A.Le vrai du faux
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Amanda.
Escandélia
Charlotte
7 participants
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A.Le vrai du faux
Je suis née le mardi 29 février 1944 à Bruxelles. Ce n’est pas tout à fait vrai mais presque : ce n’est pas à quatre jours près. On va donc faire comme si…
parce que cela m’arrange et parce qu’alors j’ai 18 ans aujourd’hui, le plus bel âge, l’année où comme une adulte, que je ne suis pas encore tout à fait, mais assez quand même, je peux dire au revoir à papa maman ,à mes 8 frères et sœurs, à mon cheval sans trop pleurer, à l’aéroport et prendre un avion pour m’envoler vers l’Afrique en rêvant à Tintin et Milou dans les pas desquels je me suis jurée depuis mes douze ans, de mettre les miens.
Quelques jours ou semaines après ma naissance, ma mère se fait une obligation d’aller me présenter à la voisine, une très vieille et très laide femme. Celle-ci se penchant sur moi bien blottie dans les bras de ma maman s’exclame :
-« Pourquoi donc l’avez-vous appelée Charlotte ? Vous savez pourtant bien que toutes les Charlottes sont des criardes… » Et moi, paraît-il de lui donner raison sur le champ : ce qui écourta, pour le bonheur de tous, cette visite de politesse.
Je n’ai peur de rien ni de personne, je me sens investie d’une mission très importante et c’est en blanche conquérante que je pars vers cette terra incognita comme professeur pour enseigner le français, les fables de Lafontaine, l’accord des participes passés, l’histoire, nos ancêtres les gaulois, Astérix, un peu de sciences, les écluses , le calcul, la règle de trois et la preuve par neuf.
L’école est située en brousse avec comme eau, celle qui coule de l’unique robinet placé au milieu de la cour de récréation, et comme lumière, celle du soleil ou des lampes à pétrole, l’électricité étant un rêve à venir pour plus tard.
J’adore mes élèves bien noires en uniforme bleu marine et blanc et pieds nus. Elles m’aiment aussi, elles aiment surtout mes cheveux bouclés( pas crépus pour un sou) qu’elles ne se lassent pas de toucher. Je les ai vite apprivoisées avec ma guitare , les chansons de Françoise Hardy , Sylvie Vartan , Johnny et Richard Antony !
Pour moi la vie va commencer…
Je leur apprends le twist, elles m’initient à leurs danses mystérieuses dans lesquelles je me sens dans mon élément comme si je les avais dans le sang depuis ma naissance.
C’est que je me sens de plus en plus noire et de moins en moins blanche. Je me mets souvent à marcher sans chaussures malgré les cailloux qui ne sont pas des bijoux.
C’est là aussi que je découvre mon don pour la sorcellerie dont une de mes élèves est friande. Elle ne va pas bien du tout .Les missionnaires du lieu préconisent un exorcisme en bonne et due forme. Je suis tout à fait contre. Je n’ai rien contre ces pères blancs d’autant plus qu’il y en a un qui me plait beaucoup.( Il convient de préciser que des jeunes européens célibataires et non curés ne courent pas les pistes de la brousse dans ce coin perdu alors…ce qui devait arriver arriva !)
Tout çà pour vous dire que c’est moi qui ai guéri ma petite Eustochia de sa mélancolie bizarroïde. Et c’en était vite fini de ses hallucinations avec vision de l’au delà , de l’enfer et du purgatoire où se trouvait d’après elle, son grand père avec ses 700.000 vierges .Elle voulait en faire partie ! Quelle drôle d’idée !
Une drôle d’idée en effet …que je lui ai fait passer en une deux trois…
Mon truc, mon remède, mon secret ... je me garde bien bien de le partager mais je vous jure sur la tête de toute l’Eglise catholique romaine qu’il fonctionne à fond la caisse à tous les coups, les sâles surtout… si, en plus , je crie très fort… « Vade retro Satanas » !
parce que cela m’arrange et parce qu’alors j’ai 18 ans aujourd’hui, le plus bel âge, l’année où comme une adulte, que je ne suis pas encore tout à fait, mais assez quand même, je peux dire au revoir à papa maman ,à mes 8 frères et sœurs, à mon cheval sans trop pleurer, à l’aéroport et prendre un avion pour m’envoler vers l’Afrique en rêvant à Tintin et Milou dans les pas desquels je me suis jurée depuis mes douze ans, de mettre les miens.
Quelques jours ou semaines après ma naissance, ma mère se fait une obligation d’aller me présenter à la voisine, une très vieille et très laide femme. Celle-ci se penchant sur moi bien blottie dans les bras de ma maman s’exclame :
-« Pourquoi donc l’avez-vous appelée Charlotte ? Vous savez pourtant bien que toutes les Charlottes sont des criardes… » Et moi, paraît-il de lui donner raison sur le champ : ce qui écourta, pour le bonheur de tous, cette visite de politesse.
Je n’ai peur de rien ni de personne, je me sens investie d’une mission très importante et c’est en blanche conquérante que je pars vers cette terra incognita comme professeur pour enseigner le français, les fables de Lafontaine, l’accord des participes passés, l’histoire, nos ancêtres les gaulois, Astérix, un peu de sciences, les écluses , le calcul, la règle de trois et la preuve par neuf.
L’école est située en brousse avec comme eau, celle qui coule de l’unique robinet placé au milieu de la cour de récréation, et comme lumière, celle du soleil ou des lampes à pétrole, l’électricité étant un rêve à venir pour plus tard.
J’adore mes élèves bien noires en uniforme bleu marine et blanc et pieds nus. Elles m’aiment aussi, elles aiment surtout mes cheveux bouclés( pas crépus pour un sou) qu’elles ne se lassent pas de toucher. Je les ai vite apprivoisées avec ma guitare , les chansons de Françoise Hardy , Sylvie Vartan , Johnny et Richard Antony !
Pour moi la vie va commencer…
Je leur apprends le twist, elles m’initient à leurs danses mystérieuses dans lesquelles je me sens dans mon élément comme si je les avais dans le sang depuis ma naissance.
C’est que je me sens de plus en plus noire et de moins en moins blanche. Je me mets souvent à marcher sans chaussures malgré les cailloux qui ne sont pas des bijoux.
C’est là aussi que je découvre mon don pour la sorcellerie dont une de mes élèves est friande. Elle ne va pas bien du tout .Les missionnaires du lieu préconisent un exorcisme en bonne et due forme. Je suis tout à fait contre. Je n’ai rien contre ces pères blancs d’autant plus qu’il y en a un qui me plait beaucoup.( Il convient de préciser que des jeunes européens célibataires et non curés ne courent pas les pistes de la brousse dans ce coin perdu alors…ce qui devait arriver arriva !)
Tout çà pour vous dire que c’est moi qui ai guéri ma petite Eustochia de sa mélancolie bizarroïde. Et c’en était vite fini de ses hallucinations avec vision de l’au delà , de l’enfer et du purgatoire où se trouvait d’après elle, son grand père avec ses 700.000 vierges .Elle voulait en faire partie ! Quelle drôle d’idée !
Une drôle d’idée en effet …que je lui ai fait passer en une deux trois…
Mon truc, mon remède, mon secret ... je me garde bien bien de le partager mais je vous jure sur la tête de toute l’Eglise catholique romaine qu’il fonctionne à fond la caisse à tous les coups, les sâles surtout… si, en plus , je crie très fort… « Vade retro Satanas » !
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A.Le vrai du faux
Je ne sais pas démêler le vrai du faux dans ton histoire, mais tu as un vrai pouvoir : celui de nous faire aimer tes textes et celui ci ne fait exception.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A.Le vrai du faux
Je sais qu'il y a beaucoup de vrai et aussi un brin de fantaisie sans doute...
On aimerait connaître la suite de tes aventures africaines et ta rencontre avec un certain D.
Allez, la suite, vite !
On aimerait connaître la suite de tes aventures africaines et ta rencontre avec un certain D.
Allez, la suite, vite !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A.Le vrai du faux
Beaucoup de toi dans ce texte pétillant. Tu as vraiment trouvé le bonheur en Afrique
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A.Le vrai du faux
Une expérience enrichissante contée avec humour et fantaisie. J'aime beaucoup !
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A.Le vrai du faux
Quel plaisir de te relire Charlotte. Beaucoup de vrai quand tu partages ton expérience et ton amour pour l'Afrique, de même dans cette jeune fille un peu rebelle, qui a toujours cultivé un bon brin d'anticonformisme, qui se reflète aussi dans tes textes.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
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