Le coucou suisse.
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Aldaron De Molégers
Amanda.
Pati
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Le coucou suisse.
Diling diling diling diling diling...
Le réveil, ce foutu réveil ! Il prit ma main dans les clochettes et ferma sa gueule. Un peu à l'aveuglette, forcément, j'avais encore les lanternes en veille et les capots collés. Mais l'habitude a ceci de bon, c'est qu'au final, on réagit à la façon des spécimens de laboratoire de ce bon vieux Pavlov. Sale con, sale boucher aussi celui-là, il en a charcuté plus d'un de ces pauvres toutous. J'avais moi aussi un joli filet de bave, séchée certes !
6h00, pffff, c'est pas des heures pour tirer un mec du lit tous les matins, j'en ai marre de cette vie à la con.
Allez, on se bouge, les fringues, le café, les tartines et un peu de lecture.
J'étais responsable du centre de retraitement local des déchets automobiles, vu que tout y était automatisé, j'en étais le seul employé. Autant dire que je m'y faisais bien chier toute la journée. Ça avait ses avantages, j'y branlais ce que bon me semblait, je bouquinais quoi, histoire de tuer le temps et l'ennui aussi. En gros, j'appuyais sur un bouton le matin, et idem le soir. Une vie palpitante sans déconner...
En arrivant, sitôt la machinerie lancée, je me suis casé avec mon café sur mon fauteuil préféré, faut dire y'en avait qu'un et il commençait à prendre salement la gueule d'un truc qui avait vu mon cul depuis bien trop longtemps. Sous les néons blafards, j'avais laissé s'amonceler des piles de bouquins, des petits bricolages en tous genres, postes de radio, cafetières, grilles-pains, jouets d'enfants, tout ce qui me permettait de faire passer ces foutues heures plus vite en somme, non pour ma sieste je vais attendre encore un peu, quand même faut pas abuser...
Je me suis connecté sur le vieux PC délabré qui me permettait de m'évader aussi de cet endroit et je suis allé voir mes mails, plus par habitude qu'autre chose.
Tiens, ce bon vieux Prof, la vache ça fait un bail, qu'est-ce qu'il raconte l'illuminé?
André.A Quahlé (*aqapla-at-hotmail.ch*)
À : Jean Foupalour (*jef-at-tigue-cdra.fr*)
Salut jean,
dis donc ça fait des lustres... Comment va mon bidouilleur de génie ?
Toujours coincé dans ta conserverie ? Allez, c'est juste une mise en boîte, fais pas la tronche. Hihihihi !
J'ai un truc pour toi, fais ton balluchon, et magnes toi le fion. Ah oui, tu peux aussi donner ta dém...
J'y suis enfin arrivé et j'ai besoin de toi, c'est du sérieux cette fois, mais faut être deux pas le choix... Et ça sera forcément toi mon vieil ami.
Ta chambre est prête.
Dédé.
PS : tu ne me croirais pas si je te disais là maintenant, quel est l'élément principal qui manquait...
Quoi...? Il était toujours sur sa vieille lubie cet animal, non mais j'y crois pas, il me charrie, c'est pas possible...
J'ai relu deux ou trois fois, je lui ai fait ma réponse. Comme j'en avais ras le casque de cette monotonie, que je savais à qui j'avais à faire et le genre de trucs que le Dédé s'amusait à tripatouiller dans son atelier depuis des décennies, j'ai pris le combiné, j'ai eu une vieille bique du siège au bout, elle a pas eu le temps de comprendre je crois, mais je m'en carrais la nouille.
J'ai vidé mon frigo, donné le tout à ma gentille voisine qui m'a demandé si je partais en voyage, fermé l'eau, le gaz et l'élec. J'ai aussi jeté un dernier regard sur mon clapier, rien d'oublié ? Non, j'avais l'essentiel dans mon sac, mes papiers, un peu de liquide, quelques fringues de rechange, zou...
Haaa, la Suisse, ses montagnes, son chocolat, son lac, ses coucous... J'allais revoir le mien de délabré justement, mon vieux pote de labo d'un temps révolu, malheureusement. Sa frangine était devenue ma femme, mais ça, c'était une autre vie. On avait coupé les ponts quelques mois après l'enterrement, c'est la vie qui est comme ça, elle vous joue de sales tours cette foutue garce.
Il était là le vieux, habillé en mode Pierre Richard, des loques dépareillées comme d'hab. Son air d'imbécile-heureux toujours chevillé au corps, il était sur le quai, il scrutait une grosse horloge avec comme qui dirait un air absorbé.
- Heyyy Dédé !
- Jeannooot, content de te revoir ma poule, on se fait la bise ? Il joignit le geste à la parole. C'était bon de le revoir le "frangin", pourquoi j'avais attendu tout ce temps. On est con quand même, mais bon...
- Alors, c'est quoi ta connerie, ton mail ? Me dis pas que tu penses toujours qu'aller faire joujou avec les strates temporelles c'est pas une idée à la noix? Et dis pas le contraire, je t'ai vu mater la tocante comme un mioche devant un pot de Nutella.
- Chuuut, ta gueule ducon, vas pas me faire foirer toutes ces années de boulot avec ta grande bouche... Il eut un air paniqué et jeta des œillades à la ronde. Le Dédé avait la gigite, il avait mis le doigt sur un truc important. Il constata mon air suspicieux, me prit par le bras et me dit :
- Depuis quelques jours, je suis sûr qu'on me surveille...
- ... ??? Tu déconnes là ? Qu'est-ce que t'as foutu encore ?
- Viens, on file, tu vas comprendre.
On a d'abord pris l'apéro face au lac, y a des priorités dans la vie ! La vue était toujours aussi splendide. Cette enflure touchait ses subventions, il déposait dans les 4 ou 6 brevets chaque année et la Suisse sait récompenser ses chercheurs, ça y a pas de doute, pas comme en France où la recherche bat de l'aile et où pour espérer un minimum de matos faut remplir des monceaux de paperasses administratives. Moi, j'avais lâché l'affaire depuis bien longtemps... Plein le cul de leurs conneries!
- Bon, tu m'expliques !
- Oui... Du jus de chou.
J'ai éclaté de rire, je l'ai regardé, et j'ai failli en chopper un infarctus tellement j'étais plié, il a souri.
- Si si, c'est pas une blague, moi aussi j'y croyais pas au début. Sa teneur en potassium, en phosphore, associée à d'autres éléments chimiques comme le sélénium et un soupçon de krypton et une bonne rasade de xénon, et zou, ça carbure direct...
- Nan, mais tu te fous de ma gueule là ?
- Non, sérieux, les propriétés du krypton tu connais, c'est un propulseur inégalé, le xénon pareil, ça pousse... Me fallait un catalyseur pour que le mélange fasse décoller ma guimbarde. C'est fait... Et dire que depuis tout ce temps, j'avais la solution dans l'assiette bordel ! En même temps, la transpiration de Zeus quoi, de là à dire que j'ai eu un éclair de lucidité, y a qu'un pas...
- Attends ! Ça marche, tu te paies ma tronche ? Arrête ton char Ben-Hur...
- Pose ton verre, on y va.
Elle était là sa lubie farfelue. Un suppositoire géant en métal chromé, du nickel je me suis dit direct, j'avais l’œil pour les métaux. Forcément putain..., un métal de transition, ça coule de source. Le vieux débris avait bien travaillé depuis toutes ces années, sa garçonnière à bric-à-brac croulait sous les appareils de toutes sortes, il y en avait de partout, une vraie caverne d'Ali Baba. Et bon Dieu oui, ça puait le chou ! Dans la zone des paillasses, ça distillait sévère, des cornues crachaient leur jus, on se serait cru à Blaesheim, une envie de charcuterie me vrilla les tripes, l'apéro m'avait ouvert l'appétit aussi.
- Dis donc Dédé, ton engin là, il a une forme un peu... Comment dire... J'étais hilare.
- Et ouais cornichon ! Il souriait aussi, l'aérodynamisme est de rigueur même pour voyager dans le temps, surtout en fait, tu ne peux pas imaginer la vitesse requise. J'ai rien laissé au hasard, mes derniers essais me donnent une réponse de l'ordre de 2 nanosecondes pour une température avoisinant à peine les 233°...
- QUOI... !!! La conversion était vite faite, 451° Fahrenheit, et on est sensé revenir entier avec ta trouvaille...?
- Oui, te fais pas de bile, y a même la clim. Tu as vu la forme, on voyagera allongé et au frais, tu veux pas non-plus un mini-bar ? J'en suis à mon 17e test sans soucis, mais sans voyageur aussi. Il faut que je sois ici derrière les moniteurs, au cas où...
- Au cas où quoi ? Là, j'ai fait un peu la gueule. J'avais comme une remontée gastrique qui me venait.
- Bah rien, mais j'ai pas envie de voir 30 ans de recherches partir en fumée sur une connerie, un incident électrique, un paramètre à ajuster, ou juste un plantage de processeur. Et j'ai pas envie non-plus de te voir, je sais pas moi, coincé chez cromagnon, en jupette à Rome ou en 1997...
J'ai ouvert mes calots bien grands, on pensait à la même chose, ma femme, sa sœur et cette sale année de merde.
Il souriait l'asticot, il avait bien préparé son coup.
- Tu veux une petite cigarette, un p'ti verre de rhum ? Il poussait le bouchon Maurice, il me montrait son dentier bien rangé.
- Quoi, tu veux que je monte dans ta fusée temporelle et que j'aille te ramener Marilyn espèce de vilain ?
- Ah ça non, j'y avais pas pensé à la Monroe, pis, c'est plus de mon âge la bagatelle. Non, pour la première, j'ai d'autres ambitions.
- Du genre ?
- Tu files en 39 mon gars, prends ton casque et ta baïonnette, tu vas dire bonjour à Lise et Otto.
J'étais sur le cul. Voilà que cet apôtre voulait m'envoyer à Stockholm dans une Europe se préparant à la guerre. Mais il avait tapé juste, la fission nucléaire à ses prémices.
- Et je suis sensé faire quoi une fois là-bas ? Je leur colle des beignes dans la tronche jusqu'à ce qu'ils comprennent que c'est pas bien ?
- Non, tu prends ça, et tu leur colles sous le nez.
Il me tendait une série de vielles photos, un champignon, et des clichés d'Hiroshima dévasté, des corps brûlés et tout l'arsenal d'horreurs qui va avec.
- Je ne doute pas que ton allemand soit encore parfait, mais parfois un petit croquis vaut mieux qu'un grand discours, n'est-ce pas ? Si besoin, je sais que tu sauras trouver les mots...
- Et... Les conséquences, tu y as pensé ? Le coup du papillon, l'effet boule de neige, on va pas se retrouver dans le charbon avec tes grandes idées ? J'vois déjà d'ici la scène, de la suie de partout et des bougnats en salopette et charrettes de partout aussi. T'en es sur de ta limonade mon Dédé ?
Il pouffa. J'étais assez fier de ma connerie, mais j'avais quand même quelques doutes faut bien le reconnaître.
- Qui ne tente rien...
- Ouais, c'est bon, je sais, pour la cause, c'est bien ça ?
- Oui.
On partageait le même humour, mais aussi un certain sens des valeurs. Le progrès oui, mais pas à n'importe quel prix et surtout pas dans un but à la con du genre, faire plier les peuples à coup de bastos ou de bombinette sortit tout droit des enfers.
Monsieur me tenait la portière, c'était-y pas mignon. L'intérieur était digne d'une vieille anglaise, décidément, il avait vu grand mon bonhomme. Couchette ventrale en tissus rouge comme un genre de velours, les cadrans et les manettes étaient soignés, de la belle ouvrage assurément. Je me suis retourné, je l'ai interrogé du regard.
- Oui, j'ai un compte en Suisse trouduc, il a rigolé. Moi aussi, mais j'en menais pas large quand même. Je me suis installé, il m'a briefé succinctement, j'avais capté très vite. Le GPS, un écran genre atlas en plus moderne, un cadran pour le réglage de la date, une étiquette collée en dessous (ne pas aller au-delà de - 66 Ma).
- Tu veux te faire becter par un gros lézard m'a-t-il dit avant même que je pose la question.
- Heuuu nan, tant qu'à faire si on pouvait éviter, ça me va aussi, je suis pas certain de mes vieilles guibolles... Et ça c'est le starter lui ai-je demandé en voyant un genre de tirette.
- Pfff t'es couillon. Ça c'est ce qui te permettra de revenir, enfin, c'est pour amorcer la pompe, tu fais 2 ou 3 mouvements, le mélange s'accumule dans la chambre de combustion, tu pousses le bouton rouge à droite et tu sers les miches Jeannot. D'ici, c'est moi qui déclenche, mais de là-bas, j'y serais pas, c'est toi qui vas gérer, à moins que tu veuilles rentrer à pieds...
- Ah ok, et ça dure combien de temps ? J'ai le temps d'un roupillon ou pas ?
- Instantané Jean, je t'ai dit, 2 ns. Que tu restes 1 heure, 1 jour, ou 10 ans, ici ne s'écoulera que dalle.
- Hé ho, j'ai pas l'intention d'y finir mes jours, j'ai cotisé toute ma vie, c'est pas pour faire une croix sur ma future retraite. Je me renseigne Zébulon, toi t'es au chaud bien peinard.
- T'inquiètes, je mets les glaçons au frais. Ah, au fait, oublies pas la clim hein, sinon tu vas me revenir buclé, à poil et tu vas foutre le feu à mon gourbi en sortant de la capsule.
J'ai pas eu le temps de protester ni de lui balancer une volée d'injures. Il avait déjà fermé l'écoutille cette andouille. J'ai sursauté, ce gros malin est apparu d'un coup d'une voix métallique et nasillarde.
- Ici Houston, vous m'entendez Apollo ?
- JE DOIS CAUSER OÙ? J'ai hurlé.
- Raaaahhhh, brailles pas foutu imbécile, tu viens de me griller la prothèse. T'as juste à parlé, j'ai équipé l'engin en cas de pépin.
- D'accord.
- Les coordonnées de Stockholm, c'est bon ?
- Ouais.
- La date ?
- J'ai le droit d'appeler un ami ou l'avis du publique...?
- Hahahaha, allez, je t'aide 6 janvier 1939. Passes à la boulangerie et apportes leur une galette... Mets 5 heures du matin, t'auras moins de chance de tomber sur un badaud. Affine le réglage GPS, la campagne environnante avec une marge de sécurité hein...
- C'est fait mon capitaine.
- Adieu mon Jeannot, content de t'avoir connu...
- Héééééééééééé....
J'ai pas eu le temps de commencer à l'engueuler, j'ai vu des lumières s'allumer, des trucs se sont mis à clignoter, j'ai senti quelque chose se charger tout autours à l'intérieur de mon cercueil ambulant. J'ai eu comme une sensation de fournaise aussitôt remplacée par des jets d'air gelé, j'y voyais plus rien dans ma boite à sardine. J'étais entier, je savais pas si ça avait fonctionné. Mais quelque chose me disait que le voyage aller était déjà fini.
Sur un écran annexe, j'avais tout ce qu'il me fallait, Lise Meitner, institut Nobel à Stockholm, elle y travaillait avec son neveu Otto Frisch. Ils venaient depuis quelques jours, de mettre en évidence l'énorme quantité d'énergie dégagée par la fission nucléaire, dans quelques heures, elle allait finir son article qui serait publié le 16 dans une revue appelée Nature, tu parles d'une blague. En gros, j'avais 10 jours devant moi quitte à aller foutre le feu à la boutique pour que son papier ne sorte jamais.
Le Dédé pensait décidément à tout, son suppositoire temporel était équipé d'un coffre, il y avait une mallette en métal, le même que la carlingue. Dedans, j'y découvris soigneusement pliées des vieilles sapes, j'allais à un bal costumé, sauf que moi la Cendrillon, je devais lui coller un grand coup de pantoufle dans le derrière.
C'était pas moche Stockholm, je faisais mon touriste en cherchant ma fameuse adresse, les rues commençaient à s'éveiller, le spectacle valait le détour. J'étais le premier voyageur du genre, fallait savourer un peu quand même, dommage, j'aurai su, j'aurai amené de quoi faire quelques pola pour mon asticot.
Vers 7h15, j'étais cutté sur les marches, je l'attendais de pied ferme la Lise, André m'avait filé les photos, c'était une petite brunette toute grignette. De toute façon, à cette époque, la majorité universitaire était équipée de moustaches, je pouvais difficilement la rater. J'ai pas attendu longtemps sous les regards intrigués des premiers docteurs, chercheurs ou autres élèves. On devait pas souvent squatter un hall d'entrée à cette époque, je hochais la tête pour répondre aux saluts, ça suffisait. Elle est arrivée, je me suis redressé pour aller l'accueillir. J'espérais que mon accent alsacien n'allait pas l'effaroucher.
- Mademoiselle Meitner ? Enchanté.
Je lui ai demandé de me précéder jusqu'à son labo, j'avais des éléments importants à lui fournir concernant son article. Elle a eu un air surpris, je l'ai rassuré en lui énonçant quelques équations de physique, elle s'est montrée intéressée. Visiblement, on était tous les deux de la partie, j'ai pas osé lui dire que j'en savais plus qu'elle. Pas pour le moment, pas comme ça, je devais d'abord l'amener à me faire confiance. J'avais déjà en tête le choc qu'elle allait avoir au moment fatidique de sortir mes clichés et de lui expliquer la suite, la guerre, les camps, l'entrée en guerre des Etats-Unis, le Japon, et le joli champignon qu'elle allait jeter dans toute cette omelette.
En ce qui concernait le fait, qu'un doux-cinglé venait lui rendre visite d'un futur pas si lointain que ça, je comptais sur son esprit cartésien de physicienne. J'espérais aussi qu'ils auraient la bonne idée de garder à portée une bouteille de schnaps ou autre, elle allait avoir besoin d'un remontant ma p'tite dame.
J'avais sous les yeux son article en cours de rédaction, elle, les clichés de Dédé. Elle se les repassait un à un, elle tremblait, les larmes lui étaient montées aux yeux. De l'autre côté des vitres, son neveu Otto qui était arrivé un peu plus tôt, vaquait à ses travaux, mais il avait l'air un peu déconcentré, il ne cessait de jeter des regards dans notre direction. Il était venu aux renseignements, je l'avais laissé le rassurer, il semblait adorer sa tantine le mioche.
Vers midi, ma mission était remplie, elle avait elle-même brûlé son papelard à un bec qui traînait non loin. On avait ensuite discuté de la guerre, des camps surtout, elle me mitraillait de question, j'y répondais au mieux, à chaque fois avec des pincettes, lui épargnant les pires détails. Elle avait le cœur bien accroché malgré tout, elle avait été infirmière pendant celle de 18, c'était un sacré bout de femme la Lise. Décidément, son Nobel, elle ne l'aurait jamais, et cette fois, c'était aussi un peu de ma faute. Je l'ai quitté vers 14h, on s'est embrassé respectueusement, moi avec beaucoup de tendresse pour ce p'tit bout de femme incroyable. Je lui ai souhaité bon courage et en jetant un dernier coup d'œil sur les tableaux couverts d'équations, de formules, et de schémas en tous genres, j'avais le sentiment qu'effectivement ils étaient en tête dans leur course à l'uranium.
J'ai retrouvé mon bolide à sa place dans son champ. J'ai donné un dernier coup d'œil sur les faubourgs du passé. J'ai changé de déguisement, jeté en vrac les miens dans leur coffre, j'ai jeté aussi un œil sur les photos du Dédé, j'ai regardé celle de Lise, j'ai pensé à ma femme.
Je me suis réinstallé aux manettes du suppo. L'instant d'après j'ouvrais la portière retrouvant mon vieux coucou suisse. Il avait l'air rassuré que je lui ramène le sien en bon état, mais y'avait autre chose.
- Alors cette promenade ?
- Je sais pas, du changement à signaler ?
- Que dalle mon grand, on a fait chou-blanc.
A défaut d'avoir su changer le passé, j'espère que ma petite machine à remonter le temps, aura su divertir le votre quelques instants.
* ça bloque les liens ou les mails pour les nouveaux^^
6h00, pffff, c'est pas des heures pour tirer un mec du lit tous les matins, j'en ai marre de cette vie à la con.
Allez, on se bouge, les fringues, le café, les tartines et un peu de lecture.
J'étais responsable du centre de retraitement local des déchets automobiles, vu que tout y était automatisé, j'en étais le seul employé. Autant dire que je m'y faisais bien chier toute la journée. Ça avait ses avantages, j'y branlais ce que bon me semblait, je bouquinais quoi, histoire de tuer le temps et l'ennui aussi. En gros, j'appuyais sur un bouton le matin, et idem le soir. Une vie palpitante sans déconner...
En arrivant, sitôt la machinerie lancée, je me suis casé avec mon café sur mon fauteuil préféré, faut dire y'en avait qu'un et il commençait à prendre salement la gueule d'un truc qui avait vu mon cul depuis bien trop longtemps. Sous les néons blafards, j'avais laissé s'amonceler des piles de bouquins, des petits bricolages en tous genres, postes de radio, cafetières, grilles-pains, jouets d'enfants, tout ce qui me permettait de faire passer ces foutues heures plus vite en somme, non pour ma sieste je vais attendre encore un peu, quand même faut pas abuser...
Je me suis connecté sur le vieux PC délabré qui me permettait de m'évader aussi de cet endroit et je suis allé voir mes mails, plus par habitude qu'autre chose.
Tiens, ce bon vieux Prof, la vache ça fait un bail, qu'est-ce qu'il raconte l'illuminé?
André.A Quahlé (*aqapla-at-hotmail.ch*)
À : Jean Foupalour (*jef-at-tigue-cdra.fr*)
Salut jean,
dis donc ça fait des lustres... Comment va mon bidouilleur de génie ?
Toujours coincé dans ta conserverie ? Allez, c'est juste une mise en boîte, fais pas la tronche. Hihihihi !
J'ai un truc pour toi, fais ton balluchon, et magnes toi le fion. Ah oui, tu peux aussi donner ta dém...
J'y suis enfin arrivé et j'ai besoin de toi, c'est du sérieux cette fois, mais faut être deux pas le choix... Et ça sera forcément toi mon vieil ami.
Ta chambre est prête.
Dédé.
PS : tu ne me croirais pas si je te disais là maintenant, quel est l'élément principal qui manquait...
Quoi...? Il était toujours sur sa vieille lubie cet animal, non mais j'y crois pas, il me charrie, c'est pas possible...
J'ai relu deux ou trois fois, je lui ai fait ma réponse. Comme j'en avais ras le casque de cette monotonie, que je savais à qui j'avais à faire et le genre de trucs que le Dédé s'amusait à tripatouiller dans son atelier depuis des décennies, j'ai pris le combiné, j'ai eu une vieille bique du siège au bout, elle a pas eu le temps de comprendre je crois, mais je m'en carrais la nouille.
J'ai vidé mon frigo, donné le tout à ma gentille voisine qui m'a demandé si je partais en voyage, fermé l'eau, le gaz et l'élec. J'ai aussi jeté un dernier regard sur mon clapier, rien d'oublié ? Non, j'avais l'essentiel dans mon sac, mes papiers, un peu de liquide, quelques fringues de rechange, zou...
Haaa, la Suisse, ses montagnes, son chocolat, son lac, ses coucous... J'allais revoir le mien de délabré justement, mon vieux pote de labo d'un temps révolu, malheureusement. Sa frangine était devenue ma femme, mais ça, c'était une autre vie. On avait coupé les ponts quelques mois après l'enterrement, c'est la vie qui est comme ça, elle vous joue de sales tours cette foutue garce.
Il était là le vieux, habillé en mode Pierre Richard, des loques dépareillées comme d'hab. Son air d'imbécile-heureux toujours chevillé au corps, il était sur le quai, il scrutait une grosse horloge avec comme qui dirait un air absorbé.
- Heyyy Dédé !
- Jeannooot, content de te revoir ma poule, on se fait la bise ? Il joignit le geste à la parole. C'était bon de le revoir le "frangin", pourquoi j'avais attendu tout ce temps. On est con quand même, mais bon...
- Alors, c'est quoi ta connerie, ton mail ? Me dis pas que tu penses toujours qu'aller faire joujou avec les strates temporelles c'est pas une idée à la noix? Et dis pas le contraire, je t'ai vu mater la tocante comme un mioche devant un pot de Nutella.
- Chuuut, ta gueule ducon, vas pas me faire foirer toutes ces années de boulot avec ta grande bouche... Il eut un air paniqué et jeta des œillades à la ronde. Le Dédé avait la gigite, il avait mis le doigt sur un truc important. Il constata mon air suspicieux, me prit par le bras et me dit :
- Depuis quelques jours, je suis sûr qu'on me surveille...
- ... ??? Tu déconnes là ? Qu'est-ce que t'as foutu encore ?
- Viens, on file, tu vas comprendre.
On a d'abord pris l'apéro face au lac, y a des priorités dans la vie ! La vue était toujours aussi splendide. Cette enflure touchait ses subventions, il déposait dans les 4 ou 6 brevets chaque année et la Suisse sait récompenser ses chercheurs, ça y a pas de doute, pas comme en France où la recherche bat de l'aile et où pour espérer un minimum de matos faut remplir des monceaux de paperasses administratives. Moi, j'avais lâché l'affaire depuis bien longtemps... Plein le cul de leurs conneries!
- Bon, tu m'expliques !
- Oui... Du jus de chou.
J'ai éclaté de rire, je l'ai regardé, et j'ai failli en chopper un infarctus tellement j'étais plié, il a souri.
- Si si, c'est pas une blague, moi aussi j'y croyais pas au début. Sa teneur en potassium, en phosphore, associée à d'autres éléments chimiques comme le sélénium et un soupçon de krypton et une bonne rasade de xénon, et zou, ça carbure direct...
- Nan, mais tu te fous de ma gueule là ?
- Non, sérieux, les propriétés du krypton tu connais, c'est un propulseur inégalé, le xénon pareil, ça pousse... Me fallait un catalyseur pour que le mélange fasse décoller ma guimbarde. C'est fait... Et dire que depuis tout ce temps, j'avais la solution dans l'assiette bordel ! En même temps, la transpiration de Zeus quoi, de là à dire que j'ai eu un éclair de lucidité, y a qu'un pas...
- Attends ! Ça marche, tu te paies ma tronche ? Arrête ton char Ben-Hur...
- Pose ton verre, on y va.
Elle était là sa lubie farfelue. Un suppositoire géant en métal chromé, du nickel je me suis dit direct, j'avais l’œil pour les métaux. Forcément putain..., un métal de transition, ça coule de source. Le vieux débris avait bien travaillé depuis toutes ces années, sa garçonnière à bric-à-brac croulait sous les appareils de toutes sortes, il y en avait de partout, une vraie caverne d'Ali Baba. Et bon Dieu oui, ça puait le chou ! Dans la zone des paillasses, ça distillait sévère, des cornues crachaient leur jus, on se serait cru à Blaesheim, une envie de charcuterie me vrilla les tripes, l'apéro m'avait ouvert l'appétit aussi.
- Dis donc Dédé, ton engin là, il a une forme un peu... Comment dire... J'étais hilare.
- Et ouais cornichon ! Il souriait aussi, l'aérodynamisme est de rigueur même pour voyager dans le temps, surtout en fait, tu ne peux pas imaginer la vitesse requise. J'ai rien laissé au hasard, mes derniers essais me donnent une réponse de l'ordre de 2 nanosecondes pour une température avoisinant à peine les 233°...
- QUOI... !!! La conversion était vite faite, 451° Fahrenheit, et on est sensé revenir entier avec ta trouvaille...?
- Oui, te fais pas de bile, y a même la clim. Tu as vu la forme, on voyagera allongé et au frais, tu veux pas non-plus un mini-bar ? J'en suis à mon 17e test sans soucis, mais sans voyageur aussi. Il faut que je sois ici derrière les moniteurs, au cas où...
- Au cas où quoi ? Là, j'ai fait un peu la gueule. J'avais comme une remontée gastrique qui me venait.
- Bah rien, mais j'ai pas envie de voir 30 ans de recherches partir en fumée sur une connerie, un incident électrique, un paramètre à ajuster, ou juste un plantage de processeur. Et j'ai pas envie non-plus de te voir, je sais pas moi, coincé chez cromagnon, en jupette à Rome ou en 1997...
J'ai ouvert mes calots bien grands, on pensait à la même chose, ma femme, sa sœur et cette sale année de merde.
Il souriait l'asticot, il avait bien préparé son coup.
- Tu veux une petite cigarette, un p'ti verre de rhum ? Il poussait le bouchon Maurice, il me montrait son dentier bien rangé.
- Quoi, tu veux que je monte dans ta fusée temporelle et que j'aille te ramener Marilyn espèce de vilain ?
- Ah ça non, j'y avais pas pensé à la Monroe, pis, c'est plus de mon âge la bagatelle. Non, pour la première, j'ai d'autres ambitions.
- Du genre ?
- Tu files en 39 mon gars, prends ton casque et ta baïonnette, tu vas dire bonjour à Lise et Otto.
J'étais sur le cul. Voilà que cet apôtre voulait m'envoyer à Stockholm dans une Europe se préparant à la guerre. Mais il avait tapé juste, la fission nucléaire à ses prémices.
- Et je suis sensé faire quoi une fois là-bas ? Je leur colle des beignes dans la tronche jusqu'à ce qu'ils comprennent que c'est pas bien ?
- Non, tu prends ça, et tu leur colles sous le nez.
Il me tendait une série de vielles photos, un champignon, et des clichés d'Hiroshima dévasté, des corps brûlés et tout l'arsenal d'horreurs qui va avec.
- Je ne doute pas que ton allemand soit encore parfait, mais parfois un petit croquis vaut mieux qu'un grand discours, n'est-ce pas ? Si besoin, je sais que tu sauras trouver les mots...
- Et... Les conséquences, tu y as pensé ? Le coup du papillon, l'effet boule de neige, on va pas se retrouver dans le charbon avec tes grandes idées ? J'vois déjà d'ici la scène, de la suie de partout et des bougnats en salopette et charrettes de partout aussi. T'en es sur de ta limonade mon Dédé ?
Il pouffa. J'étais assez fier de ma connerie, mais j'avais quand même quelques doutes faut bien le reconnaître.
- Qui ne tente rien...
- Ouais, c'est bon, je sais, pour la cause, c'est bien ça ?
- Oui.
On partageait le même humour, mais aussi un certain sens des valeurs. Le progrès oui, mais pas à n'importe quel prix et surtout pas dans un but à la con du genre, faire plier les peuples à coup de bastos ou de bombinette sortit tout droit des enfers.
Monsieur me tenait la portière, c'était-y pas mignon. L'intérieur était digne d'une vieille anglaise, décidément, il avait vu grand mon bonhomme. Couchette ventrale en tissus rouge comme un genre de velours, les cadrans et les manettes étaient soignés, de la belle ouvrage assurément. Je me suis retourné, je l'ai interrogé du regard.
- Oui, j'ai un compte en Suisse trouduc, il a rigolé. Moi aussi, mais j'en menais pas large quand même. Je me suis installé, il m'a briefé succinctement, j'avais capté très vite. Le GPS, un écran genre atlas en plus moderne, un cadran pour le réglage de la date, une étiquette collée en dessous (ne pas aller au-delà de - 66 Ma).
- Tu veux te faire becter par un gros lézard m'a-t-il dit avant même que je pose la question.
- Heuuu nan, tant qu'à faire si on pouvait éviter, ça me va aussi, je suis pas certain de mes vieilles guibolles... Et ça c'est le starter lui ai-je demandé en voyant un genre de tirette.
- Pfff t'es couillon. Ça c'est ce qui te permettra de revenir, enfin, c'est pour amorcer la pompe, tu fais 2 ou 3 mouvements, le mélange s'accumule dans la chambre de combustion, tu pousses le bouton rouge à droite et tu sers les miches Jeannot. D'ici, c'est moi qui déclenche, mais de là-bas, j'y serais pas, c'est toi qui vas gérer, à moins que tu veuilles rentrer à pieds...
- Ah ok, et ça dure combien de temps ? J'ai le temps d'un roupillon ou pas ?
- Instantané Jean, je t'ai dit, 2 ns. Que tu restes 1 heure, 1 jour, ou 10 ans, ici ne s'écoulera que dalle.
- Hé ho, j'ai pas l'intention d'y finir mes jours, j'ai cotisé toute ma vie, c'est pas pour faire une croix sur ma future retraite. Je me renseigne Zébulon, toi t'es au chaud bien peinard.
- T'inquiètes, je mets les glaçons au frais. Ah, au fait, oublies pas la clim hein, sinon tu vas me revenir buclé, à poil et tu vas foutre le feu à mon gourbi en sortant de la capsule.
J'ai pas eu le temps de protester ni de lui balancer une volée d'injures. Il avait déjà fermé l'écoutille cette andouille. J'ai sursauté, ce gros malin est apparu d'un coup d'une voix métallique et nasillarde.
- Ici Houston, vous m'entendez Apollo ?
- JE DOIS CAUSER OÙ? J'ai hurlé.
- Raaaahhhh, brailles pas foutu imbécile, tu viens de me griller la prothèse. T'as juste à parlé, j'ai équipé l'engin en cas de pépin.
- D'accord.
- Les coordonnées de Stockholm, c'est bon ?
- Ouais.
- La date ?
- J'ai le droit d'appeler un ami ou l'avis du publique...?
- Hahahaha, allez, je t'aide 6 janvier 1939. Passes à la boulangerie et apportes leur une galette... Mets 5 heures du matin, t'auras moins de chance de tomber sur un badaud. Affine le réglage GPS, la campagne environnante avec une marge de sécurité hein...
- C'est fait mon capitaine.
- Adieu mon Jeannot, content de t'avoir connu...
- Héééééééééééé....
J'ai pas eu le temps de commencer à l'engueuler, j'ai vu des lumières s'allumer, des trucs se sont mis à clignoter, j'ai senti quelque chose se charger tout autours à l'intérieur de mon cercueil ambulant. J'ai eu comme une sensation de fournaise aussitôt remplacée par des jets d'air gelé, j'y voyais plus rien dans ma boite à sardine. J'étais entier, je savais pas si ça avait fonctionné. Mais quelque chose me disait que le voyage aller était déjà fini.
Sur un écran annexe, j'avais tout ce qu'il me fallait, Lise Meitner, institut Nobel à Stockholm, elle y travaillait avec son neveu Otto Frisch. Ils venaient depuis quelques jours, de mettre en évidence l'énorme quantité d'énergie dégagée par la fission nucléaire, dans quelques heures, elle allait finir son article qui serait publié le 16 dans une revue appelée Nature, tu parles d'une blague. En gros, j'avais 10 jours devant moi quitte à aller foutre le feu à la boutique pour que son papier ne sorte jamais.
Le Dédé pensait décidément à tout, son suppositoire temporel était équipé d'un coffre, il y avait une mallette en métal, le même que la carlingue. Dedans, j'y découvris soigneusement pliées des vieilles sapes, j'allais à un bal costumé, sauf que moi la Cendrillon, je devais lui coller un grand coup de pantoufle dans le derrière.
C'était pas moche Stockholm, je faisais mon touriste en cherchant ma fameuse adresse, les rues commençaient à s'éveiller, le spectacle valait le détour. J'étais le premier voyageur du genre, fallait savourer un peu quand même, dommage, j'aurai su, j'aurai amené de quoi faire quelques pola pour mon asticot.
Vers 7h15, j'étais cutté sur les marches, je l'attendais de pied ferme la Lise, André m'avait filé les photos, c'était une petite brunette toute grignette. De toute façon, à cette époque, la majorité universitaire était équipée de moustaches, je pouvais difficilement la rater. J'ai pas attendu longtemps sous les regards intrigués des premiers docteurs, chercheurs ou autres élèves. On devait pas souvent squatter un hall d'entrée à cette époque, je hochais la tête pour répondre aux saluts, ça suffisait. Elle est arrivée, je me suis redressé pour aller l'accueillir. J'espérais que mon accent alsacien n'allait pas l'effaroucher.
- Mademoiselle Meitner ? Enchanté.
Je lui ai demandé de me précéder jusqu'à son labo, j'avais des éléments importants à lui fournir concernant son article. Elle a eu un air surpris, je l'ai rassuré en lui énonçant quelques équations de physique, elle s'est montrée intéressée. Visiblement, on était tous les deux de la partie, j'ai pas osé lui dire que j'en savais plus qu'elle. Pas pour le moment, pas comme ça, je devais d'abord l'amener à me faire confiance. J'avais déjà en tête le choc qu'elle allait avoir au moment fatidique de sortir mes clichés et de lui expliquer la suite, la guerre, les camps, l'entrée en guerre des Etats-Unis, le Japon, et le joli champignon qu'elle allait jeter dans toute cette omelette.
En ce qui concernait le fait, qu'un doux-cinglé venait lui rendre visite d'un futur pas si lointain que ça, je comptais sur son esprit cartésien de physicienne. J'espérais aussi qu'ils auraient la bonne idée de garder à portée une bouteille de schnaps ou autre, elle allait avoir besoin d'un remontant ma p'tite dame.
J'avais sous les yeux son article en cours de rédaction, elle, les clichés de Dédé. Elle se les repassait un à un, elle tremblait, les larmes lui étaient montées aux yeux. De l'autre côté des vitres, son neveu Otto qui était arrivé un peu plus tôt, vaquait à ses travaux, mais il avait l'air un peu déconcentré, il ne cessait de jeter des regards dans notre direction. Il était venu aux renseignements, je l'avais laissé le rassurer, il semblait adorer sa tantine le mioche.
Vers midi, ma mission était remplie, elle avait elle-même brûlé son papelard à un bec qui traînait non loin. On avait ensuite discuté de la guerre, des camps surtout, elle me mitraillait de question, j'y répondais au mieux, à chaque fois avec des pincettes, lui épargnant les pires détails. Elle avait le cœur bien accroché malgré tout, elle avait été infirmière pendant celle de 18, c'était un sacré bout de femme la Lise. Décidément, son Nobel, elle ne l'aurait jamais, et cette fois, c'était aussi un peu de ma faute. Je l'ai quitté vers 14h, on s'est embrassé respectueusement, moi avec beaucoup de tendresse pour ce p'tit bout de femme incroyable. Je lui ai souhaité bon courage et en jetant un dernier coup d'œil sur les tableaux couverts d'équations, de formules, et de schémas en tous genres, j'avais le sentiment qu'effectivement ils étaient en tête dans leur course à l'uranium.
J'ai retrouvé mon bolide à sa place dans son champ. J'ai donné un dernier coup d'œil sur les faubourgs du passé. J'ai changé de déguisement, jeté en vrac les miens dans leur coffre, j'ai jeté aussi un œil sur les photos du Dédé, j'ai regardé celle de Lise, j'ai pensé à ma femme.
Je me suis réinstallé aux manettes du suppo. L'instant d'après j'ouvrais la portière retrouvant mon vieux coucou suisse. Il avait l'air rassuré que je lui ramène le sien en bon état, mais y'avait autre chose.
- Alors cette promenade ?
- Je sais pas, du changement à signaler ?
- Que dalle mon grand, on a fait chou-blanc.
A défaut d'avoir su changer le passé, j'espère que ma petite machine à remonter le temps, aura su divertir le votre quelques instants.
* ça bloque les liens ou les mails pour les nouveaux^^
Aldaron De Molégers- Occupe le terrain
- Humeur : Alternance de teintes du sombre au clair-obscur.
Re: Le coucou suisse.
J'ai tout lu, et y'a rien à jeter, c'est du tout bon, mais... Il va falloir que tu apprennes à condenser tes textes, ou bien à ne répondre qu'à la consigne, sans planter le décor.
Là, tu nous a fait l'avant, le pendant, l'après et plus si affinités !
Je suis embêtée, parce qu'au final, ton texte est excellent, mais ce n'est plus un texte, c'est une nouvelle
J'ai peur que la longueur rebute les lecteurs, alors que ça se lit très bien, avec de beaux dialogues, un joli vocabulaire et beaucoup d'humour.
Mon sentiment principal est donc
Petit bémol sur la fin que je trouve du coup, par rapport à tous le reste, bâclée
PS: j'ai justifié ton texte pour faciliter la lecture
Là, tu nous a fait l'avant, le pendant, l'après et plus si affinités !
Je suis embêtée, parce qu'au final, ton texte est excellent, mais ce n'est plus un texte, c'est une nouvelle
J'ai peur que la longueur rebute les lecteurs, alors que ça se lit très bien, avec de beaux dialogues, un joli vocabulaire et beaucoup d'humour.
Mon sentiment principal est donc
Petit bémol sur la fin que je trouve du coup, par rapport à tous le reste, bâclée
PS: j'ai justifié ton texte pour faciliter la lecture
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Le coucou suisse.
pas mieux qu'admin ^^
c'est excellent de bout en bout, juste la fin qui s'arrete un peu trop brutalement, par rapport au reste, mais c'est à peu près tout ce qu'il y a à regretter.
bien sur, c'est trop long pour une consigne, mais ça se lit bien, super bien, meme. un grand bravo pour ce texte, il y a tout ce que j'aime, l'humour, un langage riche, varié, imagé, et surtout ton imagination débordante, qui a enfin retrouvé son vecteur de communication ^^
quelques ptites fautes d'ortho, et oui, pense à justifier le texte, pour le plaisir de l'oeil
un grand bravo à toi
c'est excellent de bout en bout, juste la fin qui s'arrete un peu trop brutalement, par rapport au reste, mais c'est à peu près tout ce qu'il y a à regretter.
bien sur, c'est trop long pour une consigne, mais ça se lit bien, super bien, meme. un grand bravo pour ce texte, il y a tout ce que j'aime, l'humour, un langage riche, varié, imagé, et surtout ton imagination débordante, qui a enfin retrouvé son vecteur de communication ^^
quelques ptites fautes d'ortho, et oui, pense à justifier le texte, pour le plaisir de l'oeil
un grand bravo à toi
Pati- Kaléïd'habitué
- Humeur : mouvante
Re: Le coucou suisse.
Aldaron, je suis sur le flanc à te lire...
Sidérée, bluffée...
Oui, c'est trop long pour une consigne mais tu as eu raison de tout nous dire de A à Z.
Ton imagination déborde de partout, ton langage " fleuri" et bien actuel accentue la véracité de tes dires
Humour, petite pointe de sentiment aussi...
Sidérée, bluffée...
Oui, c'est trop long pour une consigne mais tu as eu raison de tout nous dire de A à Z.
Ton imagination déborde de partout, ton langage " fleuri" et bien actuel accentue la véracité de tes dires
Humour, petite pointe de sentiment aussi...
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Le coucou suisse.
Merci d'avoir pris le temps !
Oui, je suis moi aussi mitigé sur la chute, mais j'avoue que vu la longueur, j'ai opté pour la pirouette !
Désolé pour la mise en page, je ne suis pas encore rodé aux habitudes kaléïdoplumiennes. J'ai fait plusieurs corrections, mais j'en avais plein les yeux, j'ai donc dû oublier quelques fautes, je m'en excuse.
La nouvelle m'a traversé la tête, c'est vrai, mais je ne sais pas si je suis près à mener l'exercice de bout en bout. Si ce texte a su cependant vous faire rire ou sourire, c'est pour moi le principal, j'y ai quant à moi pris du plaisir. L'écriture simple façon "parlé ", c'était pour moi presque une première, j'ai eu quelques doutes, mais je crois que j'en suis assez content au final.
En tout cas, encore merci à Pati, elle a su réveiller un vieux truc qui hibernait.
Et merci à kalé, source d'inspiration depuis quelques jours.
Oui, je suis moi aussi mitigé sur la chute, mais j'avoue que vu la longueur, j'ai opté pour la pirouette !
Désolé pour la mise en page, je ne suis pas encore rodé aux habitudes kaléïdoplumiennes. J'ai fait plusieurs corrections, mais j'en avais plein les yeux, j'ai donc dû oublier quelques fautes, je m'en excuse.
La nouvelle m'a traversé la tête, c'est vrai, mais je ne sais pas si je suis près à mener l'exercice de bout en bout. Si ce texte a su cependant vous faire rire ou sourire, c'est pour moi le principal, j'y ai quant à moi pris du plaisir. L'écriture simple façon "parlé ", c'était pour moi presque une première, j'ai eu quelques doutes, mais je crois que j'en suis assez content au final.
En tout cas, encore merci à Pati, elle a su réveiller un vieux truc qui hibernait.
Et merci à kalé, source d'inspiration depuis quelques jours.
Aldaron De Molégers- Occupe le terrain
- Humeur : Alternance de teintes du sombre au clair-obscur.
Re: Le coucou suisse.
Ah oui, rendons à César, ce qui lui appartient...
Pati a écrit:une scénette bien agréable à lire, bien rythmée et bien prise de chou, comme tout voyage temporel qui se respecte
Aldaron De Molégers- Occupe le terrain
- Humeur : Alternance de teintes du sombre au clair-obscur.
Re: Le coucou suisse.
Aldaron a écrit:La nouvelle m'a traversé la tête, c'est vrai, mais je ne sais pas si je suis près à mener l'exercice de bout en bout.
Ta fin est à retravailler pour lui donner une vraie fin, et tu auras ta nouvelle, tout à fait "publiable"
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Le coucou suisse.
Excellent !! J'ai adoré ! Le style ! L'ambiance ! L'humour aussi !
C'est vrai que par rapport à la consigne, je me demandais quand est-ce que cela allait arriver, mais en même temps, le ton texte est très prenant et vraiment vraiment excellent à lire ! Même si j'émets un petit bémol pour la fin !!!
Puis pour la longueur, en même temps, pour ma part, je dirai qu'on pourrait le pointer du doigt si l'histoire n'était pas bonne. Là, la longueur ne m'a pas fait peur pour ma part.
C'est vrai que par rapport à la consigne, je me demandais quand est-ce que cela allait arriver, mais en même temps, le ton texte est très prenant et vraiment vraiment excellent à lire ! Même si j'émets un petit bémol pour la fin !!!
Puis pour la longueur, en même temps, pour ma part, je dirai qu'on pourrait le pointer du doigt si l'histoire n'était pas bonne. Là, la longueur ne m'a pas fait peur pour ma part.
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: Le coucou suisse.
Non, la longueur ne m'a pas rebutée, car dès le début tu nous embarques avec humour dans l'aventure, et on a hâte de "déguster "la suite. J'ai beaucoup aimé la description de la Machine, son intérieur retro et son mode de propulsion: on se croirait dans un film de SF des années 1960.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: Le coucou suisse.
Un texte excellent. Beaucoup d'humour et bravo pour le langage utilisé.
Pas été gênée par la longueur mais déçue par la fin qui effectivement est un peu "baclée". Ta nouvelle aurait mérité une fin digne de tout le reste du texte
Pas été gênée par la longueur mais déçue par la fin qui effectivement est un peu "baclée". Ta nouvelle aurait mérité une fin digne de tout le reste du texte
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
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