A.Le vagabond du ciel
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Martine27
Sherkane
Myrte
Admin
Amanda.
tobermory
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A.Le vagabond du ciel
Vous ne le reconnaissez pas ? Il a changé bien sûr. Même s’il a toujours été hors du temps, hors du monde, hors de tout, il a fini par vieillir. Tant de voyages, sous tant de soleils, parfois dans le désert, parfois au bord des volcans, ont tanné sa peau. Des sillons labourent son visage jadis lisse d’éternel enfant. La légendaire blondeur de blé de ses cheveux a viré au blanc. La silhouette droite et fine comme un brin d’herbe s’est épaissie et voutée.
Mais regardez ses yeux d’un bleu intense, lavés d’innocence et tendus de curiosité, à peine voilés d’un soupçon de tristesse Oui, c’est bien lui.
L’espace, son domaine d’enfance, il n’en voulait plus. Trop encombré, trop scruté, quadrillé, étiqueté, violé par les petits voyous voyeurs palpeurs, les paparazzis de la galaxie. Curiosity la bien nommée, Rosetta la sondeuse de corps célestes, Philae le fouineur. Alors il est revenu sur la Terre où il avait fait une incursion il y a bien longtemps. Les villes l’ont rebuté avec leur pullulement de tout ce qu’il avait détesté là-haut, vaniteux, ivrognes, businessmen et d’autres pires encore, qu’il n’avait même pas imaginés.
Debout sur son minuscule astéroïde, il a survolé des océans, des plaines et des déserts plus vastes que le vide entre les planètes visitées autrefois. La petite maison de bois, toute seule, entourée de rien d’autre que l’horizon, lui a plu. Il a atterri sur l’enclos qui couronne son toit. A l’intérieur, il n’y avait personne, mais de quoi manger et dormir, comme dans la maison des trois ours. Il s’y est installé. Il y a découvert des appareils merveilleux, qui ne font ni bruit ni fumée. Des appareils qui interrogent l’Invisible, soupèsent l’air, caressent les nuages, auscultent le vent.
Petite fille, Evgenia Arbugaeva avait lu les aventures du blondinet. Avec ce livre, elle avait ri et pleuré, éprouvé une gamme d’émotions que son cœur parvenait à peine à contenir. Quand elle avait entendu parler de la curieuse sphère sur la maison perdue dans l’Arctique, repérée par les rares avions passés par là, elle avait compris que c’était lui. Elle irait le voir. Elle lui apporterait un cadeau. Elle feuilleta le livre tentant d’y trouver une idée. Non, pas un baobab, ni un éléphant, ni un mouton, trop encombrant. Pas un renard, il doit déjà y en avoir là-bas, des renards des neiges. Pas une rose non plus, elles sont trop capricieuses et leur vie est trop brève. Elle se décida pour une perruche, une intuition comme ça.
Quand elle l’a rencontré, il s’est montré surpris, un peu effarouché. Souvenez-vous qu’il avait toujours vécu solitaire, sans famille, sans même une mère et les rares personnages qu’il avait rencontrés étaient tous des hommes. Mais elle lui a évoqué des épisodes de son enfance à lui et c’était comme s’ils avaient joué ensemble dans quelque vert paradis d’outre-ciel. Puis elle lui a donné la perruche et elle est repartie.
Maintenant, il lève la tête vers l’oiseau multicolore comme vers un arc-en-ciel. Il l’apprivoise comme il avait apprivoisé le renard. Il lui parle, elle lui parle. Oh pas de grands discours, juste un mot par jour. Il n’en faut pas plus pour dire l’essentiel. Chaque plume de la perruche a la couleur d’un sentiment. Jaune comme la joie, vert comme l’espérance, rouge comme l’amour. Un jour peut-être elle lui en prêtera quelques unes et il écrira la suite du livre.
Mais regardez ses yeux d’un bleu intense, lavés d’innocence et tendus de curiosité, à peine voilés d’un soupçon de tristesse Oui, c’est bien lui.
L’espace, son domaine d’enfance, il n’en voulait plus. Trop encombré, trop scruté, quadrillé, étiqueté, violé par les petits voyous voyeurs palpeurs, les paparazzis de la galaxie. Curiosity la bien nommée, Rosetta la sondeuse de corps célestes, Philae le fouineur. Alors il est revenu sur la Terre où il avait fait une incursion il y a bien longtemps. Les villes l’ont rebuté avec leur pullulement de tout ce qu’il avait détesté là-haut, vaniteux, ivrognes, businessmen et d’autres pires encore, qu’il n’avait même pas imaginés.
Debout sur son minuscule astéroïde, il a survolé des océans, des plaines et des déserts plus vastes que le vide entre les planètes visitées autrefois. La petite maison de bois, toute seule, entourée de rien d’autre que l’horizon, lui a plu. Il a atterri sur l’enclos qui couronne son toit. A l’intérieur, il n’y avait personne, mais de quoi manger et dormir, comme dans la maison des trois ours. Il s’y est installé. Il y a découvert des appareils merveilleux, qui ne font ni bruit ni fumée. Des appareils qui interrogent l’Invisible, soupèsent l’air, caressent les nuages, auscultent le vent.
Petite fille, Evgenia Arbugaeva avait lu les aventures du blondinet. Avec ce livre, elle avait ri et pleuré, éprouvé une gamme d’émotions que son cœur parvenait à peine à contenir. Quand elle avait entendu parler de la curieuse sphère sur la maison perdue dans l’Arctique, repérée par les rares avions passés par là, elle avait compris que c’était lui. Elle irait le voir. Elle lui apporterait un cadeau. Elle feuilleta le livre tentant d’y trouver une idée. Non, pas un baobab, ni un éléphant, ni un mouton, trop encombrant. Pas un renard, il doit déjà y en avoir là-bas, des renards des neiges. Pas une rose non plus, elles sont trop capricieuses et leur vie est trop brève. Elle se décida pour une perruche, une intuition comme ça.
Quand elle l’a rencontré, il s’est montré surpris, un peu effarouché. Souvenez-vous qu’il avait toujours vécu solitaire, sans famille, sans même une mère et les rares personnages qu’il avait rencontrés étaient tous des hommes. Mais elle lui a évoqué des épisodes de son enfance à lui et c’était comme s’ils avaient joué ensemble dans quelque vert paradis d’outre-ciel. Puis elle lui a donné la perruche et elle est repartie.
Maintenant, il lève la tête vers l’oiseau multicolore comme vers un arc-en-ciel. Il l’apprivoise comme il avait apprivoisé le renard. Il lui parle, elle lui parle. Oh pas de grands discours, juste un mot par jour. Il n’en faut pas plus pour dire l’essentiel. Chaque plume de la perruche a la couleur d’un sentiment. Jaune comme la joie, vert comme l’espérance, rouge comme l’amour. Un jour peut-être elle lui en prêtera quelques unes et il écrira la suite du livre.
Dernière édition par tobermory le Sam 1 Oct - 10:35, édité 1 fois
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: A.Le vagabond du ciel
Un bijou, ton texte...
Ote-moi d'un doute, le Petit Prince est de retour ?
Ote-moi d'un doute, le Petit Prince est de retour ?
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A.Le vagabond du ciel
Je sais pas quoi dire, d'ailleurs, j'ai envie de rien dire, juste lire et relire ce texte tout simplement fantastique.
C'est du bonheur à chaque mot.
L'idée incroyable d'imaginer la fin de vie du petit prince, le lien entre le jeune et le vieux, la vie vécue, les déceptions, les espoirs et ce bout de terre, berceau de sa vieillesse.
Je suis bluffée, scotchée, émue (j'adore le petit prince), enthousiaste. Fan tout simplement.
Merci Tober, tu m'as fait sacrément vibrer
C'est du bonheur à chaque mot.
L'idée incroyable d'imaginer la fin de vie du petit prince, le lien entre le jeune et le vieux, la vie vécue, les déceptions, les espoirs et ce bout de terre, berceau de sa vieillesse.
Je suis bluffée, scotchée, émue (j'adore le petit prince), enthousiaste. Fan tout simplement.
Merci Tober, tu m'as fait sacrément vibrer
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A.Le vagabond du ciel
C'est une très belle histoire.
On a envie de connaitre la suite.
Toujours pleine de découvertes, de déceptions et de moments de bonheur... Jusqu'à son dernier souffle
On a envie de connaitre la suite.
Toujours pleine de découvertes, de déceptions et de moments de bonheur... Jusqu'à son dernier souffle
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A.Le vagabond du ciel
Excellent !
Fallait y penser de faire revivre le Petit Prince à Hodovarikha
Fallait y penser de faire revivre le Petit Prince à Hodovarikha
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A.Le vagabond du ciel
Après le désert de sable, le désert de glace, jeune ou vieux le Petit Prince aime les extrêmes ! Pourvu qu'il reste sur notre terre maintenant
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A.Le vagabond du ciel
Une idée excellente que celle de ramener sur Terre un Petit Prince, vieilli peut-être, mais qui a gardé son âme d'enfant devant cet oiseau improbable. Tu la mets en scène de façon magistrale et nous sommes prêts à suivre ton héros pour de nouvelles aventures.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A.Le vagabond du ciel
Tout simplement génial, et très très bien écrit. Touché en plein coeur. Nous rendre le petit prince plus réel, tout en conservant sa merveilleuse poésie! Super!
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A.Le vagabond du ciel
C'est une magnifique évocation ... La rencontre entre le vieil homme, la jeune femme et la perruche est empreinte de douce poésie ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A.Le vagabond du ciel
Je ne sais que rajouter, tout simplement magnifique, beau, tendre....
Bravo !!!!
Bravo !!!!
trainmusical- Occupe le terrain
- Humeur : à vous de juger :-)
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