A-L’homme qui peignait la girafe.
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A-L’homme qui peignait la girafe.
Il était une fois… dans la grande savane africaine, une girafe qui s’ennuyait à mourir. D’un pelage brun foncé, elle attirait les mouches, les moustiques et autres insectes qui venaient sans arrêt se nourrir et la harcelaient de leurs piquants. Elle n’aimait pas sa robe qu’elle trouvait trop voyante. Elle avait beau faire des ronds avec ses jambes, des ovales avec son museau, des croix avec ses oreilles, se passer la langue sur son pelage, rien n’y faisait. Au contraire, elle avait l’impression qu’il y avait de plus en plus de monde sur son dos ! Elle ne voyait pas comment se débarrasser de tous ces parasites.
La faute à cette maudite robe, pensait-elle ! Elle n’avait plus d’entrain. Rien ne l’intéressait, rien ne lui faisait plaisir. De temps en temps elle broutait l’herbe rase, sans saveur. De temps à autre, elle effeuillait les grands palétuviers, sans conviction. Elle n’avait pas d’ami. Comme elle se sentait seule ! Comme elle aurait aimé rencontrer du monde ! Elle dépérissait à vue d’œil. Son pelage uni devenait terne. Ses yeux perdaient leur éclat. Elle n’avait plus la force de se nourrir.
Elle allait périr, lorsqu’un oiseau au plumage d’un bleu éclatant avec des reflets argentés vint se poser près d’elle.
L’oiseau chantait tout le temps. Le jour il chantait. La nuit il chantait. Sous le soleil, il chantait. Au clair de lune il chantait. Sous la pluie, il chantait…
C’était tellement inhabituel pour notre girafe, d’entendre un son aussi mélodieux, qu’elle leva la tête et aperçut l’oiseau.
-Qui es-tu ? Tu veux bien être mon ami ? Lui dit-elle.
-Je suis l’oiseau de feu lui dit-il. Je viens du grand large. Dans mon pays, il n’y a pas d’arbres, il n’y a que du bleu et de l’orangé. Bleu comme moi, orangé comme toi. Je dois voler tout le temps. Pas un seul rocher où me poser. Je me nourrie de poisson. Le soleil me réchauffe, et je dois chanter le jour et la nuit pour chasser les mauvais esprits qui vivent en mer.
-Mais toi tu as des reflets d’argent, comme j’aimerais avoir les mêmes ! Comment as-tu fait pour avoir ces jolis éclats ?
L’oiseau ne trouvait pas d’explication. Il avait beaucoup voyagé. Il en avait vu des choses, et de toutes les couleurs, mais à vrai dire, il ne s’était pas posé beaucoup de questions sur l’état de ce monde. Pourquoi son plumage était si lumineux et celui de la girafe si terne, ça, il ne le savait pas !
-Viens avec moi, lui dit-il, ensemble nous trouverons la réponse. En vérité il comptait surtout sur la girafe pour résoudre le problème.
En chemin ils rencontrèrent un zèbre. Ils furent surpris de voir un animal au profil si harmonieux, au pelage si doux et aux couleurs si régulières.
-Qui es-tu ? Demandèrent ensemble l’oiseau et la girafe. Tu veux bien être notre ami ?
-Je suis le zèbre d’Afrique. Je viens de l’autre côté de la grande prairie. Là- bas les arbres sont si chenus et le sable si épais que rien n’y peux pousser. J’ai dû fuir mon pays. Je vais chercher la pluie afin que mon peuple puisse vivre sans crainte du lendemain. Venez avec moi, ensemble nous irons chercher de l’eau pour abreuver nos troupeaux.
Ils partirent donc et cheminèrent longtemps, longtemps, jusqu’à une clairière où se trouvait un arbre magique.
L’oiseau claqua l’écorce avec son bec. Il apparut alors une toute petite goutte d’eau sur le tronc majestueux. Sous cet arbre, il y avait autant d’ombre que de lumière, de l’eau, des baies, des fruits sauvages.
-Je vais pouvoir rester ici se dit-il et il se posa sur une branche.
Le zèbre se frotta contre l’écorce rugueuse. Il se mit à tomber en cascade une pluie fine et abondante qui ruissela bientôt en rigole.
-Où va donc cette eau ? Demanda le zèbre.
-Elle va loin, si loin, jusqu’en pays lointain, répondit l’oiseau.
-Je suis sauvé dit le petit zèbre, elle va arroser notre pays et mes congénères seront sauvés à leur tour. Je vais pouvoir rester ici et me reposer.
-Mais moi dit la girafe, je vais rester seule à nouveau ?
-Pas du tout, lui dirent ensemble le zèbre et l’oiseau. Reste avec nous, si tu le veux.
-Mais je vais vous attirer des ennuis, si je reste ici, je ne transporte que de la vermine ! et ma robe est si visible et si laide que tout le monde vous tournera le dos !
- Tu peux rester quand même lui dirent ensemble le zèbre et l’oiseau. Assieds-toi sous cet arbre, la pluie finira par délaver ton pelage et ta couleur s’atténuera !
Ils restèrent ainsi des jours et des nuits. L’oiseau avait beau taper le tronc avec son bec. Le zèbre avait beau secouer l’arbre avec son dos. La pluie tomber en cascade, rien ne venait atténuer la couleur fauve foncée de notre girafe.
Les villageois intrigués par cette pluie incessante, ne comprenaient rien à l’affaire. Ils se demandaient pourquoi, depuis quelques temps, il y avait autant d’eau devant leurs cases.
Il faut trouver une solution, dit alors le grand sorcier.
-Nos animaux et nos récoltes vont périr noyés à ce train-là. Si nous ne faisons rien, tout sera perdu et nous devrons quitter cet endroit.
Ils partir alors en remontant le courant de la rivière qui venait de se former. Ils arrivèrent à la lisière de la clairière où se trouvaient nos amis zèbre, girafe et oiseau.
Quand ils virent le phénomène du l’arbre magique, ils restèrent ébahis. L’oiseau leur expliqua alors pourquoi, depuis quelques temps, il pleuvait autant.
-C’est pour notre amie girafe, dit-il, elle se meure de ne pouvoir changer de robe !
Le grand chef, interloqué, roula de gros yeux curieux, leva les bras au ciel et se gratta le menton. Il réfléchissait à la situation.
-Il y aurait bien une solution, concédât- il, au bout de trois quart d’heure.
Il suffirait que tu acceptes de nous suivre.
-Vous suivre ? Demanda dame girafe.
-Viens avec nous jusqu’à notre case. Ainsi dit, ainsi fait.
Les hommes repartirent avec notre girafe. L’oiseau et le zèbre restèrent dans la clairière et arrêtèrent de secouer le pauvre arbre qui allait s’épuiser à son tour, à force de pleurer.
Arrivés à destination, le grand chef demanda qu’on sorte la grande échelle, les seaux de peinture, les pinceaux et la laine de verre. Les uns frottaient le pelage qui devint roux, les autres munis de pinceaux de différents calibres dessinèrent des figures géométriques sur le corps de madame girafe qui se trouvait presque parfaite.
Quand la séance de maquillage fut terminée, le grand sorcier lui présenta une grande glace où elle put s’admirer.
-Oh s’exclama-t-elle, il manque juste un détail : il faudrait qu’on me coiffe à présent !
Et c’est ainsi que naquît la légende de l’homme qui peignait la girafe.
La faute à cette maudite robe, pensait-elle ! Elle n’avait plus d’entrain. Rien ne l’intéressait, rien ne lui faisait plaisir. De temps en temps elle broutait l’herbe rase, sans saveur. De temps à autre, elle effeuillait les grands palétuviers, sans conviction. Elle n’avait pas d’ami. Comme elle se sentait seule ! Comme elle aurait aimé rencontrer du monde ! Elle dépérissait à vue d’œil. Son pelage uni devenait terne. Ses yeux perdaient leur éclat. Elle n’avait plus la force de se nourrir.
Elle allait périr, lorsqu’un oiseau au plumage d’un bleu éclatant avec des reflets argentés vint se poser près d’elle.
L’oiseau chantait tout le temps. Le jour il chantait. La nuit il chantait. Sous le soleil, il chantait. Au clair de lune il chantait. Sous la pluie, il chantait…
C’était tellement inhabituel pour notre girafe, d’entendre un son aussi mélodieux, qu’elle leva la tête et aperçut l’oiseau.
-Qui es-tu ? Tu veux bien être mon ami ? Lui dit-elle.
-Je suis l’oiseau de feu lui dit-il. Je viens du grand large. Dans mon pays, il n’y a pas d’arbres, il n’y a que du bleu et de l’orangé. Bleu comme moi, orangé comme toi. Je dois voler tout le temps. Pas un seul rocher où me poser. Je me nourrie de poisson. Le soleil me réchauffe, et je dois chanter le jour et la nuit pour chasser les mauvais esprits qui vivent en mer.
-Mais toi tu as des reflets d’argent, comme j’aimerais avoir les mêmes ! Comment as-tu fait pour avoir ces jolis éclats ?
L’oiseau ne trouvait pas d’explication. Il avait beaucoup voyagé. Il en avait vu des choses, et de toutes les couleurs, mais à vrai dire, il ne s’était pas posé beaucoup de questions sur l’état de ce monde. Pourquoi son plumage était si lumineux et celui de la girafe si terne, ça, il ne le savait pas !
-Viens avec moi, lui dit-il, ensemble nous trouverons la réponse. En vérité il comptait surtout sur la girafe pour résoudre le problème.
En chemin ils rencontrèrent un zèbre. Ils furent surpris de voir un animal au profil si harmonieux, au pelage si doux et aux couleurs si régulières.
-Qui es-tu ? Demandèrent ensemble l’oiseau et la girafe. Tu veux bien être notre ami ?
-Je suis le zèbre d’Afrique. Je viens de l’autre côté de la grande prairie. Là- bas les arbres sont si chenus et le sable si épais que rien n’y peux pousser. J’ai dû fuir mon pays. Je vais chercher la pluie afin que mon peuple puisse vivre sans crainte du lendemain. Venez avec moi, ensemble nous irons chercher de l’eau pour abreuver nos troupeaux.
Ils partirent donc et cheminèrent longtemps, longtemps, jusqu’à une clairière où se trouvait un arbre magique.
L’oiseau claqua l’écorce avec son bec. Il apparut alors une toute petite goutte d’eau sur le tronc majestueux. Sous cet arbre, il y avait autant d’ombre que de lumière, de l’eau, des baies, des fruits sauvages.
-Je vais pouvoir rester ici se dit-il et il se posa sur une branche.
Le zèbre se frotta contre l’écorce rugueuse. Il se mit à tomber en cascade une pluie fine et abondante qui ruissela bientôt en rigole.
-Où va donc cette eau ? Demanda le zèbre.
-Elle va loin, si loin, jusqu’en pays lointain, répondit l’oiseau.
-Je suis sauvé dit le petit zèbre, elle va arroser notre pays et mes congénères seront sauvés à leur tour. Je vais pouvoir rester ici et me reposer.
-Mais moi dit la girafe, je vais rester seule à nouveau ?
-Pas du tout, lui dirent ensemble le zèbre et l’oiseau. Reste avec nous, si tu le veux.
-Mais je vais vous attirer des ennuis, si je reste ici, je ne transporte que de la vermine ! et ma robe est si visible et si laide que tout le monde vous tournera le dos !
- Tu peux rester quand même lui dirent ensemble le zèbre et l’oiseau. Assieds-toi sous cet arbre, la pluie finira par délaver ton pelage et ta couleur s’atténuera !
Ils restèrent ainsi des jours et des nuits. L’oiseau avait beau taper le tronc avec son bec. Le zèbre avait beau secouer l’arbre avec son dos. La pluie tomber en cascade, rien ne venait atténuer la couleur fauve foncée de notre girafe.
Les villageois intrigués par cette pluie incessante, ne comprenaient rien à l’affaire. Ils se demandaient pourquoi, depuis quelques temps, il y avait autant d’eau devant leurs cases.
Il faut trouver une solution, dit alors le grand sorcier.
-Nos animaux et nos récoltes vont périr noyés à ce train-là. Si nous ne faisons rien, tout sera perdu et nous devrons quitter cet endroit.
Ils partir alors en remontant le courant de la rivière qui venait de se former. Ils arrivèrent à la lisière de la clairière où se trouvaient nos amis zèbre, girafe et oiseau.
Quand ils virent le phénomène du l’arbre magique, ils restèrent ébahis. L’oiseau leur expliqua alors pourquoi, depuis quelques temps, il pleuvait autant.
-C’est pour notre amie girafe, dit-il, elle se meure de ne pouvoir changer de robe !
Le grand chef, interloqué, roula de gros yeux curieux, leva les bras au ciel et se gratta le menton. Il réfléchissait à la situation.
-Il y aurait bien une solution, concédât- il, au bout de trois quart d’heure.
Il suffirait que tu acceptes de nous suivre.
-Vous suivre ? Demanda dame girafe.
-Viens avec nous jusqu’à notre case. Ainsi dit, ainsi fait.
Les hommes repartirent avec notre girafe. L’oiseau et le zèbre restèrent dans la clairière et arrêtèrent de secouer le pauvre arbre qui allait s’épuiser à son tour, à force de pleurer.
Arrivés à destination, le grand chef demanda qu’on sorte la grande échelle, les seaux de peinture, les pinceaux et la laine de verre. Les uns frottaient le pelage qui devint roux, les autres munis de pinceaux de différents calibres dessinèrent des figures géométriques sur le corps de madame girafe qui se trouvait presque parfaite.
Quand la séance de maquillage fut terminée, le grand sorcier lui présenta une grande glace où elle put s’admirer.
-Oh s’exclama-t-elle, il manque juste un détail : il faudrait qu’on me coiffe à présent !
Et c’est ainsi que naquît la légende de l’homme qui peignait la girafe.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A-L’homme qui peignait la girafe.
Et bien voilà : tu l'as fait ! Et rondement bien fait (peigner la girafe) ! J'adore ce conte qui mêle merveilleux et malice avec beaucoup de poésie.
Au début de ma lecture - au vu du titre - j'ai pensé que ta girafe allait se mettre en quête de quelqu'un pour la peigner afin de la débarrasser de tous ces parasites. Mais ça aurait été trop simple et bien moins amusant.
J'ai relevé aussi l'allusion à "l'état de ce monde" pouvant être à la fois lumineux et terne.
Au début de ma lecture - au vu du titre - j'ai pensé que ta girafe allait se mettre en quête de quelqu'un pour la peigner afin de la débarrasser de tous ces parasites. Mais ça aurait été trop simple et bien moins amusant.
J'ai relevé aussi l'allusion à "l'état de ce monde" pouvant être à la fois lumineux et terne.
Invité- Invité
Re: A-L’homme qui peignait la girafe.
Merci, alors ! moi qui pensais avoir écrit une de ces nullités qui remplissent les poubelles, je suis contente qu'il t'ai plu ce texte.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
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