Il était beau ton jardin

Il était beau ton jardin, je m’en souviens
Des rangées très droites, des piquets bien plantés
La terre retournée chaque jour par beau temps
Les légumes arrosés au matin, avant le soleil
Tu le bichonnais ton potager
Tu aimais sarcler, bêcher, biner cette terre fertile
Tu y mettais de l’amour et de la fierté

Il était beau ton jardin, je m’en souviens
Ton havre de paix après une journée de labeur
Ton petit paradis dès le lever du jour
Des gestes répétés chaque printemps
Préparer la terre puis planter, et surveiller la pousse
Pas une mauvaise herbe et pas de désherbant
Des mains calleuses et de solides outils pour faire le travail

Il était beau ton jardin, je m’en souviens
Il éclatait de couleurs aux beaux jours
Il parfumait les allées d’un bout à l’autre du terrain
Les fraises étaient rebondies et sucrées
Les tomates bien rouges et  juteuses à souhait
Les petits pois écossés roulaient sous les doigts dans le saladier
Et les haricots beurre étaient tendres au palais


Il était beau ton jardin, je m’en souviens
Et moi, assise sur les marches de l’escalier
Je t’observais et j’imaginais
Que tout cet amour que tu portais à ton potager
Tous ces gestes tendres mille fois répétés
C’est à moi, rien qu’à moi que tu les offrais
Mais toi papa, tu ne me voyais pas, pour toi je n’existais pas.

J'aime beaucoup cette répétition lancinante à chaque strophe, ce refrain qui revient...

J'aime beaucoup le portrait de cet homme que tu dessines entre les lignes...

Cet homme qui aimait sans doute davantage son potager  que sa fille et ça, ça jette vraiment une onde de tristesse sur ce beau texte.

Je sais que c'est vrai, alors je plains beaucoup cette petite fille qui observait cet homme, qui aimait ce qu'il cultivait, qui l'aimait , lui., de tout son coeur !

A nos actes manqués.... 

Un beau poème très triste aussi.
Ne pas être aimé de ses parents laisse sûrement des traces indélébiles que l'on traîne derrière soi toute sa vie.

Un texte d'une grande beauté, mais aussi d'une grande tristesse

TRES émouvant !....
Sans doute en raison de ce que j'ai publié sur mon blog....
Mais aussi
mon père aimait jardiner, comme un havre de paix pour "l'homme d'affaires" qu'il était.....
Mais je jardin en question... n'existe plus....

Je suis donc touché par ce texte
si bien écrit sur le registre évocateur.....

Merci !

J'ajoute que la fin est assez terrible dans la manière de dire.....
C'est fort !

Jusqu'à l'avant-dernière strophe, j'ai imaginé une vie idéale, harmonieuse, pleine de bonheur, car tu en parles avec tant d'amour de ton père.
Et la fin est arrivée, terrible, la douleur s'en ressent dans tes mots, comme des larmes qui coulent sans bruit, sans cri, sans pouvoir s'arrêter. C'est superbe

C'est difficile à comprendre un papa pour une petite fille comme c'est difficile pour un papa de comprendre une petite fille... Il y a des papas qui font de beaux jardins, de beaux potagers et des petites filles qui font des rêves.

Très beau poème, qui nous piège. Comme Silhène, j’ai d’abord que ce poème exprimait la nostalgie d’une époque heureuse, et la fin remet tout en question. Quand on le relit ensuite, «Il était beau ton jardin » prend une tonalité désespérée. On imagine la tristesse de la fillette regardant son père bichonner ses légumes.

Et si l'amour de son jardin n'était qu'une facette d'un autre amour plus caché, difficile à exprimer pour un homme plus à l'aise avec sa terre que dans les rapports humains ?
C'est ce que je veux croire, mais toi seule le sait et tu nous  offre là un très beau texte plein d'émotion.  
 

Mais quand elle mangeait les légumes de ce potager, cette petite fille goûtait-elle un peu de cet amour qui ne savait peut-être pas s'exprimer ?

Très touchant ce texte, bravo.

Un poème au gout un peu amer...

Il y a des gens qui sont incapables d'aimer autre chose qu'un potager . Ils sont plus a plaindre qu'autre chose j'imagine!