A. Le voyage de monsieur Simon
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Amanda.
Zéphyrine
Myrte
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A. Le voyage de monsieur Simon
Monsieur Simon était un gars plutôt jovial, toujours positif. Pourtant, sa vie avait des hauts et des bas, comme tout le monde, mais il ne confiait jamais ses soucis. Au travail, il avait pour habitude de remonter le moral des troupes. Tous ses collègues l’appréciaient et il n’était pas rare de voir dans son bureau un employé en larmes s’épanchant à ses côtés. Très attentif, il ne montrait jamais de signes d’impatience et proposait même des solutions pour aider son prochain. Souvent, le matin, il arrivait à l’agence avec des croissants. Il n’oubliait jamais de fêter les anniversaires des uns et des autres. Il s’était fait ainsi beaucoup d’amis qu’il voyait en dehors du travail, qu’il invitait parfois chez lui ou au restaurant, bref on recherchait sa compagnie.
Monsieur Simon vivait dans une petite maison en dehors de la ville. Il n’avait ni femme ni enfant et vivait seul depuis très longtemps avec son chien Happy.
Personne ne savait s’il avait une petite amie ou s’il lui arrivait d’avoir des aventures. Il restait très discret et éludait la question d’une pirouette lorsqu’on la lui posait.
Or, ce matin du 26 septembre 2018, lorsque monsieur Simon s’assit au volant de son auto pour se rendre à son travail, son téléphone sonna .
C’était le directeur de l’entreprise qui lui demandait de le rejoindre dans son bureau dès son arrivée. Le regard de monsieur Simon s’assombrit, il eut un mauvais pressentiment. Lorsque le directeur lui serra la main, elle était froide, ce qui était déjà un mauvais présage. Il transpirait, s’embrouillait dans ses phrases et ne savait par quoi commencer. Finalement, la sentence tomba : monsieur Simon était viré. Le directeur se confondait en excuses, il n’y était pour rien, cela venait de plus haut. On éliminait peu à peu les plus anciens pour rajeunir l’équipe.
Dans les jours qui suivirent, tout le monde fut au courant et dépité de perdre un aussi bon collègue, mais monsieur Simon continuait à positiver disant qu’il en profiterait pour rebondir sur un autre projet, pour voyager grâce à la prime de licenciement.
Personne ne sut que son chien Happy avait rejoint le paradis des chiens une semaine avant. Monsieur Simon en était profondément affecté mais n’en avait rien montré. Il aurait d’ailleurs été incapable d’en parler, cela était beaucoup trop douloureux pour lui. La nuit, il pleurait en cachette.
Personne ne sut non plus qu’il avait été plaqué par une petite amie qu’il voyait épisodiquement mais à laquelle il tenait beaucoup.
Il se sentait très seul soudainement.
Lorsqu’arriva le jour fatidique où il ne se rendrait plus à son travail pour cause de chômage, monsieur Simon prit sa grande valise dans la remise et entreprit de la remplir. Il choisit des vêtements légers et des plus chauds car il ne savait pas encore quelle serait sa destination. Il avait envie d’aventure.
Son idée était de prendre le train jusqu’à l’aéroport et, une fois sur place, de consulter le tableau des départs et laisser finalement le hasard décider pour lui, selon les places disponibles.
Le soleil d’automne commençait à rougir l’horizon, lorsqu’une sirène stridente retentit et le train s’immobilisa brutalement, secouant passagers et bagages. La valise de monsieur Simon dégringola de l’étagère et manqua in-extremis de l’assommer.
Une voix annonça aux voyageurs qu’un petit incident allait être rapidement réglé et que le train repartirait aussitôt. Bien que les portes s’ouvrirent, la voix exhortait à ne surtout pas descendre sur les rails et à patienter.
Monsieur Simon prit sa valise et, mu par un indéfinissable besoin d’évasion, entreprit de descendre du train. Comme il se trouvait dans le dernier wagon, personne ne le vit s’échapper. Il partit à l’opposé de la direction du train qui, à la faveur d’un virage, disparut rapidement de sa vue.
Il apercevait au loin la rivière lorsque sa valise s’ouvrit brusquement et son contenu se répandit sur la voie. Un petit vent léger éparpilla ses caleçons, chaussettes et chemises mais il n’eut pas le courage de les ramasser. Il continua d’avancer, sa valise vide grande ouverte au bout du bras.
Sur le pont qui enjambe la rivière, il s’appuya à la rambarde métallique à la peinture bleue écaillée et devina un ban de poissons évoluant entre les algues chevelues. Le regard perdu, il ne pensait à rien. Il se laissait griser par le ballet de formes aux écailles argentés.
C’est un employé de la SNCF qui contrôlait la bonne fixation des rails qui retrouva la valise vide abandonnée.
On ne sait pas ce qu’est devenu monsieur Simon mais on retrouva dans sa table de chevet un journal dont la dernière phrase était : « Mon coeur se balade désormais en plein courant d’air. »
Monsieur Simon vivait dans une petite maison en dehors de la ville. Il n’avait ni femme ni enfant et vivait seul depuis très longtemps avec son chien Happy.
Personne ne savait s’il avait une petite amie ou s’il lui arrivait d’avoir des aventures. Il restait très discret et éludait la question d’une pirouette lorsqu’on la lui posait.
Or, ce matin du 26 septembre 2018, lorsque monsieur Simon s’assit au volant de son auto pour se rendre à son travail, son téléphone sonna .
C’était le directeur de l’entreprise qui lui demandait de le rejoindre dans son bureau dès son arrivée. Le regard de monsieur Simon s’assombrit, il eut un mauvais pressentiment. Lorsque le directeur lui serra la main, elle était froide, ce qui était déjà un mauvais présage. Il transpirait, s’embrouillait dans ses phrases et ne savait par quoi commencer. Finalement, la sentence tomba : monsieur Simon était viré. Le directeur se confondait en excuses, il n’y était pour rien, cela venait de plus haut. On éliminait peu à peu les plus anciens pour rajeunir l’équipe.
Dans les jours qui suivirent, tout le monde fut au courant et dépité de perdre un aussi bon collègue, mais monsieur Simon continuait à positiver disant qu’il en profiterait pour rebondir sur un autre projet, pour voyager grâce à la prime de licenciement.
Personne ne sut que son chien Happy avait rejoint le paradis des chiens une semaine avant. Monsieur Simon en était profondément affecté mais n’en avait rien montré. Il aurait d’ailleurs été incapable d’en parler, cela était beaucoup trop douloureux pour lui. La nuit, il pleurait en cachette.
Personne ne sut non plus qu’il avait été plaqué par une petite amie qu’il voyait épisodiquement mais à laquelle il tenait beaucoup.
Il se sentait très seul soudainement.
Lorsqu’arriva le jour fatidique où il ne se rendrait plus à son travail pour cause de chômage, monsieur Simon prit sa grande valise dans la remise et entreprit de la remplir. Il choisit des vêtements légers et des plus chauds car il ne savait pas encore quelle serait sa destination. Il avait envie d’aventure.
Son idée était de prendre le train jusqu’à l’aéroport et, une fois sur place, de consulter le tableau des départs et laisser finalement le hasard décider pour lui, selon les places disponibles.
Le soleil d’automne commençait à rougir l’horizon, lorsqu’une sirène stridente retentit et le train s’immobilisa brutalement, secouant passagers et bagages. La valise de monsieur Simon dégringola de l’étagère et manqua in-extremis de l’assommer.
Une voix annonça aux voyageurs qu’un petit incident allait être rapidement réglé et que le train repartirait aussitôt. Bien que les portes s’ouvrirent, la voix exhortait à ne surtout pas descendre sur les rails et à patienter.
Monsieur Simon prit sa valise et, mu par un indéfinissable besoin d’évasion, entreprit de descendre du train. Comme il se trouvait dans le dernier wagon, personne ne le vit s’échapper. Il partit à l’opposé de la direction du train qui, à la faveur d’un virage, disparut rapidement de sa vue.
Il apercevait au loin la rivière lorsque sa valise s’ouvrit brusquement et son contenu se répandit sur la voie. Un petit vent léger éparpilla ses caleçons, chaussettes et chemises mais il n’eut pas le courage de les ramasser. Il continua d’avancer, sa valise vide grande ouverte au bout du bras.
Sur le pont qui enjambe la rivière, il s’appuya à la rambarde métallique à la peinture bleue écaillée et devina un ban de poissons évoluant entre les algues chevelues. Le regard perdu, il ne pensait à rien. Il se laissait griser par le ballet de formes aux écailles argentés.
C’est un employé de la SNCF qui contrôlait la bonne fixation des rails qui retrouva la valise vide abandonnée.
On ne sait pas ce qu’est devenu monsieur Simon mais on retrouva dans sa table de chevet un journal dont la dernière phrase était : « Mon coeur se balade désormais en plein courant d’air. »
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Le voyage de monsieur Simon
Une belle histoire dont on peut imaginer la fin comme on le souhaite! Ce sont les histoires que je préfère. ...
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A. Le voyage de monsieur Simon
Une histoire bien tristement banale que tu nous racontes très bien.
Beaucoup finiraient SDF après tous ces revers, mais Monsieur Simon a choisi....
J'aime aussi cette fin ouverte !
Beaucoup finiraient SDF après tous ces revers, mais Monsieur Simon a choisi....
J'aime aussi cette fin ouverte !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Le voyage de monsieur Simon
La suite de l'histoire lui appartient. Souhaitons lui bonne chance !
Merci Myrte !
Merci Myrte !
FrançoiseB- Kaléïd'habitué
- Humeur : Sereine
Re: A. Le voyage de monsieur Simon
Ton texte est, comme tous tes textes, extrêmement bien écrit et mis en forme. C'est toujours un plaisir de te lire . Tu nous embarques dès les premiers mots et on plonge immédiatement dans la vie de ce monsieur que l'on croit reconnaître. Histoire triste mais qu'on n'imagine pas finir autrement de toute façon.
Bravo Myrte, je me suis laissée embarquer avec grand plaisir, excellent texte
Bravo Myrte, je me suis laissée embarquer avec grand plaisir, excellent texte
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: A. Le voyage de monsieur Simon
Espérons qu'il a pris une voie qui le comble
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A. Le voyage de monsieur Simon
C'est vrai que l'histoire est bien écrite et qu'on la lit avec plaisir. Pour moi la fin n'est pas si ouverte, d'après ce que j'ai lu du personnage je le sens désespéré. On espère une autre fin, mais je n'y crois pas.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
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