On veut tous s'en sortir

Le jour se lève sur la maison de papier, j’ai perdu le crayon qui dessinait ma vie
Ne reste que le vide.

Le jour se lève sur l’arbre déraciné, à la place on mettra du béton
Bientôt un hôtel trois étoiles.

Le jour se lève sur une rue éventrée, poubelles éparpillées et canettes vides
Ici les gens survivent.

Le jour se lève sur la longue file d’attente, une soupe bien chaude et un sourire
Ici se côtoient les sans espoir.

Le jour se lève sur une plage de Lampedusa, coquille de bois explosée
Cadavres de migrants.

Le jour se lève, et même s’il ne reste que bien peu à rêver, il faudra lever les bras bien haut pour espérer atteindre au moins une étoile.  

Nous ne saurons par quel bout commencer, alors nous tendrons nos mains pour attraper celles du voisin et être des milliers à former une chaîne.

Pour aller où, pour faire quoi, nous ne le savons pas encore mais nous sommes tous animés d’une même force, d’une même envie.

Enlevons tout ce qui nous est superflu, grattons de nos ongles la terre infertile. Allons chercher ce qui se trouve en dessous. Il y a forcément, puisque nous y croyons désespérément, quelque chose qui nous faire dire que l’on mérite mieux  que ce monde qui part en couilles.

Le jour se lève sur une putain d’espérance. Parce qu'on veut tous s’en sortir, et qu’on ne laissera personne sur le bord du chemin.