A. Ces autres…..
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trainmusical
AlainX
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A. Ces autres…..
Ces autres…..
*
Ils venaient de la misère
partis du désert vers la rivière
ils aperçurent la rive hier
Ils avaient des pieds comme meurtrières
Et sous leurs chaussures des pierres
les enfants jouaient avec des fils de fer
créant des bonshommes bon enfant
ils les envisageaient riants
peut-être plus tard bon père et bon mari
ils iraient visiter Paris.
Ils rêvaient de devenir enfin libres
de se construire en équilibre
comme ces galets magiques
défier les principes géologiques et philosophiques
Le lit de la rivière était vaste et large.
Il aurait fallu une barge
ils ne savaient pas nager, non
Dans le désert on n’apprend pas la natation
De là où ils étaient ils ne voyaient pas tout.
C'était mieux, car même avec un passe-partout
difficile de franchir les barbelés
que d'autres hommes avaient érigés
Pourquoi rester sur la rive
Ils ont abandonné toute tentative
des promeneurs auraient trouvé le lieu bucolique
et même sans doute un peu mélancolique
La nature est sans doute généreuse
elle laisse croire à une vie heureuse
mais l’homme a perdu ses vertus
les beaux principes sont rabattus
Quand vous verrez cette rivière
quand vous verrez ces fers et ces pierres
pensez à ceux qui venaient de la misère
partis du désert vers la rivière
ils étaient encore là avant-hier
*
*
Ils venaient de la misère
partis du désert vers la rivière
ils aperçurent la rive hier
Ils avaient des pieds comme meurtrières
Et sous leurs chaussures des pierres
les enfants jouaient avec des fils de fer
créant des bonshommes bon enfant
ils les envisageaient riants
peut-être plus tard bon père et bon mari
ils iraient visiter Paris.
Ils rêvaient de devenir enfin libres
de se construire en équilibre
comme ces galets magiques
défier les principes géologiques et philosophiques
Le lit de la rivière était vaste et large.
Il aurait fallu une barge
ils ne savaient pas nager, non
Dans le désert on n’apprend pas la natation
De là où ils étaient ils ne voyaient pas tout.
C'était mieux, car même avec un passe-partout
difficile de franchir les barbelés
que d'autres hommes avaient érigés
Pourquoi rester sur la rive
Ils ont abandonné toute tentative
des promeneurs auraient trouvé le lieu bucolique
et même sans doute un peu mélancolique
La nature est sans doute généreuse
elle laisse croire à une vie heureuse
mais l’homme a perdu ses vertus
les beaux principes sont rabattus
Quand vous verrez cette rivière
quand vous verrez ces fers et ces pierres
pensez à ceux qui venaient de la misère
partis du désert vers la rivière
ils étaient encore là avant-hier
*
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. Ces autres…..
Tu as su trouver avec art les vers pour décrire la triste actualité, BRAVO !
Avec les fils de fer mieux que ce soit les enfants qui créent des bonhommes que d'être utilisé pour créer barbelés.
Ces hommes aimeraient mieux une vie équilibrée "comme ces galets magiques", c'est une très belle image que tu décris.
Avec les fils de fer mieux que ce soit les enfants qui créent des bonhommes que d'être utilisé pour créer barbelés.
Ces hommes aimeraient mieux une vie équilibrée "comme ces galets magiques", c'est une très belle image que tu décris.
C'est un passage intensément dur... et pourtant réel...Alainx a écrit:ils ne savaient pas nager, non
Dans le désert on n’apprend pas la natation
trainmusical- Occupe le terrain
- Humeur : à vous de juger :-)
Re: A. Ces autres…..
Alainx a écrit:Quand vous verrez cette rivière
quand vous verrez ces fers et ces pierres
pensez à ceux qui venaient de la misère
partis du désert vers la rivière
ils étaient encore là avant-hier
Je trouve cette strophe magnifique
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Ces autres…..
Un poème poignant, sur une actualité douloureuse, inspiré par une image toute de calme et de sérénité. Le contraste est d'autant plus saisissant.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Ces autres…..
Je suis très impressionnée par ton poême dévoilant le pire et le meilleur et le beau aussi, l'écart entre l'espoir et la monstrueuse réalité .
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Ces autres…..
Ce que j'aime dans ce poème, c'est le contraste entre le désert, dont ces gens viennent, et où ils n'apprennent pas à nager, et la rivière et plus loin les barbelés qui les ont emprisonnés
Misère avant
Misère après
Pas d'échappatoire...
Destin tragique dont nous connaissons l'actualité, mais que tu évoques en quelques mots forts
Ce sont des mots forts...
(mais pour faire la rime, tu parles de "rive, hier"... ça j'aime bcp moins!)
Misère avant
Misère après
Pas d'échappatoire...
Destin tragique dont nous connaissons l'actualité, mais que tu évoques en quelques mots forts
Ce sont des mots forts...
(mais pour faire la rime, tu parles de "rive, hier"... ça j'aime bcp moins!)
Coumarine- Kaléïd'habitué
- Humeur : concentrée
Re: A. Ces autres…..
Tu parles d'une terrible réalité comme pour nous sortir de la torpeur dans laquelle on se laisse glisser avec plaisir en contemplant cet édifice plein de poésie.
Derrière la poésie, ne pas oublier...
Derrière la poésie, ne pas oublier...
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Ces autres…..
Tout a été dit dans les coms. Tu nous ramènes à la réalité terrible ...qu'il faut regarder.
Bruyère- Kaléïd'habitué
- Humeur : apaisée
Re: A. Ces autres…..
Oui, tout a été dit ou presque...
Mais tout n'a pas été fait, loin de là !
Merci de nous le rappeler, de retaper sur le clou, encore et encore !
Mais tout n'a pas été fait, loin de là !
Merci de nous le rappeler, de retaper sur le clou, encore et encore !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Ces autres…..
Naturellement engagé, ton texte nous secoue, et c'est bien. Nous ne nous rendons pas compte que la misère existe jusqu'à l’aliénation, nous qui nous croyons heureux. Mais pouvons nous l'être vraiment quand tant de malheurs subsistent ?
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Ces autres…..
MERCI À TOUS/TOUTES POUR VOS COMMENTAIRES
@ Escandelia :
Je pense que nous devrions nous réjouir de vivre dans un pays de droit, qui prévaut sur la loi de la jungle, de liberté et de laïcité. Plutôt que sans cesse nous plaindre de tout à tout propos.
Quant au bonheur, il se manifeste surtout dans les engagements qui font sens dans notre vie. À condition sans doute que ce soient des engagements dans le sens de lutter contre la misère et les aliénations.
Alors dans ce sens je dirais presque qu'on a l'obligation d'un certain bonheur du don de soi-même.
@ Escandelia :
Je pense que nous devrions nous réjouir de vivre dans un pays de droit, qui prévaut sur la loi de la jungle, de liberté et de laïcité. Plutôt que sans cesse nous plaindre de tout à tout propos.
Quant au bonheur, il se manifeste surtout dans les engagements qui font sens dans notre vie. À condition sans doute que ce soient des engagements dans le sens de lutter contre la misère et les aliénations.
Alors dans ce sens je dirais presque qu'on a l'obligation d'un certain bonheur du don de soi-même.
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. Ces autres…..
N'aurait- on pas parfois quelques raisons d'en douter un peu ? Ainsi que quelques raisons de nous plaindre ? L'alignement par le bas n'a jamais fait progresser personne.Je pense que nous devrions nous réjouir de vivre dans un pays de droit, qui prévaut sur la loi de la jungle, de liberté et de laïcité. Plutôt que sans cesse nous plaindre de tout à tout propos.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Ces autres…..
Escandélia a écrit:
N'aurait- on pas parfois quelques raisons d'en douter un peu ? Ainsi que quelques raisons de nous plaindre ? L'alignement par le bas n'a jamais fait progresser personne.
Sans doute faut-il distinguer le personnel et le collectif.
À titre personnel, j'ai comme tout le monde des raisons de me plaindre, dont les quatre cinquièmes sont dérisoires, et je préfère faire le choix des raisons d'espérer et de vivre les engagements qui peuvent encore être les miens.
À titre collectif, je ne suis pas un décliniste,
je ne suis pas de ceux qui pensent que nous sommes entrés en décadence depuis la révolution française et que les « lumières » en sont les premiers responsables.
Je ne suis pas de ceux qui pensent façon Zemmour.
Je ne suis pas de ces hommes politiques qui écrivent : « La France n'est plus le pays de l'esprit critique, de la liberté intellectuelle ».
mais je constate, hélas, que ce discours fait florès actuellement.
et même il est très ancien, on retrouve des déclarations du même genre datant de deux siècles pour nous démontrer, il y a deux siècles, que la France était totalement foutue dans les 10 ans qui allaient suivre !
C'est en effet la meilleure manière d'arriver à ses fins : le déclin de la France au profit de la finance internationale qui arrivera bien nous rendre en esclavage.
Il faut croire que nous préférons l'asservissement à la liberté
la dictature à la démocratie
la loi des mafias plutôt que celle de la république,
etc. etc.
la preuve… on est pas loin d'envoyer la fille de Jean-Marie sur le trône dictatorial de la France !
Son slogan : "la France apaisée" est une erreur…
le vrai slogan est : « la France à baiser »…
(fin du couplet politique du jour…)
Et pour finir dans un esprit plus littéraire, qui sied à cet endroit, il faut relire La Fontaine :
Les Grenouilles qui demandent un roi
Les Grenouilles, se lassant
De l'état Démocratique,
Par leurs clameurs firent tant
Que Jupin les soumit au pouvoir Monarchique.
Il leur tomba du Ciel un Roi tout pacifique :
Ce Roi fit toutefois un tel bruit en tombant
Que la gent marécageuse,
Gent fort sotte et fort peureuse,
S'alla cacher sous les eaux,
Dans les joncs, dans les roseaux,
Dans les trous du marécage,
Sans oser de longtemps regarder au visage
Celui qu'elles croyaient être un géant nouveau ;
Or c'était un Soliveau,
De qui la gravité fit peur à la première
Qui de le voir s'aventurant
Osa bien quitter sa tanière.
Elle approcha, mais en tremblant.
Une autre la suivit, une autre en fit autant,
Il en vint une fourmilière ;
Et leur troupe à la fin se rendit familière
Jusqu'à sauter sur l'épaule du Roi.
Le bon Sire le souffre, et se tient toujours coi.
Jupin en a bientôt la cervelle rompue.
Donnez-nous, dit ce peuple, un Roi qui se remue.
Le Monarque des Dieux leur envoie une Grue,
Qui les croque, qui les tue,
Qui les gobe à son plaisir,
Et Grenouilles de se plaindre ;
Et Jupin de leur dire : Eh quoi ! votre désir
A ses lois croit-il nous astreindre ?
Vous avez dû premièrement
Garder votre Gouvernement ;
Mais, ne l'ayant pas fait, il vous devait suffire
Que votre premier roi fût débonnaire et doux :
De celui-ci contentez-vous,
De peur d'en rencontrer un pire.
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. Ces autres…..
Un véritable exercice d'équilibriste de relier la consigne à l'actualité, et en vers en plus. Après relecture de ton texte, je me suis surpris à fredonner du Jean Ferrat (Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers...)
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Ces autres…..
mais l’homme a perdu ses vertus
les beaux principes sont rabattus
C'est tout du moins ce qu'on s'évertue à décliner sur tous les tons
et c'est vrai pour celles et ceux qui ont le pouvoir et/ou qui le servent
Ce n'est cependant pas une généralité : il y a partout celles et ceux qui luttent pour des principes de générosité, solidarité, mais on se garde de les mettre en avant ;
cachez cet espoir que je ne saurais voir ...
Sinon, très beau poème
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Ces autres…..
Pour revenir à ton poème, je suis impressionnée qu'une telle photo "zen" t'ai amené à écrire sur la triste actualité des migrants.
J'aime bien comment ta dernière strophe se réfère à la première. Ton poème se boucle
J'aime bien comment ta dernière strophe se réfère à la première. Ton poème se boucle
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A. Ces autres…..
Sherkane a écrit:Pour revenir à ton poème, je suis impressionnée qu'une telle photo "zen" t'ai amené à écrire sur la triste actualité des migrants.
J'aime bien comment ta dernière strophe se réfère à la première. Ton poème se boucle
Comme d'autres font probablement, j'ai regardé la photo un long moment, l'inspiration ne venait pas…
puis tout à coup ce bonhomme en fil de fer m'a évoqué, être ligoté, entravé, empêché, bref, ce n'était plus « zen »…
et voilà ce que ça a donné…
mystérieuse créativité !
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. Ces autres…..
Je suis impressionée: d'une part, par le lien que tu fais entre cette photo et une réalité difficile à regarder, mais également par les mots que tu as posés, par la musique de ton poème, par les émotions qu'il éveille, par la force du message.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
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