A. Le jour où j’ai réinventé mon selfie à moi !
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trainmusical
Admin
Escandélia
Tadig
8 participants
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A. Le jour où j’ai réinventé mon selfie à moi !
Avant même d’écrire les premiers mots de mon histoire, une interrogation me paralyse. Suis-je dans les clous de la consigne ?
Oui. Car j’en récuse formellement un point : « mettre en scène une ou des personnes sur le point de prendre un selfie dans une position ou une circonstance cocasse, avec des conséquences amusantes, et pourquoi pas ridicules ». Pour un peu je disqualifierais Kaleidoplumes. Non. On ne peut se moquer ni des puissants ni des notables, encore moins ceux que d’aucuns appellent les « invisibles » ou « les gens de peu ».
Même si elle n’est pas explicite, cette consigne ne m’interdit en rien de me prendre comme sujet. J’ai encore heureusement le droit de rire de moi. Je me souviens parfaitement de mon premier selfie. Précurseur, je l’ai réinventé en 1997.
Passionné de randos, mes camarades m’offrent pour mon départ en retraite d’escalader les monts Kenya et Kilimandjaro. Paysages grandioses, rencontres exceptionnelles et souvenirs inoubliables. Nous grimpons allégrement les 4985 mètres de la pointe Lenana du Kenya. Une promenade de santé du moins pour la montée. La descente s’avère plus compliquée. Je sens les effets du mal des montagnes, maux de tête, nausées et crainte de vomir à chaque pas. Rien de méchant, je me mets à la diète et renonce à quelques repas.
Je ne veux pas rater le mythique Kilimandjaro.
Quelques jours plus tard nous l’arpentons. Une nuit au dernier refuge, le sommet est à notre portée. Quatre heures du matin dans la nuit hivernale à moins quinze degrés, je suis en tête de cordée, un vrai bonheur.
Lorsque le jour se lève, un léger mal-être m’envahit insidieusement. Le souffle court je ralentis et rétrograde… en dernier de cordée. Arrivent nausées, vomissements. A une petite demi-heure du sommet, nous convenons que je suivrais à distance mes compagnons pour les retrouver au sommet, ou à la première halte de la descente. Le vent glacial qui souffle là-haut ne permet pas d’y rester plus d’un quart d’heure.
La montée se fait plus rude, je ralentis encore et m’y voilà enfin. Enivrant, le glacier, le paysage pour moi seul, mes camarades n’ont pu m’attendre.
Et merde ! Personne pour me prendre en photo !
Pas grave, mon appareil dispose d’un retardateur. Faute de grand angle je le pose à quelques mètres. J’ai 30 secondes pour rejoindre la pancarte. Un premier essai, raté, je suis pris de dos, un deuxième idem, un troisième, épuisé, je m’écroule… Normal, essayez donc, malade, de courir à près de 6000 m !
Et soudain une révélation, une idée de génie, transformer ma canne de marche en perche. J’attache fiévreusement mon appareil sur son pommeau avec lacet et sparadrap, enclenche le retardateur, tend le bras. Clic, mon premier selfie !
Oui. Car j’en récuse formellement un point : « mettre en scène une ou des personnes sur le point de prendre un selfie dans une position ou une circonstance cocasse, avec des conséquences amusantes, et pourquoi pas ridicules ». Pour un peu je disqualifierais Kaleidoplumes. Non. On ne peut se moquer ni des puissants ni des notables, encore moins ceux que d’aucuns appellent les « invisibles » ou « les gens de peu ».
Même si elle n’est pas explicite, cette consigne ne m’interdit en rien de me prendre comme sujet. J’ai encore heureusement le droit de rire de moi. Je me souviens parfaitement de mon premier selfie. Précurseur, je l’ai réinventé en 1997.
Passionné de randos, mes camarades m’offrent pour mon départ en retraite d’escalader les monts Kenya et Kilimandjaro. Paysages grandioses, rencontres exceptionnelles et souvenirs inoubliables. Nous grimpons allégrement les 4985 mètres de la pointe Lenana du Kenya. Une promenade de santé du moins pour la montée. La descente s’avère plus compliquée. Je sens les effets du mal des montagnes, maux de tête, nausées et crainte de vomir à chaque pas. Rien de méchant, je me mets à la diète et renonce à quelques repas.
Je ne veux pas rater le mythique Kilimandjaro.
Quelques jours plus tard nous l’arpentons. Une nuit au dernier refuge, le sommet est à notre portée. Quatre heures du matin dans la nuit hivernale à moins quinze degrés, je suis en tête de cordée, un vrai bonheur.
Lorsque le jour se lève, un léger mal-être m’envahit insidieusement. Le souffle court je ralentis et rétrograde… en dernier de cordée. Arrivent nausées, vomissements. A une petite demi-heure du sommet, nous convenons que je suivrais à distance mes compagnons pour les retrouver au sommet, ou à la première halte de la descente. Le vent glacial qui souffle là-haut ne permet pas d’y rester plus d’un quart d’heure.
La montée se fait plus rude, je ralentis encore et m’y voilà enfin. Enivrant, le glacier, le paysage pour moi seul, mes camarades n’ont pu m’attendre.
Et merde ! Personne pour me prendre en photo !
Pas grave, mon appareil dispose d’un retardateur. Faute de grand angle je le pose à quelques mètres. J’ai 30 secondes pour rejoindre la pancarte. Un premier essai, raté, je suis pris de dos, un deuxième idem, un troisième, épuisé, je m’écroule… Normal, essayez donc, malade, de courir à près de 6000 m !
Et soudain une révélation, une idée de génie, transformer ma canne de marche en perche. J’attache fiévreusement mon appareil sur son pommeau avec lacet et sparadrap, enclenche le retardateur, tend le bras. Clic, mon premier selfie !
Tadig- Kaléïd'habitué
- Humeur : Bonne
Re: A. Le jour où j’ai réinventé mon selfie à moi !
On peut dire que tu as de la suite dans les idées, de la pugnacité de la détermination, de l'imagination et du courage ! De plus je n'ai rien vu ni de ridicule, ni de moqueur dans ton texte. Certe la situation devait être cocasse, mais l'enjeu en valait bien la chandelle. Quant à l'écriture de ton texte, je la trouve toujours aussi agréable. Ton texte est un vrai bonheur à lire, merci de ce beau moment de partage. Comme Admin a pu te le dire sur ton dernier texte, ton écriture simple est vraie, et c'est ce que j'aime, moi aussi.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Le jour où j’ai réinventé mon selfie à moi !
Moi aussi j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ton texte, d'autant qu'il relate une sacrée belle aventure
Toujours aussi parfaitement bien écrit, simplement mais avec tellement de sincérité qu'on ne peut que s'identifier à toi.
Maintenant je n'ai qu'une envie, c'est de voir la fameuse photo. Je suis sûre que tu l'as scannée et qu'elle traine dans ton ordinateur
Si tu ne veux pas la montrer à tous, c'est un devoir de l'envoyer par MP a admin qui t'a donné l'autorisation de voir sa tronche sur le
Trombinoscope
Toujours aussi parfaitement bien écrit, simplement mais avec tellement de sincérité qu'on ne peut que s'identifier à toi.
Maintenant je n'ai qu'une envie, c'est de voir la fameuse photo. Je suis sûre que tu l'as scannée et qu'elle traine dans ton ordinateur
Si tu ne veux pas la montrer à tous, c'est un devoir de l'envoyer par MP a admin qui t'a donné l'autorisation de voir sa tronche sur le
Trombinoscope
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Le jour où j’ai réinventé mon selfie à moi !
Chacun d'entre nous dans sa vie, a une envie d'être vu sur une pellicule à un évènement bien précis ou à un endroit très particulier.
Alors dans ce cas, que ne faisons-nous pas pour réussir?
Alors arriver à 6000 mètres, c'est une image à graver pour sa vie, surtout sur le mythique Kilimandjaro.
Merci pour ce témoignage, bravo pour ton imagination et débrouille dans cette situation, si bien décrit dans ce texte.
Alors dans ce cas, que ne faisons-nous pas pour réussir?
Alors arriver à 6000 mètres, c'est une image à graver pour sa vie, surtout sur le mythique Kilimandjaro.
Merci pour ce témoignage, bravo pour ton imagination et débrouille dans cette situation, si bien décrit dans ce texte.
trainmusical- Occupe le terrain
- Humeur : à vous de juger :-)
Re: A. Le jour où j’ai réinventé mon selfie à moi !
Je trouve tcet excellent texte, haletant ( et pas seulement à cause des 6000 m.)! En effet, je me demandais jusqu'à la fin "va-t-il y arriver ?" Et maintenant il nous faut la preuve !
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
J'ai enfin retrouvé "la" photo.
Admin a écrit:Moi aussi j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ton texte, d'autant qu'il relate une sacrée belle aventure
Toujours aussi parfaitement bien écrit, simplement mais avec tellement de sincérité qu'on ne peut que s'identifier à toi.
Maintenant je n'ai qu'une envie, c'est de voir la fameuse photo. Je suis sûre que tu l'as scannée et qu'elle traine dans ton ordinateur
Si tu ne veux pas la montrer à tous, c'est un devoir de l'envoyer par MP a admin qui t'a donné l'autorisation de voir sa tronche sur le
Trombinoscope
Voilà la vraie photo où, avec mes camarades et le guide, nous sommes au sommet. Nous y sommes montés sans aucun problème. Il faut cependant préciser que les 8 touristes randonneurs disposaient chacun d'un porteur, royalement rémunéré un dollar/jour. Le prix d'une bière au refuge était de 4 dollars...
Notre "prouesse" est toute relative.
Le selfie est bien entendu imaginaire.
Par contre l'anecdote d'un randonneur, se retrouvant abandonné par son compagnon et le guide, est vraie. Malade il s'est littéralement trainé au sommet, et seul et, m'a-t-il raconté, il a essayé à plusieurs reprises de se prendre en photo en programmant le retardateur de son appareil, sans jamais y réussir, incapable de rejoindre le panneau en 30 secondes... En 1997 le selfie, même artisanal, n'était pas encore pratiqué
!
Merci encore au staff et à tous les Kaléidoplumiens. Ecrire et partager nos écrits est un vrai bonheur.Notre "prouesse" est toute relative.
Le selfie est bien entendu imaginaire.
Par contre l'anecdote d'un randonneur, se retrouvant abandonné par son compagnon et le guide, est vraie. Malade il s'est littéralement trainé au sommet, et seul et, m'a-t-il raconté, il a essayé à plusieurs reprises de se prendre en photo en programmant le retardateur de son appareil, sans jamais y réussir, incapable de rejoindre le panneau en 30 secondes... En 1997 le selfie, même artisanal, n'était pas encore pratiqué
!
*Je suis à droite sur la photo.
Tadig- Kaléïd'habitué
- Humeur : Bonne
Re: A. Le jour où j’ai réinventé mon selfie à moi !
Merci pour le partage.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Le jour où j’ai réinventé mon selfie à moi !
Vrai ou faux selfie, qu'importe ! Merci pour le récit et la photo.
Invité- Invité
Re: A. Le jour où j’ai réinventé mon selfie à moi !
Belle photo, merci
Aussi un bonheur de te lire. Justement en y revenant à ton texte:
Aussi un bonheur de te lire. Justement en y revenant à ton texte:
Déjà courir à 3000m ne fut pas évident pour moi, alors à 6000... je m'imagineTadic a écrit:Normal, essayez donc, malade, de courir à près de 6000 m !
trainmusical- Occupe le terrain
- Humeur : à vous de juger :-)
Re: A. Le jour où j’ai réinventé mon selfie à moi
Ce récit est très réaliste! On peine dans la pente, on a la nausée... Et la "chute" en est plus jubilatoire!!!
AAnne- Kaléïd'habitué
- Humeur : Bonne, la plupart du temps.
Re: A. Le jour où j’ai réinventé mon selfie à moi !
Extraordinaire aventure qui valait bien la photo ...
et pour la photo et pour l'exploit !
et pour la photo et pour l'exploit !
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Le jour où j’ai réinventé mon selfie à moi !
Chapeau, pour l'exploit et le texte. Comme dans d'autres commentaires, j'apprécie aussi ton écriture.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
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