A. Femme couchée
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Zéphyrine
virgul
AlainX
Amanda.
Charlotte
9 participants
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A. Femme couchée
Entre une pierre et moi c’est toujours une histoire d’amour et de guerre. Elle commence durement, violemment mais finit fort heureusement tout en douceur à force de patience et persévérance.
Mais ce n’est pas gagné d’avance.
Il s’agit d’abord de découvrir la matière première, la pierre qui, en hauteur longueur largeur et couleur répondra à mes souhaits et mes besoins pour réaliser une œuvre !
Sera-ce une pierre bleue ou du marbre ou une pierre de France ?
Mon choix se pose de préférence sur une pierre du pays cad une pierre bleue.
Une visite chez un marbrier s’impose...
J’en connais un en particulier depuis longtemps mais qui n’apprécie pas trop être dérangé par mes commandes sur mesure et de me répondre qu’il a beaucoup de travail ces temps-ci, qu’il va falloir patienter, qu’avec les fêtes de Toussaint et des morts il est débordé dans les cimetières…
Et moi alors ?
Finalement il me propose une pierre qui traîne là toute seule par terre mais qui ne correspond pas tout à fait à mes attentes et devant mon rejet il me dit : tu peux jeter la pierre, moi je ne sentirai rien, je m’en fous, tu peux même l’avoir pour rien.
Je me suis dit qu’avec ce tutoiement incongru il se fout complètement de ma gueule et je suis partie en claquant la porte…pour mieux revenir le lendemain et prendre cette pauvre pierre qui traîne par terre, que personne ne veut et dont je me sens curieusement subitement bien proche. Je me suis alors juré d’en faire un chef d’œuvre, de cette pauvre pierre.
Et c’est ce que j’ai fait. Cela m’a pris un an au moins.
Car y en avait du boulot pour rendre sa dignité à cette malheureuse abandonnée et je n’y ai pas été de main morte. Mes mains se sont d’abord empoignées pour la relever, la déposer doucement dans mon coffre, l’amener à mon atelier et enfin la poser sur la table d’opération.
Elle a souffert (moi aussi) sans broncher car il lui fallait une sacrée taille pour en faire une femme digne de ce nom. Les coups de marteaux, de burin ont valsé des mois durant, sur tout son corps et sa tête dure. Mais elle tenait bon et moi aussi.
De temps en temps je me faisais bien engueuler, mais qu’importe, par le maître de sculpture qui vise l’excellence et ne supporte pas le moindre amateurisme. Pour lui il faut du grand, du fort, du vrai… Au bout d’un an j’ai enfin accouché de ma femme, nous étions si fatiguées par notre aventure qu’elle a fermé ses yeux et s’est couchée.
C’est ainsi que ma « Femme couchée » est née.
Mais ce n’est pas gagné d’avance.
Il s’agit d’abord de découvrir la matière première, la pierre qui, en hauteur longueur largeur et couleur répondra à mes souhaits et mes besoins pour réaliser une œuvre !
Sera-ce une pierre bleue ou du marbre ou une pierre de France ?
Mon choix se pose de préférence sur une pierre du pays cad une pierre bleue.
Une visite chez un marbrier s’impose...
J’en connais un en particulier depuis longtemps mais qui n’apprécie pas trop être dérangé par mes commandes sur mesure et de me répondre qu’il a beaucoup de travail ces temps-ci, qu’il va falloir patienter, qu’avec les fêtes de Toussaint et des morts il est débordé dans les cimetières…
Et moi alors ?
Finalement il me propose une pierre qui traîne là toute seule par terre mais qui ne correspond pas tout à fait à mes attentes et devant mon rejet il me dit : tu peux jeter la pierre, moi je ne sentirai rien, je m’en fous, tu peux même l’avoir pour rien.
Je me suis dit qu’avec ce tutoiement incongru il se fout complètement de ma gueule et je suis partie en claquant la porte…pour mieux revenir le lendemain et prendre cette pauvre pierre qui traîne par terre, que personne ne veut et dont je me sens curieusement subitement bien proche. Je me suis alors juré d’en faire un chef d’œuvre, de cette pauvre pierre.
Et c’est ce que j’ai fait. Cela m’a pris un an au moins.
Car y en avait du boulot pour rendre sa dignité à cette malheureuse abandonnée et je n’y ai pas été de main morte. Mes mains se sont d’abord empoignées pour la relever, la déposer doucement dans mon coffre, l’amener à mon atelier et enfin la poser sur la table d’opération.
Elle a souffert (moi aussi) sans broncher car il lui fallait une sacrée taille pour en faire une femme digne de ce nom. Les coups de marteaux, de burin ont valsé des mois durant, sur tout son corps et sa tête dure. Mais elle tenait bon et moi aussi.
De temps en temps je me faisais bien engueuler, mais qu’importe, par le maître de sculpture qui vise l’excellence et ne supporte pas le moindre amateurisme. Pour lui il faut du grand, du fort, du vrai… Au bout d’un an j’ai enfin accouché de ma femme, nous étions si fatiguées par notre aventure qu’elle a fermé ses yeux et s’est couchée.
C’est ainsi que ma « Femme couchée » est née.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Femme couchée
à l'artiste et à son récit....
Tu as donc sué sang et eaux....
Tu as donc sué sang et eaux....
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Femme couchée
Mon petit doigt m'a dit que ta dernière expo était superbe !
Lire ici l'histoire de l'accouchement de la femme couchée est un bonus inestimable !
Lire ici l'histoire de l'accouchement de la femme couchée est un bonus inestimable !
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. Femme couchée
Super texte, il rend honneur à ton oeuvre que j'ai eu l'occasion de voir et de ...caresser. Il en a fallu des heures de travail pour rendre à la pierre un touché aussi doux et sensuel, une sculpture magnifique.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Femme couchée
Magnifique ce que tu réalises!
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A. Femme couchée
ah! Charlotte, c'est un très beau texte, qui nous permet de suivre la naissance de ton oeuvre...
Magnifique!
Magnifique!
Coumarine- Kaléïd'habitué
- Humeur : concentrée
Re: A. Femme couchée
La forme qui se cache déjà dans la pierre et qui attend d'être révélée par un travail passionné, bravo
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A. Femme couchée
Prise dans ton enthousiasme à nous faire partager ta passion, tu as oublié que la phrase devait servir d'incipit ou d'excipit
Il n'empêche, c'est plaisir que de lire ton rapport à la pierre, et tes sculptures sont superbes
Il n'empêche, c'est plaisir que de lire ton rapport à la pierre, et tes sculptures sont superbes
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: A. Femme couchée
Si la pierre pouvait parler, elle dirait : Merci Charlotte de m'avoir emportée, moi dont personne ne voulait .
L'acheminement de la pierre à la sculpture est douloureux , mais le résultat paie des longues heures à placer les coups de burin ...
L'acheminement de la pierre à la sculpture est douloureux , mais le résultat paie des longues heures à placer les coups de burin ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
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