Lettre à Gisela
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silhène
catsoniou
Escandélia
Amanda.
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Lettre à Gisela
Bruxelles, le 25 août 1988
Liebe Gisela/Chère Gisela !
J’écris en Français, l’ Allemand j’ai « donné » avec la rédaction de mon travail de fin d’études
sur « La Chute du Mur de Berlin ».
Mais qu’est-ce qui m’a pris de choisir ce sujet ?
Encore une fois, grand Merci pour tes corrections !
Ah, nous avons bien fait travailler la Poste Belge et la Poste Allemande pour notre échange régulier de documents, photos et textes, pendant des mois !
Donc, si j’ai enfin décroché mon diplôme de prof’ en juin dernier, c’est aussi grâce à toi !
10 ans, dis !
10 ans de correspondance régulière…
10 ans d’amitié solide, de partage et…de fous-rires !
Toi, tu ambitionnais de parler la langue de Molière et moi celle de Goethe.
Aux grandes vacances, je passais un mois dans ta famille nombreuse ( j’ai adoré !) à la campagne et toi ensuite, tu venais un mois à Bruxelles.
Cela ne plaisait pas trop, ni à tes parents, ni aux miens ! Les vieux ont de ces idées !
Toi, tu découvrais les joies de la vie en ville et tu as toujours eu un faible pour la côte Belge.
Un faible aussi pour mes copains…
Tes yeux bleus et ta blondeur, ton léger accent et même tes fautes ( « Je pleus » et « Il pleure dehors »- morte de rire -) en ont séduit plus d’un !
As-tu déjà donné tes photos à développer ? Celle de notre journée à la mer ?
Je dis encore mentalement Merci aux parents de nous avoir laissé occuper le minuscule studio qu’ils louent un mois par an près de Knokke ( en time-sharing, hein, on dit ça ?)
A condition que tu me surveilles…
Ben oui, j’ai 2O ans et toi 2 ans de plus, t’es majeure donc ! La belle affaire !
J’aimerais bien avoir la photo de toi en jean à pattes d’éléphant rouge avec ton top ( pardon ton « haut ») en paillettes noires. Ca en jetait !
Et j’espère que la mienne en mini-jupe rose sera ratée. Et celles topless dans les dunes ! Ne les montre à personne, hein, tu le jures ! C’était « notre » journée à la mer !
Elle a bien commencé, non ? Avec le petit déj : pistolets et crevettes grises de la Mer du Nord.
Pistolets ? Was ist das ? Chez nous, petits pains, pas des armes ! Mortes de rire !
Et à la mer, ne pas les manger avec des crevettes non épluchées est un sacrilège. Je te vois encore t’échiner à décortiquer méthodiquement les bêbêtes alors que moi, j’y allais franc-jeu et tirais d’un coup sec !
Tout cela en martelant « Ca plane pour moi, moi, moi, moi » de Plastic Bertrand.
Bonne idée, hein d’avoir apporté transistor et ton joli tourne-disque en vinyl. « On va s’aimer ….Billie Jean….
Et la crème à bronzer jusqu’à la pointe des seins ? Et le bon trait d’eye-liner noir pour souligner nos yeux de « Biche, ô, ma Biche…. » et le crêpage des cheveux. Non, pas la dispute, les cheveux bien hauts ( ma mère me prédit que je serai chauve à 5O ans !)
Tu as aimé notre ballade à vélo sur la digue en direction de la réserve naturelle du Zwin , je pense !
Et quelle surprise, à mi-chemin de retrouver Jacques, Joe et Paul et Myriam ! Je les avais prévenus, ils ne voulaient pas te rater !
Et c’est comme ça, qu’on a goûté à notre premier « Pimm’s » sur la Place « M’as-tu vu ? » au Zoute. The place to be… Mais pas trop, hein ?
Toi aussi, avoue, tu avais un peu la tête qui tournait quand nous avons enfourché nos vélos jusque chez Siska ( la mère Siska), haut-lieu de la dégustation de gaufres-maisons !
Mon amoureux Jacques, tu le sais, a une Coccinelle verte et le tien, Joe, un scooter rouge. Heureusement que Paul avait emprunté le « combi » de son garagiste de père. On s’y est tous bien serrés, vélos compris, direction « La Barque à Jack ».
Je me rappelle ta surprise en voyant le propriétaire du dancing, crâne rasé et costume de flibustier qui menait la danse. Tu sais qu’il en invente une nouvelle chaque semaine ?
Et on a intérêt à suivre…
Tu as vu que le sirtaki ( depuis « Zorba le Grec ») et le cha-cha-cha ont toujours la cote. La Bamba aussi, à cause des Bisous/bisous.
Le twist, c’est ringard ( = du passé), il a fait son temps, tu ne trouves pas ?
Et chez nous, le bon vieux slow nous accompagne toujours en fin de soirée pour de délicieux frissons…
Dis, et au petit matin, quand les garçons nous ont reconduites, ils ont bien tentés de rester, non ?
Nous aussi, on l’était, tentées…
Mais nous les avons sagement repoussés.
Heureusement ? Ou pas ? T’en penses quoi ?
Je te laisse, j’ai encore écrit trop longuement, je ne sais pas faire court !
Pas faire cours ? Je commence dans une semaine…
J’ai le trac, tu sais !
Je t’appellerai samedi soir sur l’appareil de mes parents. Après 2Oh, c’est moins cher le week-end.
Je t’embrasse !
Amanda
Liebe Gisela/Chère Gisela !
J’écris en Français, l’ Allemand j’ai « donné » avec la rédaction de mon travail de fin d’études
sur « La Chute du Mur de Berlin ».
Mais qu’est-ce qui m’a pris de choisir ce sujet ?
Encore une fois, grand Merci pour tes corrections !
Ah, nous avons bien fait travailler la Poste Belge et la Poste Allemande pour notre échange régulier de documents, photos et textes, pendant des mois !
Donc, si j’ai enfin décroché mon diplôme de prof’ en juin dernier, c’est aussi grâce à toi !
10 ans, dis !
10 ans de correspondance régulière…
10 ans d’amitié solide, de partage et…de fous-rires !
Toi, tu ambitionnais de parler la langue de Molière et moi celle de Goethe.
Aux grandes vacances, je passais un mois dans ta famille nombreuse ( j’ai adoré !) à la campagne et toi ensuite, tu venais un mois à Bruxelles.
Cela ne plaisait pas trop, ni à tes parents, ni aux miens ! Les vieux ont de ces idées !
Toi, tu découvrais les joies de la vie en ville et tu as toujours eu un faible pour la côte Belge.
Un faible aussi pour mes copains…
Tes yeux bleus et ta blondeur, ton léger accent et même tes fautes ( « Je pleus » et « Il pleure dehors »- morte de rire -) en ont séduit plus d’un !
As-tu déjà donné tes photos à développer ? Celle de notre journée à la mer ?
Je dis encore mentalement Merci aux parents de nous avoir laissé occuper le minuscule studio qu’ils louent un mois par an près de Knokke ( en time-sharing, hein, on dit ça ?)
A condition que tu me surveilles…
Ben oui, j’ai 2O ans et toi 2 ans de plus, t’es majeure donc ! La belle affaire !
J’aimerais bien avoir la photo de toi en jean à pattes d’éléphant rouge avec ton top ( pardon ton « haut ») en paillettes noires. Ca en jetait !
Et j’espère que la mienne en mini-jupe rose sera ratée. Et celles topless dans les dunes ! Ne les montre à personne, hein, tu le jures ! C’était « notre » journée à la mer !
Elle a bien commencé, non ? Avec le petit déj : pistolets et crevettes grises de la Mer du Nord.
Pistolets ? Was ist das ? Chez nous, petits pains, pas des armes ! Mortes de rire !
Et à la mer, ne pas les manger avec des crevettes non épluchées est un sacrilège. Je te vois encore t’échiner à décortiquer méthodiquement les bêbêtes alors que moi, j’y allais franc-jeu et tirais d’un coup sec !
Tout cela en martelant « Ca plane pour moi, moi, moi, moi » de Plastic Bertrand.
Bonne idée, hein d’avoir apporté transistor et ton joli tourne-disque en vinyl. « On va s’aimer ….Billie Jean….
Et la crème à bronzer jusqu’à la pointe des seins ? Et le bon trait d’eye-liner noir pour souligner nos yeux de « Biche, ô, ma Biche…. » et le crêpage des cheveux. Non, pas la dispute, les cheveux bien hauts ( ma mère me prédit que je serai chauve à 5O ans !)
Tu as aimé notre ballade à vélo sur la digue en direction de la réserve naturelle du Zwin , je pense !
Et quelle surprise, à mi-chemin de retrouver Jacques, Joe et Paul et Myriam ! Je les avais prévenus, ils ne voulaient pas te rater !
Et c’est comme ça, qu’on a goûté à notre premier « Pimm’s » sur la Place « M’as-tu vu ? » au Zoute. The place to be… Mais pas trop, hein ?
Toi aussi, avoue, tu avais un peu la tête qui tournait quand nous avons enfourché nos vélos jusque chez Siska ( la mère Siska), haut-lieu de la dégustation de gaufres-maisons !
Mon amoureux Jacques, tu le sais, a une Coccinelle verte et le tien, Joe, un scooter rouge. Heureusement que Paul avait emprunté le « combi » de son garagiste de père. On s’y est tous bien serrés, vélos compris, direction « La Barque à Jack ».
Je me rappelle ta surprise en voyant le propriétaire du dancing, crâne rasé et costume de flibustier qui menait la danse. Tu sais qu’il en invente une nouvelle chaque semaine ?
Et on a intérêt à suivre…
Tu as vu que le sirtaki ( depuis « Zorba le Grec ») et le cha-cha-cha ont toujours la cote. La Bamba aussi, à cause des Bisous/bisous.
Le twist, c’est ringard ( = du passé), il a fait son temps, tu ne trouves pas ?
Et chez nous, le bon vieux slow nous accompagne toujours en fin de soirée pour de délicieux frissons…
Dis, et au petit matin, quand les garçons nous ont reconduites, ils ont bien tentés de rester, non ?
Nous aussi, on l’était, tentées…
Mais nous les avons sagement repoussés.
Heureusement ? Ou pas ? T’en penses quoi ?
Je te laisse, j’ai encore écrit trop longuement, je ne sais pas faire court !
Pas faire cours ? Je commence dans une semaine…
J’ai le trac, tu sais !
Je t’appellerai samedi soir sur l’appareil de mes parents. Après 2Oh, c’est moins cher le week-end.
Je t’embrasse !
Amanda
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Lettre à Gisela
Ce soir on ira danser... sans chemise, sans pantalon ... Tu nous entraine dans un tourbillon où chacun peut retrouver un peu de sa jeunesse : le twist, le chachacha , le sirtaki. Ah le sirtaki ! et la bamba, chère à Trini Lopez ! Que de souvenirs insouciante jeunesse. Le téléphone ? Je me souviens de ce vieux truc à manivelle que nous actionnions pour qu'une opératrice nous donne notre correspondance : le 8 à Aix La Fayette pour le 2 à Usson ! J'ai moi même était opératrice du téléphone et j'ai découvert l'autre face de la manivelle, c'était des ficelles que l'on enfichait sur un grand meuble, derrière, il y avait toute la technique qui reliait les hommes entre eux.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: Lettre à Gisela
J'aime le passage relatif aux danses d'époque...
Aujourd'hui, ces danses sont toujours de rigueur dans de nombreuses salles de bal. Danseuses et danseurs sont les mêmes, ils ont seulement pris quelques rides et des cheveux gris ou blancs, mais le plaisir est toujours présent, la drague y est sans doute plus rare, quoique...
Aujourd'hui, ces danses sont toujours de rigueur dans de nombreuses salles de bal. Danseuses et danseurs sont les mêmes, ils ont seulement pris quelques rides et des cheveux gris ou blancs, mais le plaisir est toujours présent, la drague y est sans doute plus rare, quoique...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Lettre à Gisela
Ah les belles vacances, loin des parents !
On veut voir, pour le croire. Il est plein de joie de vivre, ton texte
On veut voir, pour le croire. Il est plein de joie de vivre, ton texte
silhène- Kaléïd'habitué
- Humeur : la meilleure possible....
Re: Lettre à Gisela
Merci pour vos comm's ! Mais les amis, il n'y avait pas que la danse, il y avait aussi les préjugés des parents et tout le toutim...
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
De Yvanne
Je replace ici le commentaire d'Yvanne qui s'est trompée d'endroit.
Yvanne a écrit:Ah ! La jeunesse...Qu'elle ait été besogneuse ou dorée, nous sommes tous sans doute nostalgiques de nos années de fin d'adolescence et de début de "grands". Peut être parce que nous pensions - avec juste raison, ou non - que l'avenir nous appartenait.
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Lettre à Gisela
Je me suis bien amusée en te lisant car moi aussi je me suis bien amusée au Zoute. D'alleurs j'ai toujours aimmé Le Zoute. J'ai essayé toutes les plages de la côte belge c'est toujours au Zoute que je reviens même si maintenant c'est trop fréquenté ... mais alors je prends mon vélo et vais à Cadzand.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: Lettre à Gisela
On plonge avec plaisir dans ces années 1980 Belge, et j'apprends plein de trucs (à part Plastic Bertrand, d'ailleurs parfois, on est heureux que certains trucs appartiennent vraiment au passé )
Beaucoup de bonne bonne humeur dans ton texte
Beaucoup de bonne bonne humeur dans ton texte
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Lettre à Gisela
Que de joie passée dans cette jeunesse, si bien conté.
J'adore la fin, quand tu écris que tu téléphoneras après 2Oh, car moins cher, celà je m'en rappelle comme si c'était hier
Bravo Amanda et bravo aussi pour cette idée de consigne, c'est excellent.
J'adore la fin, quand tu écris que tu téléphoneras après 2Oh, car moins cher, celà je m'en rappelle comme si c'était hier
Bravo Amanda et bravo aussi pour cette idée de consigne, c'est excellent.
trainmusical- Occupe le terrain
- Humeur : à vous de juger :-)
Re: Lettre à Gisela
Toute la fraîcheur, la gaité et l’enthousiasme de la jeunesse dans cette lettre. Et plein d’éléments (déjà ) délicieusement rétro.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
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