don Camillo.
Mais.... je regrette que les enfants ne soient pas plus présents dans ton texte
C'est vif, enlevé. cela me fait penser à des scènes de Peponne et Don Camillo.
Mais.... je regrette que les enfants ne soient pas plus présents dans ton texte
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: Les deux cloches (2)
Monsieur l'abbé, si je comprends bien, était un confesseur qui s'occupait bien de ses ouailles, ce qui est tout à son honneur ...
Gageons que le prochain curé ne succombera pas à la tentation. Il serait temps de remettre les horloges à l'heure et les veuves joyeuses à leurs prières et pénitence (pardon abstinence )
Sinon, où va le monde ?
Gageons que le prochain curé ne succombera pas à la tentation. Il serait temps de remettre les horloges à l'heure et les veuves joyeuses à leurs prières et pénitence (pardon abstinence )
Sinon, où va le monde ?
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Les deux cloches (2)
ah ah ah
Mais que va-t-il arriver au prochain Curé ? :-D :-D
J'étais restée sur ma faim en lisant ta première partie...
Mais l'attente en a valu la peine !
Mais que va-t-il arriver au prochain Curé ? :-D :-D
J'étais restée sur ma faim en lisant ta première partie...
Mais l'attente en a valu la peine !
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: Les deux cloches (2)
On pense également à Daudet en te lisant. On est tout à fait dans les histoires rocambolesques avec tes deux textes dont je me suis franchement régalée.
Je n'ai pas compris l'utilisation du mot "abstention" dans "l'abstention, c'était Lulu"
Je n'ai pas compris l'utilisation du mot "abstention" dans "l'abstention, c'était Lulu"
Invité- Invité
Re: Les deux cloches (2)
Yvanne, ils ont voté dans le premier texte à l'unanimité moins une voix ( celle de Lulu) pour mettre la cloche de l'église à l'heure....
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Les deux cloches (2)
Ah ! D'accord ! J'ai pourtant lu deux fois tes textes. Comme quoi...
Invité- Invité
Re: Les deux cloches (2)
J'ai aussi pensé à Daudet, mais la truculence de tes textes me fais surtout penser que tu devrais en faire une nouvelle et la publier.
C'est léger, c'est vif, et ça met le coeur en joie. Que du plaisir à te lire !
C'est léger, c'est vif, et ça met le coeur en joie. Que du plaisir à te lire !
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: Les deux cloches (2)
Et oui, il y a toujours plein d'histoires dans les petits villages, qu'on imagine le plus souvent tranquilles et presque ennuyeux.
Mais pour ceux qui savent y regarder de plus près il n'en est rien, et ton excellente histoire nous le prouve :
Mais pour ceux qui savent y regarder de plus près il n'en est rien, et ton excellente histoire nous le prouve :
silhène- Kaléïd'habitué
- Humeur : la meilleure possible....
Re: Les deux cloches (2)
Vraiment très drôle et vivante cette histoire de cloches et de curés (comptes-tu nous régaler de l'arrivée du nouveau vicaire ?)
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: Les deux cloches (2)
Merci à toutes et tous. Non, je pense m'arrêter là, Nerwen de peur de lasser ....ou alors je commence un nouveau livre
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Les deux cloches (2)
Je viens d'en publier un. Laisse-moi souffler......
A propos tu l'as lu ?
A propos tu l'as lu ?
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Les deux cloches (2)
Pas encore, mais je vais le faire dès que je l'aurai commandé. A qui déjà ? (pardon, je vais relire les consignes qu'Admin a donné)
J'avais bien aimé le premier et réclamé la suite.
J'avais bien aimé le premier et réclamé la suite.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: Les deux cloches (2)
Voilà une histoire tout à fait dans la veine de tes 2 livres et digne de figurer dans le troisième volet de la saga de la Garrigue
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
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